Algérie

Désarroi


Moments de grands désarrois vécus, ces dernières semaines, dans plusieurs pays ayant été traversés par le «Printemps arabe». La situation en Tunisie devient inquiétante après les violents affrontements, dans la nuit de lundi à mardi, entre policiers et salafistes, alors que la Libye baigne depuis plusieurs mois dans la confusion la plus totale. La situation en Egypte n'est guère plus réjouissante, un année après la chute du régime et les jours meilleurs pour le monde arabe annoncés par les soutiens occidentaux du «Printemps arabe». Car en Tunisie, une année et quelques mois après la fin du régime de Ben Ali, le pays n'arrive pas à retrouver un semblant de stabilité, ni enchaîner trente jours sans manifestations violentes, bagarres rangées entre forces de l'ordre et manifestants, ou tout simplement résoudre définitivement le problème des grèves à répétition qui perturbent le secteur économique. Il est clair que la Tunisie est malade, tout comme la Libye où, après l'installation d'un conseil national transitoire, les armes parlent toujours pour régler des différends entre tribus surarmées, alors que l'économie du pays tarde à redémarrer. Bien sûr, les installations pétrochimiques ont été réparées et les expéditions d'hydrocarbures ont repris, même timidement, mais au profit des grands groupes pétroliers italiens, français et anglais. L'instabilité qui s'est emparée de ces pays, qui ont fait leur révolution sous la supervision des puissances occidentales, est devenue tout simplement inquiétante. D'abord parce qu'en Libye, la rivalité confessionnelle ou tribale a été superbement exacerbée après la chute du régime Kadhafi, qui avait fait le vide autour de lui par la répression et l'intimidation. Les accrochages entre tribus dans le sud libyen, loin des installations pétrolières névralgiques, ne sont pas pour autant un sujet d'inquiétude ni de débat pour les experts dans les capitales occidentales, occupées à commenter les sautes d'humeur des cours du pétrole, et conseiller les meilleurs placements après la reprise des livraisons de brut libyen. La situation interne, maintenant que Kadhafi n'existe plus, est devenue un sujet mineur, accessoire. C'est en fait la même chose pour le cas de la Tunisie, un pays qui descend doucement mais inexorablement une pente dangereuse. La Tunisie, cette ‘'petite république'' au Maghreb, tant vantée par les officines de tourisme européennes pour la douceur de son climat, de sa gastronomie et de la gentillesse de ses habitants que l'on montrait comme s'il s'agissait d'animaux inoffensifs, est devenue un pays comme tous les autres où l'insécurité règne, où le désordre politique menace d'emporter un pays jusque-là stable. C'est un peu ce qui s'est passé en Côte d'Ivoire, où il faisait bon vivre à l'ombre d'un prodigieux dynamisme économique. Jusqu'à ce que la machine ‘'démocratique'' occidentale ne mette son doigt dans un terrible engrenage qui a fait qu'aujourd'hui, ce pays soit devenu ‘'invivable'', où l'insécurité règne et où, surtout, l'avenir de tout un peuple est dangereusement compromis.
Sauf pour les exploitants locaux et étrangers de la filière cacao, qui fait tourner les marchés des matières premières. Ce qui se passe dans certains pays du Maghreb, en Egypte, ou en Syrie et au Mali, et même au lointain Yémen, c'est un peu tout cela: une intrusion étrangère inopinée et violente, même avec ses ‘'bonnes intentions démocratisantes'', dans les affaires intérieures de pays qui ont, brusquement, hypothéqué l'avenir de leurs peuples.


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