Des you-yous pour Zoukh et Benaldjia

Enfin, les habitants de la notoire cité Mahieddine viennent d'être en partie relogés. Ce lundi matin, les locataires chanceux de la localité tristement célèbre du plus grand bidonville d'Alger du temps de la colonisation et du début des premières années de l'indépendance ont été enchantés de quitter ce quartier effrayant, au regard de la promiscuité dominante dans des appartements, ayant beaucoup plus l'aspect de cages que de logements dignes de cet appellation.Zoukh le wali d'Alger et le nouveau maire de Sidi M'Hamed Hamid Benaldjia furent accueillis par des salves de you-yous stridents, aux rythmes de la zorna, et des tambourinements d'une troupe folklorique interprétant sur fond de ghaïta des Hauts-plateaux l'heureux événement. Il n'y eu pas que des satisfaits puisque les membres des familles non retenues pour l'expédition de ce premier contingent avaient voulu exprimer leurs désapprobations qui ressemblaient plus à des reproches, sur la manière dont l'administration de la commune, et Zenasni l'ex-P/APC avaient établi la liste des bénéficiaires. Les témoignages ont évoqué des passe-droits, et même selon toute vraisemblance des pots de vin. Les revendications de la population se sont vite apaisées suite à l'annonce faite par le maire Benaldjia, qui sur son insistance, a pu obtenir en sus du premier quota, 80 logements supplémentaires, pour la première tranche des relogeables. Les insatisfaits ont, également toujours selon les témoignages des locataires de la cité, pu exprimer des recours par écrit au niveau du centre culturel Azzedine-Medjoubi tôt dans la matinée, bien avant l'arrivée de M. Zoukh à la cité Mahieddine, où étaient stationné les véhicules de déménagements, du service d'ordre et de la Protection civile. Musique traditionnelle et danse ont égayé l'arrivée des officiels et la fin des explications attendues par la population. Les premiers départs ont pu être organisés vers les sites attribués. Selon les informations recueillies sur place, les relogés de la cité Mahieddine bénéficieront d'appartements neufs avec toutes les commodités à Aïn Benian, Douéra et Ouled Fayet. Cet événement, parce que, c'en est un, vient réparer une injustice envers cette communauté d'algérois qui attend depuis plus de cinquante ans l'occasion de sortir de la promiscuité qu'offre cette cité-dortoir. Le calvaire de ce collectif des mal-logés n'a que trop duré. Depuis 1958, date à laquelle furent délogés de force par l'armée française les habitants des baraques de bois, pour être recasés dans des «appartements» exigus en dur ne dépassant pas 40 mètres carrés, rien n'a été fait pour eux. Avec la crise du logement s'aggravant, l'exode rural et la démographie, les résidents de la cité sur les quatre dernières décennies se sont vus piégés dans un espace propice à toutes les dégradations sociales. Benaldjia compte bien selon son programme électoral éradiquer ce ghetto avec la collaboration du wali.