Des walis en liste d'attente Arret sur image

Comme au bon vieux temps de «la construction socialiste» censée mettre au pouvoir l'égalité, la juste répartition des richesses (les seules) du sous-sol et la culture pour tous, les gouvernements successifs depuis la chute du mur de Berlin ont fait de la restauration-conservation de l'héritage socialiste. Ce dernier avait comme fondement principiel l'équilibre régional et l'équité territoriale. Au plan des manifestations culturelles (à ne pas confondre avec des productions en quantité et en qualité) aujourd'hui comme hier, on s'efforce de mettre en place des événements pour satisfaire le sentiment régionaliste encore vivace dans le pays. Pour éviter un vrai débat sur l'inévitable régionalisation, on «fait plaisir» par l'équilibre régional dans le choix des emplacements pour tel ou tel festival, et éviter le monopole de la seule capitale. On décentralise de manière artificielle, plus politicienne que selon les profils des villes (infrastructures, attractivité, capacités touristiques) et les thématiques arrêtées, plus ou moins «pompées» sur les pays qui ont inventé les festivals, les technologies et surtout les productions nationales qui vont avec. Pour que les «habitants» de telle ou telle ville ne soient pas «marginalisés» et en même temps rechercher cet inaccessible et vide de sens «équilibre régional» en matière d'exposition de productions étrangères, on tombe avec délectation dans le provincialisme au sens politicien. Peut-on imaginer que pour le plus grand festival de cinéma au monde, la société civile, les autorités locales se révoltent et mettent en cause que la direction, les bureaux et le QG de toutes les sections du festival soient installés à vie dans Paris ' Peut-on aussi imaginer que Paris revendique dans ses murs le déroulement d'un hyper-grand festival de théâtre comme celui d'Avignon ' Revient-il à la société civile de Venise de diriger le festival pour que les habitants ne se sentent pas marginalisés ' En fait, les critères qui entérinent l'histoire d'abord, qui valident le choix d'une ville, sont loin de tous les ministres de la Culture depuis 1962. Pour l'équité régionale, on sème aux quatre vents du territoire les festivals du rire, de l'andalou, du chaâbi, du documentaire, court et long métrages réunis, de théâtre, de théâtre amateur, de la bande dessinée, de la valse des souris roses sur la base de reflexes «d'équité». Et lorsqu'une manifestation dite culturelle est inaugurée (comme sous le parti unique) par «les autorités», le wali en tête, il s'agit de la sainte alliance entre plusieurs administrations. Et si Cannes, Berlin, Venise, les Oscars, les César, les Awards, Locarno, Clermont-Ferrand s'ouvraient par l'équivalent du wali algérien ' Impossible à imaginer par le cervelet le plus «tutelle» et «tuteur» des pays où ces immenses rencontres culturelles se passent. Cependant, vu la faiblesse au niveau de la production, le mélange des compétences (un C.N.C.A sorti des limbes qui organise un festival) la marginalisation, la vraie, acceptée par tous qui touche les associations démocratiques au profit de fonctionnaires désignés par le centre pour faire de l'équité provinciale pour un régionalisme régressif qui peut aboutir un jour à 48 festivals par année pour tous les arts majeurs, avec l'argent de Sonatrach au servie de «l'équilibre régional». Quant à la rencontre féconde entre des productions industrielles et des imaginaires artistiques qui seront dominants sinon importants dans chaque festival, c'est au bon vouloir des futurs gouvernements. Pour le moment, on fait plaisir pour ne pas «marginaliser». D'autres wilayas sont en liste d'attente. Des walis aussi.