Des "vitrines du monde rural" pour valoriser le terroir algérien

Une vitrine et des grandes ambitions pour le monde rural (Ph Ch. Guibbaud)Un travail de collaboration avec le ministère de l'Agriculture, avec les chercheurs de l'INRA, avec des universitaires a permis de construire le projet des mutuelles agricoles. Il s'inscrit dans la politique du renouveau agricole et rural national lancé par le ministère dès 2010 afin de valoriser l'ensemble du potentiel agricole du pays. La CNMA favorise la création de ces coopératives, elle agit en tant que partenaire, "le but est de regrouper des agriculteurs pour redynamiser le milieu rural défavorisé par rapport au milieu urbain" déclare Mme Belhadjouidja, une responsable du projet. "Nous avons beaucoup de savoir-faire locaux, il n'y a pas de raison de ne pas les développer mais ce qui manque c'est l'organisation sur le terrain" ajoute-t-elle. C'est là qu'intervient la CNMA qui crée les structures d'accueil et les coopératives, aide les agriculteurs, les entoure dans leurs démarches administratives, les assiste, apporte le financement, obtient les terrains. La mutuelle une fois créée est totalement indépendante.
Actuellement, deux projets de mutuelles ont été réalisées : la mutuelle de dattes à Touggourt et la mutuelle de lait à Khenchela autour du label "maison de l'agriculteur". Ces maisons sont des "structures fédératives de type mutuelles de services". Elles regroupent l'activité-mère agricole, un bureau local de la CNMA, une petite vitrine de produits locaux ainsi que des lieux accessibles aux femmes des agriculteurs afin de développer l'artisanat. D'autres sites sont prévus comme celui de la mutuelle de figues de Barbarie à Souk Ahras ou encore la réhabilitation d'anciennes coopératives laissées à l'abandon en accord avec le ministère de l'agriculture.
Vers un réseau de boutiques urbaines
La première "vitrine du monde rural" inaugurée rue Didouche Mourad, en plein c'ur d'Alger il y a six mois offre aux agriculteurs mais aussi à tous les producteurs agricoles une nouvelle voie de commercialisation. Elle n'est aujourd'hui qu'au début de son développement car il faut attendre que les réseaux des coopératives se développent en amont. Les produits sont exposés en fonction des cycles de productions et leur traçabilité est connue pour permettre aux clients intéressés de pouvoir passer commande auprès des agriculteurs.
"A ce stade, la vente n'est pas encore effective mais c'est en projet tout comme la labellisation des produits des différentes coopératives une fois développées. Et plus tard, si la production est suffisante, l'exportation est envisagée », indique Mme Belhadjouidja. Pour le moment, "nous avons pour projet d'implanter des vitrines dans l'ensemble du pays, environ une trentaine d'espaces similaires, en commençant pas Oran, Tizi-Ouzou, et Constantine" afin d'assurer une représentativité au niveau régional. A Alger, "la boutique a beaucoup attiré les curieux", témoigne Mme Belhadjouidja.
Développer une filière bio
Si le premier objectif des boutiques « Vitrine du monde rural » est de faire connaître la variété des produits des différentes régions de l'Algérie, le projet s'inscrit aussi dans la volonté de développer une nouvelle filière agro-alimentaire BIO. En donnant la priorité aux produits du terroir comme outil de développement durable, la CNMA souhaite consacrer la promotion d'un renouveau rural. Au-delà des produits, ce qui est souhaité est la mise en place d'une gestion durable des ressources naturelles et des écosystèmes. Une synergie entre l'Agriculture, l'artisanat et le Tourisme et la promotion d'une alimentation de « proximité entre les agriculteurs et les demandeurs, surtout citadins qui n'ont pas accès à ce type de produits BIO » qui souhaite être mis en place, explique Mme Belhadjouidja.
Pour la CNMA, ce projet s'inscrit dans une diversification des services offerts à leurs adhérents. "On réalise un partenariat gagnant/gagnant avec l'agriculteur qui voit en son adhésion un moyen d'être aidé afin de devenir plus rentable. Cela nous permet de fidéliser une clientèle en adoptant une nouvelle approche commerciale qui sort du domaine traditionnel des assurances car nous avions constaté une baisse des adhésions. En créant des services qui lui sont utiles et rentables, on récupère la confiance de l'agriculteur et on dénombre moins de sinistres" affirme la responsable.