Des violences sociales éclatent

Le mouvement populaire est nuancé entre pacifisme et scepticisme. Plusieurs comportements inadéquats avec la devise de la mobilisation populaire commencent à envahir l'esprit de certains groupes, qui se sont jusque-là retenus de recourir à la violence.La révolte gagne le mouvement, notamment, depuis l'acharnement judiciaire contre les hommes d'affaires, impliqués dans des affaires de corruption présumée. Le climat se tende et les entrepreneurs algériens semblent être tétanisés par la déferlante justice qui depuis plusieurs semaines enchainent les arrestations. Ils sont devenus une cible expiatoire de la justice qui tente de rétablir le cours de la vérité et imposer une transition judiciaire improvisée. La succession des événements de manière aléatoire et discontinue depuis un moment, a désorienté l'opinion publique, influençable et consommatrice sans modération de tout ce qui se dit et s'écrit. Volontairement ou pas, la justice à diaboliser les hommes d'affaires aux yeux des protestataires, pour la plupart frustrés et languissant de la situation actuelle du pays. Par crainte d'aller vers l'impasse, certains jeunes ne résistent plus et passent à l'offensive. Des signes d'affaiblissement et de scission commencent à gagner le mouvement populaire qui fléchi et cède à la colère et à la provocation. Ces derniers trois jours, plusieurs incidents ont été enregistrés au niveau de quelques wilayas du pays. Les effet pervers de la crise politique surgissent et s'emparent de certains esprits susceptibles et violents de nature. Un caractère connu de la plupart des jeunes algériens, revêches et agressifs. Une attitude innée intériorisée depuis le début de la révolution des roses, mais cela a trop duré dans le temps pour certains, qui jubilent à l'idée de rendre justice par soi. En absence de solutions effectives, la nature reprend son cours. Preuve à l'appui, dans la journée de dimanche, des citoyens de la région de Tébessa se sont attaqués à l'usine d'eau minérale Youkous, (sise dans la commune de Hammamet) pour revendiquer l'amélioration de leur approvisionnement en eau potable. Le mouvement de protestation a fini par exploser et mettre le feu à l'usine. Des coups de feu ont été tirés par le propriétaire de l'usine, causant 13 blessés dans les rangs des citoyens, selon les informations rendues publiques par les services de la sécurité de la wilaya. Durant ce pic de tension entre manifestants et la direction de l'usine, un incendie s'est déclenché et a ravagé l'entreprise. Une scène des plus probables s'est déroulée à Tébessa, menaçant ainsi la stabilité du mouvement populaire. Un incident similaire a été enregistré dans la wilaya d'Ain Defla, hier matin, un groupe de protestataires en colère a mis le feu à un restaurant et à un café sis au chef-lieu de la région, appartenant à un privé. D'autre part, des personnes bloque les portes de l'hôpital à Oran, privant ainsi le simple citoyen des soins. Un comportement irréfléchi, en se victimisant les contestataires deviennent égoïstes et nuisent à autrui. Les revendications de plus en plus se personnalisent, les protestataires n'attendent plus le vendredi pour sortir. Le sentiment d'hésitation et de confusion a été créé par la solution constitutionnelle proposée par le général de corps d'armée, chef d'Etat-major de l'ANP et vice-ministre de la défense, Gaid Salah, qui a appelé à la sagesse populaire et à recourir à la Constitution pour sortir de la crise. Depuis les avis sur une éventuelle sortie de crise imminente à travers l'organisation des élections présidentielles, les algériens semblent être divisés entre adhérents et opposants. Ce qui explique l'opacité de certains mouvements sociaux qui peinent à organiser un mouvement de grève régulier. Plusieurs tentatives de grèves n'ont pas abouties, à l'instar de celle des télécoms initiée la semaine dernière par les syndicalistes de l'entreprise, annulée à la dernière minute. L'anarchie en héritage. Le peuple cherche encore sa voie, en attendant, le mouvement pourrait déchoir sans donner le résultat tant escompté.