Le ministère de la Solidarité nationale se désengage de l'achat d'appareils pour ces enfants à cause de leur prix. Un implant cochléaire coûte 200 millions de centimes.
Une vingtaine d'enfants malentendants et souffrant d'une surdité profonde de la ville de Reggane, âgé de 8 à 12 ans, qui seraient des sujets atteints par l'irradiation des essais nucléaires français, qui avaient eu lieu dans la région dans les années 1960, sont toujours en attente d'être pris en charge par le ministère de la Solidarité nationale. Ils ont bénéficié il y a une année, en juin 2011, de tous les examens médicaux nécessaires et des indications ont été données selon le cas de chaque enfant. Il s'agit donc d'opérer certains d'entre eux pour bénéficier d'implant cochléaire et les autres nécessitent seulement des prothèses auditives (une dizaine). Ces derniers ont pu être appareillés par l'association El Amel d'aide aux malades cancéreux, initiatrice du projet en collaboration avec la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (CNCPPDH) qui ont accueilli ces enfants. Mme Kettab Hamida, présidente de l'association El Amel, signale qu'il a fallu plusieurs semaines au groupe de travail, composé de médecins et de psychologues qui se sont déplacés, et aux instances locales, pour faire un recensement des cas de personnes adultes et d'enfants touchés par ces irradiations.
«Lors de nos différentes visites à Reggane, nous avons appris que la population d'un ksar entier est handicapée. De nombreux enfants et femmes souffrent de différentes maladies», nous a-t-elle confié. Une fois à Alger, la prise en charge médicale de ces enfants a été assurée au niveau du service ORL de l'hôpital Mustapha Pacha sous le contrôle du chef de service, le professeur Djenaoui. Une initiative inscrite dans le cadre du protocole d'accord ratifié par les professeurs et chefs de service du centre Pierre et Marie Curie (CPMC), l'hôpital Mustapha Pacha et les trois hôpitaux de la wilaya d'Adrar, le 13 février 2011 dans cette même ville, sur l'assistance des malades irradiés de la région de Reggane, et ce, à l'occasion de la célébration du 51e anniversaire des essais nucléaires français dans la région. Pour ceux nécessitant des implants cochléaires, le ministère de la Solidarité a été sollicité après s'être engagé pour l'achat des appareils.
Selon la présidente de l'association El Amel, Mme Kettab, qui en a fait la demande, le ministère de la Solidarité a estimé que ces appareillages coûtent très cher. «Il n'est donc pas possible de les acquérir surtout qu'un suivi spécifique est préconisé par la suite, alors que la région ne dispose pas d'un centre spécialisé», a-t-on expliqué à l'association qui regrette que tout un ministère ne peut pas prendre en charge une dizaine d'enfants. Pour le professeur Dejanoui, qui a posé le diagnostic et effectué les examens nécessaires, la prise en charge de ces enfants risque de ne pas être possible s'ils ne sont pas pris à temps. «Le risque de ne pas avoir de bons résultats est important. Il faut que ces enfants soient opérés et suivis par la suite», a-t-il indiqué avant de préciser que «la population de la région est d'une très forte proportion de handicapés auditifs.
Des solutions existent aujourd'hui, ces enfants ont le droit d'être traités», a-t-il ajouté en signalant que des générations futures risquent de connaître les mêmes problèmes. Le professeur Djennoui nous explique que les cellules germinales (ovaires, spermes') sont plus réceptives aux radiations. «Elles gardent une instabilité pendant des générations et elles sont sujettes à des mutations. C'est ce qui fait que des enfants risquent de naître avec des malformations diverses. Des recherches ont montré que des souris irradiées, leurs cellules ont muté à la première et à la deuxième générations. Il est donc clair que le problème peut perdurer des générations et des générations», a-t-il précisé avant de rappeler qu'il n'y a pas de traitement efficace contre les mutations génétiques.
La prévention est donc, selon lui, la solution idéale pour limiter les malformations congénitales. Il recommande alors la surveillance des grossesses en effectuant des tests tels l'amiosynthèse chez cette population. Comme il faut également, a-t-il ajouté, procéder au diagnostic précoce des déficits sensoriels. Cinquante ans après ces essais, la localité continue d'enregistrer des taux de prévalence importants de cancéreux, d'hypertendus et autres malformations, mais la région ne bénéficie pas encore d'un plan spécial pour faire face à ces contaminations.
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Posté Le : 16/08/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Djamila Kourta
Source : www.elwatan.com