Algérie

Des urgences en escadrille



La nomination de l'ancien ministre des Finances Aïmen Benabderrahmane au poste de Premier ministre, en remplacement d'Abdelaziz Djerad, à la suite des élections législatives anticipées du 12 juin, clôt une période de flottement et consacre la formation d'un nouveau gouvernement devant mettre en oeuvre le programme présidentiel en 54 points. D'ores et déjà, Aïmen Benabderrahmane est à pied d'oeuvre pour former son gouvernement dont les urgences et les priorités sont claires et précises: remettre l'économie et le corps social sur pied, affectés par une pandémie qui a laissé le pays affaibli, clivé et divisé.Il s'agirait, en outre, de rétablir la séparation des pouvoirs et la confiance dans le système judiciaire, le crédit politique de la classe dirigeante, entachée par les nombreux scandales de corruption, de se poser en gouvernement de rassemblement, ou encore de réhabiliter un système de santé ébranlé par la crise sanitaire.
De ce point de vue, l'ampleur de la tâche semble suffisamment grande pour pouvoir mettre de côté, au moins pour un temps, les questions qui fâchent. Que va faire le nouveau gouvernement, de l'héritage laissé par ses prédécesseurs dont les récoltes sont plutôt maigres et des situations inextricables, qui ont conduit à la crise politico- économique' Ne rien renier des réformes engagées tout en tirant les leçons de la crise multidimensionnelle, le gouvernement de Aïmen Benabderrahmane va devoir faire preuve d'efficacité dans un temps restreint. Sanitaires, économiques, sociales, politiques, géostratégiques... les attentes sont énormes. Les défis aussi! Mais les grandes premières et les effets d'annonce ne suffiront pas à garantir le changement si d'autres éléments ne seront pas au rendez-vous. Avant même d'être intronisé, le programme du nouvel Exécutif est déjà entamé depuis plusieurs semaines. En effet, plusieurs chantiers ont été lancés par le précédent gouvernement.
Outre la préparation des élections locales et la remise en marche des institutions, en mode «mute», le nouveau gouvernement devra relancer, en premier lieu, l'économie, dont la plupart des indicateurs sont au rouge, en investissant dans des secteurs d'avenir, et l'emploi. Une priorité du reste du quinquennat après la crise de la Covid-19. Le gouvernement doit donc présenter des mesures pour éviter une catastrophe. Le Plan de relance devrait être adopté par le nouveau Parlement. Un Plan de relance assujetti à une conjoncture soumise à des fluctuations des cours du pétrole. De ce fait, la tâche sera ardue et compliquée pour le nouveau Premier ministre, dès lors que l'état des lieux est loin d'être reluisant. Aïmen Benabderrahmane, qui sait qu'il ne bénéficiera d'aucun état de grâce, devra se démener sur plusieurs fronts, car remplacer les ministres défaillants par d'autres est loin de représenter la solution définitive si la rigueur est inscrite aux abonnés absents, d'autant que le problème des importations, de l'industrie automobile, du commerce extérieur, de la production nationale, de la relance de l'investissement, et notamment des subventions ciblées, pour ne citer que ceux- là, représentent les vraies failles qui caractérisent l'économie nationale et la privent d'un essor qui était celui de tous les espoirs.
Dans ce registre, le nouveau Premier ministre est bien placé pour trouver une solution durable au problème de l'informel, dont toutes les tentatives de bancarisation vouées à l'échec dès le départ, n'ont pu éradiquer. À cela s'ajoute un taux de chômage et d'inflation grandissants, l'ombre d'une stratégie jusque-là cruellement dépendante des revenus des hydrocarbures. À cet égard, des réformes profondes du système bancaire, fiscal, monétaire et administratif sont plus que d'actualité, car le poids de la bureaucratie, berceau naturel de la corruption et du clientélisme, reste le grand obstacle pour passer d'une économie de rente à une économie réelle, diversifiée.


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