Algérie

Des troupes dénoncent leur exclusion



Douze associations culturelles ont participé à cette 1re édition des Journées de théâtre pour enfants (25 au 30 mars).Un festival qui sera institué annuellement à Maghnia selon le wali de Tlemcen, qui a promis d'«apporter son soutien moral et matériel à cette rencontre au vu de la tradition du 4e art dans cette ville frontalière».
Organisée par le ministère de la Culture et l'association Luminosité culturelle et touristique de la ville de Maghnia, cette rencontre a, dès le départ, suscité la colère des troupes de cette ville, s'estimant avoir été exclues, à l'image d'Ibn Chaâb, reconnue pour sa participation à plusieurs festivals nationaux et régionaux.
«Quel mérite ou honneur peut-on tirer de ces journées lorsque l'on sait que les jeunes de Maghnia n'ont pas été associés à cet événement si on peut l'appeler ainsi ' En fait, c'est une rencontre culturelle qui se déroule chez nous mais sans nous !», témoignent, dépités, de jeunes présidents d'association culturelle. «Tout a été importé d'ailleurs, même le gardien de la salle», renchérissent, avec ironie, nos interlocuteurs. Pendant toutes ces journées, le public a fait défaut.
Cela est-il dû à l'éloignement de la salle de spectacles du centre culturel, situé à la sortie de la ville, ou au peu d'intérêt qu'accorde la population à ce type de théâtre ' Toujours est-il que les journées théâtrales des wilayas du Sud qu'avait organisées Maghnia par le passé avaient drainé le grand public au même endroit.
Annoncée en grande pompe par les organisateurs, cette rencontre aurait pu être fructueuse et bénéfique aux artistes si des ateliers de formation et des conférences, animées par des dramaturges et universitaires, étaient programmés, comme cela se fait dans ce genre d'événement.
Autre absurdité, douloureusement notée par les hommes du théâtre locaux, des hommages ont été rendus à des vivants, comme Bahia Rachedi et Antar Haroun, alors que des comédiens de talent qui ont fait le bonheur des planches algériennes, comme Mohamed Guenad, Mohamed Médiene et Ahmed Kaljoul, décédés, ont été «enterrés». «C'est normal, ceux qui se sont imposés comme organisateurs, n'ont rien à voir avec le 4e art», indiquent des comédiens locaux.
Invité, le metteur en scène, Abdelouahab Elaïdi, résidant à Grenoble (France) depuis plus de 30 ans et enfant de la ville, se veut optimiste: «Maghnia a été toujours une ville de théâtre et de musique. Il faudrait préserver cet héritage et consolider davantage cet art en accordant la primauté à la formation. Ma présence ici va dans ce sens.»
Que retiendra-t-on de ces journées de théâtre pour enfants si ce n'est de la frustration et de la colère de jeunes artistes (comédiens et metteurs en scène de la ville) qui n'auraient aimé que monter sur les tréteaux pour exprimer leur talent et faire plaisir... à leurs enfants.


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