Algérie

Des traits et des idées...



Placée sous le slogan «Dessinez vos desseins», cette manifestation, qui se tient au Musée public national d'art moderne et contemporain d'Alger jusqu'au 5 mars 2018, entend, grâce aux efforts de tous, grandir tout doucement, mais sûrement.Belle découverte cette semaine au niveau du Musée public national d'art moderne et contemporain d'Alger qui a accueilli depuis le 27 janvier dernier, le premier Salon du dessin d'Alger, dont le concert est appelé à grandir et évoluer comme nous le fera remarquer Madame Nadira Laggoune qui, elle, a préféré parler d'«ébauche, une préambule de projet qui va aboutir peut-être à quelque chose de plus important». Fière de l'organisation de cet évènement qui n'a pas été facile à monter eu égard à l'austérité économique qui prévaut dans le pays, elle se félicitera néanmoins de sa réussite, un salon, premier du genre en Algérie, qui n'a pu être mis sur pied que grâce à l'aide, nous a-t-elle confié «de tous les amoureux de l'art qui nous ont aidés, grâce à des bénévoles qui ont travaillé sur cette expo. Parce qu'on a fait cette expo, grâce à des sponsors et surtout l'Onda. Il a aidé à la réalisation de la plus grosse partie de ce projet ainsi que Société Générale, mais aussi grâce aux travailleurs, aux bénévoles qui ont travaillé dans la scénographie ou la photo, des anciens étudiants à moi etc. C'est avec la conjugaison de ces gens qui aiment l'art et veulent que ça avance que l'on grandira, se renforcera jusqu'à arriver à un haut niveau grâce aux artistes» et d'insister à nouveau son enthousiasme à la limite de l'excitation de voir tout ce beau monde le jour du vernissage: «On fait tout pour faire la promotion d'un art pensé! On essaye d'être dans des normes qui seraient internationales, dans de vrais lieux d'art contemporain où tout est pensé depuis le concept jusqu'à la réalisation en passant par la scénographie, le choix des artistes, la mise en place et la qualité des oeuvres. Et c'est ça qui va nous permettre de nous hisser sur la scène internationale de l'art.»
A propos du slogan sur lequel les artistes ont dû travailler, à savoir «Dessinez vos desseins», Nadira Laggoune estimera que le jeu de mots était voulu car, dit-elle «le dessin, à l'origine était le mot design en même temps le mot dessein, le but et l'intention y étaient confondus. Parce que le dessin était considéré comme l'intention de quelque chose. Parce que l'artiste commence à jeter des croquis, parfois des gribouillis aléatoires pendant qu'il cherche à trouver forme à son idée. C'est toujours un dessein. Donc j'ai proposé aux artistes de dessiner leur dessein. Ça peut être quelque chose qui est en préparation. Des croquis d'un projet architectural ou autre. ça peut être une ébauche de quelque chose, un trait qui lance comme ça sans savoir très bien où il va et derrière ces dessins, ces artistes nous montrent leur façon de représenter le monde par des choses qui sont esquissées, ce qui est intéressant, très souvent maintenant on expose les esquisses d'un grand peintre connu dont on ne sait pas le début et on est fasciné par le coup de crayon et d'images qui ne sont pas terminés», ajoute Madame Laggoune.
Notons que c'est une ribambelle d'artistes qui a pris part à ce salon suite à la proposition de la directrice du Mama et commissaire de cette expo.
Des artistes dont le talent et le parcours bien riche ne sont plus à prouver. Des touche-à-tout, entre dessinateurs, architectes, designers etc. On citera Hicham Belhamiti, Abdelkader Belkhorissat, Djameleddine Bencheninne, Adel Bentounsi, Atef Berredjem, Hamza Bounoua, Ammar Briki, Mehdi Djelil, Mostafa Goudjil, Fethi Hadj Kacem, Sofia Hihat, Mounia Lazali, Akila Mouhoubi, Driss Ouadahi, Yazid Oulab, Slimane Ould Mohand, Sadek Rahim, Thilleli Rahmoun, Abdelmalek Yahia, Hellal Zoubir, Sofiane Zouggar. Certains, comme Mounia Lazali, ont carrément dessiné sur un gros morceau de plâtre leur passion pour l'Afrique et leur intérêt pour les migrants subsahariens, Zoubir Hellal a choisi, d'autres ont opté pour l'adhésif vinylique mural comme Thiellei Rahmoun, du papier calque comme ce fut le cas pour Sadek Rahim qui a choisi de montrer ses premiers travaux dessinés en vue d'une expo aux USA tandis que Hamza Bounoua a carrément dessiné sur de l'aluminium. Autant de supports ou médiums comme de matières ou de regards sur le monde. Craie, crayon, encre, acrylique et fusain, mais aussi mine de plomb, feutres ou pigment graphite, chacun au moyen de sa prédilection a choisi de coucher sur du papier ses idées, ou esquisses d'un projet.
Entre dessin et peinture entremêlés, certains à l'instar de Mehdi Bardi Djalil par exemple ont choisi cette option pour nous faire part de leur vision édulcorée d'une «bataille», signe d'un désordre qui sévit en nous entre force et faiblesse qui alimente ce monde. Du trait minimaliste, fin, acéré ou gracieux aux cercles à l'infini ou plus encore des formes picturales aérées et volatiles, tous ces dessins qui ornent les cimaises du Mama sont pour la plupart étonnamment beaux et surprenants. Du noir au blanc aux couleurs chatoyantes, voire luisantes et dorées, les traits comme symbole de travail rigoureux ou d'apparence fantaisiste et naïve, retiennent l'attention. Il y a là dans ces dessins quelque chose de quasi mystique tant la tentative de faire poindre la naissance d'une idée est cruciale et s'apparente à une naissance divine de l'esprit. Si d'aucuns réfutent la notion d'oeuvre d'art, tant le dessin se veut un acte éphémère, tout de même l'acte de création est à saluer vivement.
Saluons enfin sans oublier, le travail remarquable qui a été fait autour de cette expo, telle la scénographie et la publication du catalogue qui gardera assurément des traces de ces «desseins» pour les années futures....


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