Les yeux gris de A. Malika pétillent d'une bonne humeur grivoise lorsque B. Abdelkader, résigné à son sort, déclare sans ambages à la barre : « Je suis prêt à l'épouser, monsieur le juge. » La frimousse de l'adolescente, qui n'a rien d'angélique, s'illumine l'espace de quelques secondes quand ses lèvres charnues se plissèrent en guise de sourire.
OranDe notre bureauVraisemblablement, pour la circonstance, elle a drapé sa silhouette gracile dans une longue liquette bleu ciel, qui lui tombait sur un pantalon clair. Sa tête, gauchement emmitouflée dans un foulard, laissait apparaître des mèches de cheveux d'un blond cendré, apparemment teintés. Agée d'à peine 16 ans, A. Malika, fruit d'une relation illégitime, semblait jouir d'un vernis de solidité à toute épreuve. Escortée par sa mère adoptive, l'adolescente ne semblait nullement impressionnée par l'austérité du prétoire, et ce, contrairement à l'accusé, B. Abdelkader, de 10 ans son aîné, qui, mal à l'aise, ne cessait de se tortiller dans son survêtement sous l''il désapprobateur de son géniteur. « Je demande une réparation à travers une union en conformité avec la loi en vigueur ! », clama-t-elle d'une voix rauque, interloquant le plus imperturbable des présents à l'audience de la cour d'appel d'Oran.Sa mère adoptive enchaîne sans y être invitée : « Il doit également honorer fidèlement ses engagements relatifs aux offrandes de mariage ! » « Je vous en prie madame, vous ne parlerez que lorsque je vous y inviterai. Le tribunal a pris en considération cet état de fait », fait remarquer le président quelque peu décontenancé. « Mais elle n'était pas vierge monsieur le président ! », s'exclame l'accusé avec une inflexion de nervosité dans le ton, en sentant peser sur lui le regard furieux de son père.A un moment donné, les tourtereaux se jaugent en chiens de faïence et chacun a conclu, après avoir cogité la question, que l'un ne pouvait se passer de l'autre, pour le moment évidement. En affichant un air canaille, Abdelkader semble avoir compris le principe du jeu si c'est face je gagne, si c'est pile tu perds, imposé par Malika et il s'abstint de lui tenir la dragée haute. « J'accepte toutes les conditions monsieur le juge », murmure-t-il en baissant la tête. Selon l'acte d'accusation, le 20 décembre de l'année écoulée, en début d'après-midi, B. Abdelkader et A. Malika, ont été surpris, par une patrouille de gendarmerie, en plein ébats amoureux à l'orée d'une zone boisée ceinturant partiellement le village côtier de Aïn Franine, sur le littoral est de la wilaya d'Oran.A l'instar de son flirt, l'adolescente était en tenue d'Eve. Il est utile de rappeler que le prévenu a été condamné en première instance par le tribunal correctionnel de la cité Djamel à une peine de 3 ans de prison ferme, assortie d'une amende de 10 000 DA, pour détournement et attentat à la pudeur sur une mineure. Son avocat a interjeté appel et l'affaire a été rejugée le 11 mars dernier. L'adolescente a eu finalement gain de cause. Le président a exigé la présentation des documents de l'état civil inhérents. L'accusé a bénéficié de l'extinction des poursuites de l'action civile.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 01/04/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Rachid Boutlélis
Source : www.elwatan.com