Algérie

Des « tombeurs » étrangement modérés



Les « tombeurs» d'Ouyahia et de Belkhadem ont été manifestement empêchés de fructifier leurs «victoires». En toute logique, ils auraient pu couronner celles-ci en imposant des successeurs à leur convenance aux deux chefs de parti dégommés. Tant au RND qu'au FLN, les «vainqueurs» se sont gardés de sauter ce pas en prétextant la nécessité de «préserver l'unité» de leur parti et de respecter la procédure «démocratique» à laquelle doit obéir le remplacement du secrétaire général déchu. En fait, il ne fait aucun doute que leur apparente modération dans le «triomphe» a pour cause qu'il leur a été signifié une ligne rouge à ne pas transgresser, celle établissant que le choix des successeurs des deux ex-chefs de parti est affaire qui ne se décide pas au sein des instances dirigeantes du RND et du FLN.
Officiellement, les instances dirigeantes de ces deux formations ont convenu chacune de se donner le temps du dialogue et de la concertation en interne en vue d'aboutir à un consensus sur la personnalité à qui confier les rênes de la direction du parti. Dans la réalité, elles sont en attente du signe qui leur indiquera qui elles doivent adouber. Abdelkader Bensalah au RND et Abderrezak Bouhara au FLN sont les deux personnalités données pour occuper les postes laissés vacants par Ouyahia et Belkhadem. Les deux bénéficient incontestablement d'un préjugé favorable parmi l'encadrement et la base de leurs partis respectifs et ne prêtent le flanc à aucune critique pouvant leur attirer le veto des cercles où se décide la désignation aux postes concernés. Il n'est pourtant pas certain que ce soit eux qui finalement vont présider aux destinées de leurs formations.
Bensalah est semble-t-il destiné à jouer un rôle autrement plus crucial dans le processus de succession inévitable à Bouteflika. Il est en effet celui qui selon certaines sources a été choisi pour occuper la fonction de vice-président qui va être créée à l'occasion de la révision de la Constitution. Un poste dont le titulaire pressenti ne doit pas être handicapé de la marque d'être le premier responsable d'une formation partisane. Si ce destin que d'aucuns attribuent à Bensalah est vraiment déjà tracé, l'intéressé déclinera sans aucun doute les sollicitations dont il est l'objet au sein du RND, le poussant à accepter de succéder à Ouyahia au secrétariat général du parti, et à un moment où à un autre abandonnera la présidence du Sénat pour être totalement disponible à jouer le rôle qui lui aurait été imparti. Quant à Abderrezak Bouhara, c'est plutôt son caractère rétif à accepter que le FLN serve d'alibi et de masse de man'uvre pour les clans cherchant à conquérir ou à garder le pouvoir sans se préoccuper de répondre aux changements politiques que revendiquent les Algériens, qui fera qu'un autre lui sera préféré.
Ouyahia et Belkhadem sont «out» mais le RND et le FLN qu'ils ont dirigés continueront de fonctionner et de se positionner sur l'injonction venant de haut. Inféodés au pouvoir, leur seule mission consiste à servir d'exécutants à son agenda politique sans états d'âme et surtout sans poser problème. Les «redresseurs» qui se sont agités sur ordre contre Ouyahia et Belkhadem n'ont nullement eu l'intention de sortir leur parti de la «maison de l'obéissance». Ils ont juste exécuté le morceau qu'ils devaient jouer dans une partition qui s'est écrite loin des instances dirigeantes de leurs formations.


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