La constitutiondes listes électorales pour les législatives du 17 mai prochain a fait bien desmécontents au sein du FLN. Mais elle ne lèvera pas le voile sur le refus deBelkhadem d'être une de leurs têtes. Cette abstention, tout autant que cellesdes chefs de file du RND et du MSP, incite à de grandes interrogations.Interrogémercredi dernier sur son abstention de se présenter aux prochaines électionslégislatives, surprenant tout le monde, le secrétaire général du FLN a déclaré:«Je laisse l'entière responsabilité au président de la République de décider del'avenir du pays». Sur insistance des journalistes, il a ajouté: «Je préside ungouvernement et le Président a le droit de changer et de mettre qui il veut».Ces propos sont d'une opacité dont seuls des hommes politiques comme Belkhadempourraient user dans une conjoncture qui n'en est pas moins opaque. En effet,dès l'expiration du délai du dépôt légal des listes électorales, lesobservateurs ont relevé avec étonnement l'absence des chefs de file des partisde l'alliance présidentielle. Belkhadem, Ouyahia et Boudjerra se sont donc abstenusde participer en personne à la compétition électorale. Le fait n'a rien defortuit quand on remarque qu'il s'agit de trois grosses pointures de la scènepolitique nationale qui ont préféré «céder» la place à des têtes de listes quine font pas vraiment l'unanimité au niveau de leurs bases et même de leursstructures exécutives respectives. Pour le premier,Abdelaziz Belkhadem, l'on dit ici et là que c'est le président de la Républiquequi a mis au point les listes électorales, en y mettant et en en enlevant lesnoms qu'il veut. «Le président de la République a eu, en tant que présidentd'honneur du FLN, un droit de regard sur les listes», a-t-il d'ailleurslui-même affirmé. Un droit de regard «qui a dû peut-être lui permettre devérifier le poids des têtes de listes ou de changer quelques noms, sans plus»,nous dit-on du côté de la Présidence de la République. Ceux qui donnentl'air de savoir comment est gérée la chose politique accordent en effet peu decrédit au fait que ce droit de regard aurait permis à Bouteflika de bouleversertoute la composante des listes en question. «Il est impossible que le Présidentait eu le temps de vérifier 48 listes de plus de 500 candidats. Non seulementil ne connaît pas les gens, mais en plus, s'il a du temps à accorder, ill'accorde pour d'autres choses beaucoup plus importantes que ça et quinécessitent plus d'attention», nous dit l'un de ses proches. Imprévisiblecertes, mais Bouteflika ne s'attarderait pas, selon ses proches, sur ce genrede «manoeuvres», même s'il a toujours fait part de son besoin de «toutsuperviser». L'on s'en tient àdire, pour ce qui est des candidats retenus par le FLN, que «le choixrelèverait plutôt des véritables manoeuvriers qui ont placé qui ils voulaient,sans se soucier de la demande de la base». Au risque de contredire Belkhadem ausujet des assurances qu'il a données lors de sa dernière conférence de presse àpropos de ce qu'il a appelé «la mécanique froide de notation des candidats»,des sources proches du parti imputent cet absence de consensus autour des nomsretenus au «pouvoir discrétionnaire que s'arrogent les caciques du FLN pourdiriger le parti comme ils l'entendent et selon leurs intérêts». Et, nousdit-on par ailleurs, «si Belkhadem n'est pas candidat, c'est parce qu'il n'apas voulu l'être». En fait, il est fait part dans son entourage d'une grandevolonté du SG du FLN d'avoir voulu être candidat à ces législatives, «mais il achangé d'avis à la dernière minute». Ceux qui prétendent que le Président l'ena empêché, «sont loin d'avoir raison», nous est-il lancé. Ce changement d'avisde Belkhadem de «dernière minute» n'aurait qu'une explication, «celle d'avoirsu que les deux autres responsables du RND et du MSP ne l'ont pas fait nonplus». Le cas du RNDparaît moins ambigu parce que la fabrication de ses listes électorales n'a pasprovoqué de grands remous dans ses rangs. En tout cas, pas autant que chez leFLN, «et pas dans toutes les régions», nous est-il souligné. «Il y a desmécontents à l'ouest du pays», nous indique-t-on. Interrogé sur les raisons quiont poussé Ouyahia à ne pas être candidat, son chargé de la communication,Miloud Chorfi, nous a déclaré «qu'il n'en avait pas envie. Et dès l'annonce dela tenue des élections, il n'avait pas fait part de sa volonté de l'être».Connu pour sa gestion «froide» de la politique, Ahmed Ouyahia n'a pas dû s'enabstenir par simple manque d'envie. Son abstention a dû être très bienréfléchie parce qu'il n'est pas homme à improviser quand il s'agit de fairepréserver sa parcelle de pouvoir. Les proches deBoudjerra Soltani soutiennent presque la même chose pour la même décision: nepas être candidat aux législatives du 17 mai prochain. Il se pourrait queOuyahia ait l'intention de prendre en main la destinée d'un parti, le RND, pourles besoins d'une échéance bien plus importante que celle qui se contenteraitcomme les législatives de donner de la résonance à la chambre basse. Le patrondu RND n'est pas né de la dernière pluie. Plus que deux ans pour la tenue del'élection présidentielle qui, elle, nécessite plus d'efforts, de concentrationet de soutiens. Vieil enfant dusystème, il a certainement besoin de recul nécessaire pour pouvoir rebondircomme il se doit. Belkhadem a dû lui aussi le comprendre ainsi. Ceux qui susurrentque la présidentielle de 2009 risque d'être anticipée confortent davantage cegenre d'appréciation. Boudjerra doitlui aussi gérer ses arrières, d'autant qu'il s'est déjà essayé à la course versle palais d'El-Mouradia. Rien ne l'empêchera de le refaire, même si sa base lerend responsable d'un certain nombre de choses qui ont dérapé au lendemain dudécès de Mahfoud Nahnah. Il faut se rendre à l'évidence que les présidents dela République ne sont pas «fabriqués» de la même manière que des listesélectorales pour des législatives. Ils dépendent d'un consensus que seules lesofficines du pouvoir pourraient construire selon leurs intérêts du moment, lesaffinités qu'ils se créent et les craintes que pourraient générer deslendemains qui leurs paraissent incertains. Belkhadem,Ouyahia et Boudjerra savent depuis longtemps à quoi s'en tenir à cet effet. Ilsse doivent de le deviner encore plus aujourd'hui, à un moment où le pouvoirsemble perdre pied. Il est connu, faut-il le dire, que le système a toujoursmarqué des hommes pour se préserver et pour assurer en permanence sarégénération. C'est une tradition dont les hommes politiques aussi «ambitieux»que les patrons des partis de l'alliance présidentielle doivent être trèsimprégnés. Parce qu'ils sont, comme Ouyahia, les vieux enfants du système.
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Posté Le : 04/04/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ghania Oukazi
Source : www.lequotidien-oran.com