Mémoires du 8 mai 1945, un documentaire de Mariem Hamidet réalisé en 2007, a été projeté au Centre culturel algérien à Paris, devant un public qui sera bouleversé par les témoignages accablants de personnes ayant vécu les terribles répressions qui se sont abattues sur les habitants de régions de l’est algérien, particulièrement Sétif, Kherrata et Guelma, après les manifestations populaires pacifistes organisées par les Algériens pour fêter la fin de la deuxième Guerre mondiale et réclamer l’indépendance promise par le colonisateur français quand il demandait aux Algériens d’aller défendre son pays, avant de les incorporer à la baïonnette.
Se refusant d’entrer dans la polémique des chiffres et s’interdisant d’alourdir son film de commentaires, la réalisatrice se contentera d’ouvrir son micro à des acteurs directs de ces événements, dont certains avaient participé à la marche pacifique ce jour du 8 mai 1945 à Sétif.
Avec force détails, les témoins racontent comment le jeune Bouzid Saal qui brandissait l’emblème national, fut tué à bout portant par la milice soutenue par l’armée coloniale, faisant tourner à l’émeute un défilé voulu initialement celui des Scouts musulmans.
Contrairement à une idée soutenue et diffusée par des triturateurs de l’histoire, la manifestation ne s’est pas arrêtée à ce jour-là. Témoignages à l’appui, Mariam Hamidet, caméra à l’épaule, fera parler d’anciens habitants de localités environnantes de Sétif, comme Amoucha, Aïn El Kebira et Beni Azziz, de Kherrata et même de Melbou, aux limites de Jijel, qui témoigneront que des manifestations populaires ont été réprimées dans le sang, des semaines après.
Leurs témoignages sont corroborés par le défunt président de la fondation 8-mai 1945, Bachir Boumaza, qui est originaire de la région, et le journaliste américain, Landrum Bolling, qui était sur place le jour des massacres. Ce dernier témoin dira qu’il a vu du haut des gorges de Kherrata, des villages à feu et à sang, et une population spoliée de fait de ses terres.
Pour la réalisatrice, née en France de parents algériens, l’objectif essentiel de ce documentaire, qui est son premier, est de «rendre leurs voix à des paysans, dont la majorité sont analphabètes, pour confier un passé on ne peut plus douloureux», dira-t-elle à l’APS.
Elle a affirmé que, concernant ce chapitre de l’histoire récente de l’Algérie, on ne peut pas dire que les historiens n’ont pas fait leur travail pour éclairer l’opinion publique, tout comme les politiciens d’alors, et même d’aujourd’hui, qui, eux également, ont fait leur sale boulot, avec zèle même.
Refusant de voir la France, victorieuse contre les nazis, la France résistante, prendre la place de ceux qu’elle combattait et devenir, du jour au lendemain, une France d’oppression, de massacres, d’injustice, ces politiques se chargeront d’arrondir tous les coins, en démentant catégoriquement tous les témoins et/ou historiens qui diront que la France coloniale a commis des crimes aussi condamnables que ceux des nazis.
Pis, les essais nucléaires à Reggane, les enfumades, les massacres, les tortures, les exécutions extrajudiciaires, les viols seront passés sous prescription. Les criminels seront mis à l’abri de toute poursuite judiciaire, quand ils ne sont pas médaillés et élevés au rang de héros, avec stèle commémorative, comme on l’a fait pour l’OAS.
Mémoires du 8 mai 1945, qui a été réalisé en 2007, a déjà été diffusé par la télévision algérienne, obtenu le prix du meilleur documentaire au Panorama d’Alger (2008) et participé dans des festivals en France et dans le monde.
Mariem Hamidet est également réalisatrice de Et nous devînmes étrangers sur notre terre, un documentaire sur la colonisation à Tlemcen (2012) et de Petite histoire de l’Entente, un autre documentaire sur l’équipe de football mythique de Sétif.
R. C.
Appel à l’enregistrement des chants patriotiques dans les Aurès
Les participants au colloque national «Contribution de la chanson patriotique et révolutionnaire des Aurès durant la Révolution», organisé à Khenchela, ont mis l’accent sur «l’importance d’enregistrer ces chants, patrimoine immatériel du pays et témoins de la grandeur de la lutte armée».
Larbi Daho de l’Université de Batna, a indiqué au cours de la deuxième journée des travaux du colloque, que la chanson patriotique et révolutionnaire constitue un «patrimoine populaire et un héritage authentique, culturel et historique qu’il faut préserver et entretenir».
L’universitaire a ajouté, lors de cette rencontre organisée à la Maison de la culture Ali-Souai, que la «chanson révolutionnaire de la région des Aurès a contribué, comme celle des autres régions du pays, à la motivation et la mobilisation des Algériens, au renforcement de la prise de conscience politique de la population algérienne et au rapprochement du peuple algérien de sa révolution».
M. Daho a récité, à l’occasion, de nombreux passages lyriques considérés comme «constituants fondamentaux de l’art musical populaire» qui, selon l’universitaire, «mérite des recherches et des études de la part des universitaires et des spécialistes afin de mieux cerner le patrimoine immatériel de la région».
De son côté, Hocine Haroui, de l’Université de Tlemcen, a indiqué dans une conférence intitulée «Le Chant révolutionnaire», que «la chanson révolutionnaire a été largement répandue à travers le pays, et a capté l’attention et mobilisé les Algériens».
Le colloque a été organisé par la direction de la culture de la wilaya de Khenchela.
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Posté Le : 11/05/2013
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Photographié par : Photo: latribune-online.com ; texte: Reda Cadi du mercredi 8 mai 2013
Source : latribune-online.com