«Des témoins algériens exceptionnels»

- En tant qu'universitaire, chercheur au CNRS, quels sentiments a-t-on lorsqu'on réussit à  mettre en images son travail de recherche ' Un sentiment à  la hauteur de l'angoisse qu'on avait. J'étais d'abord persuadée que cela serait décevant, parce qu'effectivement des images, ce ne sont pas des mots, où il faut beaucoup simplifier. En fait non ! La force des témoins, le plaisir de rencontrer d'autres gens que je n'avais pas rencontrés pour le livre, des témoins algériens exceptionnels, cela a été un vrai bonheur. Après, on a pu aller plus loin dans le film sur certains domaines, sur l'école à  l'époque coloniale et l'inégalité. Ce sont les témoins qui nous ont apporté ce regard, ils ont dit la souffrance de ne pas àªtre allés à  l'école. Au bilan, c'est une bonne expérience qui apporte beaucoup. On a fait un travail d'équipe, ce qui est plutôt bien, car la recherche universitaire est un travail solitaire.
- Allez-vous récidiver sur un autre sujet ' Là, c'était un film basé sur des années de travail, un sujet sur lequel j'avais une connaissance précise. Les images c'est très sérieux, des documentaires qu'on a vus à  la télévision ne sont pas aussi sérieux et cela me choque beaucoup. Si je fais un autre film sur un thème où j'ai la compétence, je voudrais àªtre aussi sûre sur ce qu'on a mis dedans, aussi sûre que je l'étais sur celui-là. Je le ferai volontiers, mais cela prendra des années.
- Sur quoi travaillez-vous actuellement ' Sur le maquis algérien, toujours. J'aimerais avoir plus de temps pour me rendre en Algérie, là où l'ALN a fait des prisonniers français, en croisant enquête orale, côté prisonnier et côté algérien, des maquisards. Un livre sortira, mais pas avant deux ans.