Des témoignages qui dénoncent les tortures « La guerre de la honte... » d'Yves Salvat

Yves Salvat, viticulteur de son état, a, sans doute, le mérite de revenir sur un sujet du passé et ô combien actuel, à travers son livre « La guerre de la honte, tortures de la guerre d'Algérie 1954-1962 » publié au éditions Sedia. Yves Salvat a, au cours d'une rencontre organisée samedi dernier à la villa Abdellatif, déclaré avoir milité dans une association d'anciens combattants. « Un beau jour que je me retrouvais à l'Arc de Triomphe à Paris, un ami m'a interpellé pour me dire que je dois écrire, à mon tour, un livre sur la guerre d'Algérie. Et peu importe la manière du moment que j'écris quelque chose de probant », fait-il observer. L'orateur laisse entendre toute sa désapprobation et tout son chagrin sur les méthodes inhumaines dont se rendait coupable le système colonial. Ancien appelé du contingent français, il se rappelle les mots qu'on lui disait avant d'aller rejoindre l'Algérie. « On nous disait, avant de partir en Algérie, qu'on y allait pour pacifier et défendre l'ordre établi, mais on n'entendait pas ce qui s'y passait réellement. En descendant au port d'Alger, j'ai vu la misère d'un peuple persister ». Et d'énumérer les péripéties qui l'ont conduit à son lieu d'affectation. « On nous donnait de fausses informations sur la population algérienne qualifiée de sauvage et qui n'apprécie pas ce que la France coloniale leur faisait dans leur pays », révèle-t-il. La quinzaine de témoignages du livre vient, donc, poser la question de la torture et dénoncer la réalité des faits. « Là où la majorité des ouvrages sur le sujet esquive la psychologie et la réflexion, l'opus d'Yves Salvat sonde l'âme et la conscience des appelés d'Algérie ». Pour mémoire, Yves Salvat est né en 1936 à Millas. En lui fournissant un vécu militaire, répressif et colonialiste, la guerre affina sa volonté de combattre les forces droitières de son pays. C'est pourquoi, dès son retour à la vie civile, il se lança à corps perdu dans la lutte politique, menant de front des activités de responsable au sein du Parti communiste, faisant partie de la municipalité de son village ou bien encore s'intéressant comme dirigeant national à l'Association républicaine des anciens combattants. Aujourd'hui, fort de son expérience politique au service du peuple et riche d'une vie de labeur consacrée à la viticulture, Yves Salvat exprime sa plénitude dans un ouvrage d'écriture dont l'à-propos et la sincérité en couronnent les qualités. D'autre part, il est appuyé par un regard autre sur le livre dans l'entourage immédiat de cette rencontre où il est notamment dit qu'il est de par cet écrit, une approche assez particulière de l'auteur qui met en évidence le mal qui a été fait à notre peuple durant la guerre de libération. « C'est un homme de bonne volonté qui a osé aborder la question de la torture telle qu'elle a été systématiquement pratiquée en Algérie. C'est dire à quel point le sujet est important sur toutes les formes. L'auteur a raconté ce qu'il a entendu et ce qu'il a vu », indique-t-on.
Rabah Douik
« La guerre de la honte, tortures de la guerre d'Algérie 1954-1962 » d'Yves Salvat, édition Sedia, 142 pages, prix public : 700 DA.