Algérie

Des taux officiels de croissance et de chômage fictifs (II)



Des taux officiels de croissance et de chômage fictifs (II)
Selon les données officielles, pour les réalisations entre 2009 et 2011, l'économie algérienne aurait un taux de croissance hors hydrocarbures des plus élevés, un taux de chômage des moins élevés et un taux de réussite au baccalauréat des plus élevés, comparé aux pays développés et émergents. Face à ce miracle algérien, qui ferait pâlir la majorité des pays de la planète, le ridicule ne tuant pas, nos responsables ne doivent-ils pas espérer le prix Nobel d'économie ' En contradiction avec leurs discours, la plupart des responsables algériens envoient leurs enfants à l'étranger pour une meilleure formation. Aussi, les intellectuels algériens, devant un débat contradictoire fondé sur la tolérance, ont une lourde responsabilité devant l'histoire pour avancer des propositions constructives et démystifier certains propos démagogiques. C'est l'objet de cette contribution.
3) Aussi, ce n'est pas une question uniquement d'argent comme en témoignent les assainissements répétés des entreprises publiques : plus de 60 milliards de dollars entre 1991 et 2011 pour un effectif du secteur industriel public ne dépassant pas 180 000 travailleurs et moins de 600 000 pour les emplois permanents du secteur public économique, plus de 80% étant revenus à la case départ. Or, l'objectif stratégique est de créer un nouveau tissu économique fondé sur la nouvelle économie s'insérant dans le cadre des valeurs internationales, le tout étant conditionné par une plus grande efficacité des institutions, la moralité des responsables, la valorisation du savoir, un dialogue social et économique permanent avec les forces représentatives et non créées bureaucratiquement et donc un nouveau management stratégique. Certains parleront de bonne gouvernance inséparable d'un Etat de droit. La distribution de la rente pour calmer le front social ne peut être durable. Bien au contraire, elle est suicidaire pour le pays comme le montre le déficit budgétaire de 2011 qui avoisinera 62 milliards de dollars. C'est que l'allocation financière n'est pas optimale, misant uniquement sur les infrastructures (70 % des dépenses) qui ne sont qu'un moyen de développement. Aussitôt terminé, que deviendront les centaines de milliers de travailleurs sans avoir préparé leur reconversion ' La dépense publique (500 milliards de dollars entre 2004 et 2013, programme américain) sans se préoccuper d'une bonne gestion montre que la performance est dérisoire. Comparé aux dépenses sur la population, le rapport de l'OCDE pour la région MENA montre que des pays similaires en voie de développant dépensant le tiers de ce que dépense de l'Algérie ont des taux de croissance plus importants, l'économie algérienne, fondamentalement rentière, enregistrant, selon la majorité des rapports internationaux, un taux de croissance inférieur à la moyenne méditerranéenne pour la période 2004-2011. Il s'agit donc d'éviter la manipulation des données pour affirmer que tout va bien, ce qui ne peut que conduire à des erreurs de politique économique devant synchroniser les différentes enquêtes afin d'éviter d'induire en erreur l'opinion algérienne qui a une faible culture économique, mais non les institutions internationales, les journalistes et les économistes algériens étant avertis. Les différents ministères doivent avoir la même base de sondage afin de pouvoir effectuer des comparaisons crédibles, le raisonnement à prix constants étant fondamental pour toute politique fiable. Pour le calcul de l'inflation, cela implique de revoir le panier de biens qui doit être historiquement daté ; le lier au modèle de régulation, c'est-à-dire au mode d'accumulation, de consommation et à la répartition du revenu par couches sociales afin d'analyser la concentration du revenu national à l'aide de l'indice Gini qui prend en Algérie des tendances dangereuses au profit d'une minorité de rentiers. C'est que 70 % des couches sociales consacrent leurs revenus aux produits de première nécessité, produits qui accusent un taux d'inflation supérieur à 10 % entre 2009 et 2011. Aussi, une interrogation s'impose : comment est-ce qu'un Algérien, qui vit avec le SNMG, soit 4 euros par jour, alors que le prix du kilo de viande dépasse 9, voire 10 euros, fait face aux dépenses incontournables : alimentation, transport, santé, éducation... ' 4) En conclusion, vu que 98% des exportations proviennent des hydrocarbures et important 75% des besoins des ménages et des entreprises, nous sommes en face de contradictions flagrantes : la faiblesse du nombre d'entreprises productives, la prédominance du commerce de détail où le nombre des commerçants a doublé en 10 ans selon les données officielles, passant de 697 275 en 2001 à 1 407 449 en 2010, un taux de chômage réel élevé que l'on comprime tout comme l'inflation par des subventions et des emplois fictifs. L'Algérie de 2011 est caractérisée premièrement par une aisance financière grâce aux hydrocarbures (157 milliards de dollars de réserves de change à la fin de 2010) mais des incertitudes vis-à-vis de l'avenir avec une population en 2011 de 36 millions d'habitants mais qui, dans trente et sans sans hydrocarbures, atteindra 50 millions. Deuxième caractéristique, un Etat riche mais une population de plus en plus pauvre. La sphère informelle, la crise du logement (même marmite, mêmes charges) et les transferts sociaux pour une paix sociale fictive grâce aux hydrocarbures (plus de 10 % du PIB entre 2009 et 2011) jouent temporairement comme tampon social. Troisièmement, devant cette prise de conscience d'inégalités, brisant le mur de la peur, favorisées par le nouveau système de communication et le printemps démocratique arabe, qui a montré l'importance de la corruption des dirigeants et leurs proches avec des fortunes colossales à l'étranger, une tendance à un suicide collectif : tous les Algériens exigent immédiatement leur part de la rente des hydrocarbures assistant à des augmentations des salaires sans contreparties productives. Dans ce cadre, l'Algérie traversant un phase cruciale de son histoire, je lance un appel au pouvoir politique afin d'ouvrir, comme cela a été promis par le président de la République, à la télévision aux débats contradictoires au lieu de favoriser les intellectuels organiques aux ordres, selon l'expression heureuse du grand philosophe italien Antonio Gramsci et des monologues lassants sans impacts, discréditant encore plus l'image internationale de l'Algérie. Parallèlement, je lance un appel à tous les intellectuels algériens afin qu'ils sortent du coma, ayant une responsabilité devant l'histoire afin de participer, à l'instar de tous les pays qui avancent, à un débat utile, sans verser ni dans la sinistrose ni dans l'autosatisfaction, source de névrose collective. Je considère que le rôle tant d'un cadre responsable que de l'intellectuel ou du journaliste n'est pas de produire des louanges par la soumission contreproductive pour le pouvoir lui-même en contrepartie d'une distribution de la rente, mais d'émettre des idées constructives , selon sa propre vision du monde, par un discours de vérité pour faire avancer la société. (Suite et fin)


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