Algérie

Des syndicats désapprouvent le départ à la retraite à plus de 60 ans



? Le décret exécutif du Premier ministre, Abdelaziz Djerad, fixant les modalités de poursuite de l'activité après l'âge légal de la retraite, soit au-delà de 60 ans, est pour la majorité des syndicalistes autonomes, un vieux décret qui «ne répond pas aux aspirations réelles et urgentes des travailleurs algériens» ayant plaidé et plaident toujours «pour un retour à la retraite anticipée».Le décret exécutif n°20-107 du 7 Ramadhan 1441 correspondant au 30 avril 2020, publié au Journal officiel, a pour objet de fixer les modalités de poursuite de l'activité après l'âge légal de la retraite de soixante (60) ans, en application des dispositions de l'article 6 de la loi n°83-12 du 2 juillet 1983, modifiée et complétée, relative à la retraite.
Le décret stipule que «le travailleur peut opter, à sa demande, pour la poursuite de son activité au-delà de l'âge légal de la retraite dans la limite de cinq (5) ans. Selon l'article 3, le travailleur ayant opté pour la poursuite de son activité après l'âge légal de la retraite doit formuler une demande écrite, datée et signée par ses soins, déposée auprès de l'organisme employeur, au moins, trois (3) mois avant l'âge légal de départ à la retraite. En contrepartie l'organisme employeur lui délivre un récépissé de dépôt».
Pour les syndicats autonomes, ce n'est nullement une nouveauté du moment que cette disposition existait dans l'ancienne loi. Pour Meziane Meziane, président de la CSA et coordinateur du Syndicat national des professeurs du secondaire, ce décret a été remis sur la table, juste pour limiter un tant soit peu les départs en retraite en raison de la situation financière difficile de la Caisse nationale des retraités (CNR). Cette dernière est confrontée à un déficit financier chronique depuis des années.
Pour le président de la Confédération des syndicats algériens (CSA), regroupant 13 syndicats autonomes issus de différents secteurs, l'exigence de la majorité des travailleurs consiste en la réinstauration de l'ancien régime de retraite «l'ordonnance 97-13 du 31 mai 1997 instituant le départ à la retraite sans condition d'âge». Et non pas prolonger l'activité après l'âge légal de la retraite, nous dira pour sa part Zoubir Rouina du syndicat des lycées d'Algérie (Cela). En regrettant «on aurait souhaité l'abrogation de la nouvelle loi sur la retraite et le retour à l'ordonnance 97-13, considérée comme acquis des travailleurs algériens».
Et de préciser que «le prolongement de l'âge de la retraite ne sert pas la politique de l'emploi en Algérie et ne permet pas d'absorber le chômage» et ce, vu le maintien des travailleurs après 60 ans alors que des millions de jeunes souffrent du chômage. Les syndicats craignent à vrai dire le démantèlement de l'Etat social graduellement, avec la remise en cause des acquis des travailleurs. «Après des luttes syndicales, l'employé a pu bénéficier de sa retraite après 32 ans de service effectif, cet acquis s'est évaporé avec l'introduction de la nouvelle loi et aujourd'hui on parle de prolongement de l'âge de la retraite », est-il souligné. Et de poursuivre «on parlait de création d'emploi, aujourd'hui on parle de préservation d'emploi ! »
Les syndicats exigent encore le retour à l'ancienne loi arborant le fait que le nouveau régime de la retraite a été élaboré par une tripartite dont la majorité de ses acteurs sont soit en prison ou poursuivis en justice et avec une assemblée populaire «qui ne représente et ne défend pas l'intérêt du peuple et des travailleurs», selon Zoubir Rouina. Il conclut «ce n'est pas le simple citoyen ou le simple travailleurs qui doit abandonner ses acquis sociaux, en raison de la mauvaise gestion voire de la corruption qui a gangréné notre administration et certaines de nos institutions».


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