Algérie

Des sujets sensibles à l'ordre du jour



Dans un contexte marqué par un regain d'intérêt de ses partenaires européens pour la crise qui sévit au Mali et dans le Sahel plus globalement, Alger s'apprête à dépêcher son Premier ministre à Bamako où il séjournera deux jours durant dans le cadre d'une visite d'Etat.Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Selon des informations rapportées par le quotidien arabophone Ennahar, Ahmed Ouyahia devrait entreprendre ce déplacement à la fin de cette semaine et remettre une lettre du président Bouteflika à son homologue malien récemment réélu.
La même source indique par ailleurs que cette visite, qui durera vendredi et samedi, est destinée à évaluer des dossiers sensibles ayant trait au terrorisme et à l'avancée du plan de règlement du conflit qui mine le Nord malien. Sur ce volet, Ouyahia agit sur un terrain qu'il maîtrise bien. Alors qu'une guerre de grande ampleur faisait rage entre des factions de l'Azawed et les autorités centrales (au début des années 1990), il a été désigné médiateur dans ce conflit qui a bien fini par aboutir à la signature d'un accord de paix à Bamako en 1992. Depuis, la situation n'a guère évolué dans le sens souhaité. L'application du plan de paix s'est heurtée à la réalité du terrain et à des difficultés qui ont retardé grandement sa concrétisation. La confusion a été inévitablement mise à profit par les groupes terroristes. Durant un long moment, ces derniers ont tenté de s'attirer la sympathie de la population, en jouant sur la fibre nationaliste et en cultivant notamment le rejet de la présence militaire francaise dans cette zone. Après l'échec de l'opération Serval, Paris a tenté de sauver la face de ses militaires en déployant une nouvelle mission Barkhane qui risque aujourd'hui de subir le même sort que la précédente initiative. Pour désembourber les soldats francais, Emmanuel Macron mise actuellement gros sur le G5, une force militaire conjointe entre cinq pays africains dont les résultats peinent à se faire ressentir sur le terrain.
Longtemps sollicitée, l'Algérie s'est, quant à elle, toujours refusée à prendre part militairement dans cette structure. Récemment l'Algérie a, au contraire, décidé de réactiver le CEMOC (Comité d'Etats-majors opérationnel conjoint) regroupant le Mali, le Niger et la Mauritanie précisant que ce dernier devait compter uniquement sur ses propres moyens pour lutter contre les groupes qui menacent la région. Il semble évident que le sujet figurera au programme des discussions qu'aura le premier ministre algérien avec ses homologues maliens bien que se pose d'ores et déjà la question de savoir de quelle manière pourra s'effectuer le partenariat entre cet organisme et le G5. Une certitude, les observateurs ont vu un lien entre l'entretien téléphonique qui s'est déroulé jeudi passé entre Abdelaziz Bouteflika et son homologue francais.
Un communiqué de la présidence de la république algérienne a d'ailleurs annoncé que les discussions entre les deux chefs d'Etats avaient notamment porté sur la situation au Mali et en Libye. Ce n'est pas la première fois que Macron et Bouteflika se concertent sur le sujet du Mali. Deux autres entretiens du même genre ont eu lieu l'an dernier et durant cette même période des informations ont régulièrement circulé pour annoncer des contacts non officiels visant à pousser Alger à agir de manière encore plus intense pour parvenir à une stabilisation de la situation.
Durant un long moment, Paris s'est notamment focalisé sur le cas Iyad Agh Ghali, un notable targui reconverti en chef terroriste. Le dossier malien n'intéresse pas que les francais, de part le danger dont il est porteur pour l'ensemble de la région et les pays limitrophes en particulier, il est considéré (avec la Libye) comme un élément clé du retour de la stabilité au Sahel. Il était au menu des discussions qui se sont déroulées entre Angela Merkel et les autorités algériennes.
Embarrassé par la situation qui prévaut à ses frontières, pressé par ses partenaires européens d'en faire davantage, Alger tentera ces prochains jours d'en arracher plus à Bamako.
A. C.


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