Algérie

Des Subsahariens face à un avenir incertain



L'Algérie fait preuve d'une attention particulière en prenant en charge ces personnes ayant quitté leur pays pour s'installerL'Algérie compte mettre en place une rallonge financière de 40 milliards supplémentaires pour le rapatriement des Subsahariens.
Pas moins de 300 immigrants subsahariens ont été réunis, dans la fin de journée de samedi dernier, dans le centre de transit de Bir El Djir en vue de les reconduire vers les frontières sud pour les rapatrier dans leur patrie mère, le Niger. Une telle opération a nécessité la mobilisation des services sociaux, ceux des corps sécuritaires ainsi que les volontaires du Croissant-Rouge algérien. Une telle mesure rentre dans le cadre de la mise à exécution de la convention ratifiée par l'Algérie et le Niger. Toutes les conditions nécessaires ont, selon des cadres du Croissant-Rouge algérien d'Oran, été réunies pour mener à bon terme, l'opération, à commencer par la mise en place d'un staff médical devant accompagner les immigrants subsahariens jusqu'au centre de regroupement de la wilaya de Tamanrasset. Une telle opération n'est pas première dans son genre. A l'instar de plusieurs autres villes, Oran est, elle aussi, concernée par la mise en application de l'accord ratifié par l'Algérie et le Niger.
Comment faire face à la...rue'
Contrairement aux échos faisant état de la maltraitance de ces immigrants clandestins, l'Algérie fait preuve d'une attention particulière en prenant en charge ces personnes ayant quitté leur pays pour s'installer en Algérie le temps qu'elles puissent poursuivre leur chemin vers l'Eldorado incertain, l'Europe. Leur rapatriement ne posant certes pas de grand problème, a, toutefois, nécessité la mobilisation des moyens colossaux dont entre autres, les finances. L'Algérie n'a, en ce sens, pas observé une quelconque politique d'austérité dans le cadre du rapatriement de ces Subsahariens. La facture globale de prise en charge est arrêtée à pas moins de 1,2 milliard de dinars, équivalant à 120 milliards de centimes. Un tel montant a été avancé en marge d'une journée d'études organisée à l'occasion de la Journée internationale contre la traite d'êtres humains. La présidente du Cndh a révélé que l'Algérie a dépensé 80 milliards de centimes, entre 2014 et 2016, en rapatriant 6 000 enfants et 18 000 femmes subsahariennes. «Ladite facture sera revue à la hausse», a-fait savoir la présidente du Conseil national des droits de l'homme (Cndh), Fafa Benzerrouki Sid Lakhdar. Dans ce sillage, l'Algérie compte mettre en place une rallonge financière de 40 milliards de dinars supplémentaires pour le rapatriement des Subsahariens. Les opérations de rapatriement des migrants subsahariens se poursuivent.
Si ces Africains arrivent en Algérie en grands contingents, personne n'a toutefois songé au sort qui les attend une fois rallié le territoire national. La rue est le seul endroit les accueillant pour passer les nuits glaciales sous le ciel pluvieux leur servant comme toit. Il n'est un secret pour personne, que ces immigrants clandestins ayant fui la misère se retrouvent dans une autre indigence aiguë ne trouvant rien de mieux à faire que de se livrer à la mendicité, et ne jamais passer à l'acte tant réprimé, la criminalité. C'est du moins leur point fort en s'évitant d'attirer les foudres des policiers et des gendarmes acharnés dans la lutte contre la criminalité lambda. Cependant, la «menace» policière est toujours de mise, notamment lorsqu'il s'agit de la traque des sans-papiers de séjour. D'ailleurs, ceux-là sont moins nombreux et peu perceptibles dans la rue ces derniers jours. Pour cause, une rumeur folle fait état d'une descente policière inopinée ciblant essentiellement les migrants originaires de la région de Zinder au Niger. Pour les immigrants, de toutes les nationalités, les policiers ne font aucunement de distinction dans leurs sorties. Or, ces mêmes policiers sont instruits, avant même leurs sorties, de «mettre la main», seulement et uniquement sur les Nigériens et les immigrants en séjour illégal. L'intox fait donc rage dans une ville où le racisme, la ségrégation et la maltraitance sont bannis depuis la nuit des temps, Oran. Les Nigériens, installés à Oran, dans leur majorité appartiennent à l'ethnie Haoussa. Leur présence à Oran est en grand nombre depuis 2012. Ils ne sont pas venus dans le cadre d'un simple fait du hasard.
Pas de traite humaine
Fuyant la mal-vie de leurs villes natales, ces Haoussa sont, depuis leur déplacement en Algérie, en quête d'un monde meilleur pouvant changer leur destin. Pour preuve, ils n'hésitent pas un seul instant à se mettre au boulot dans des chantiers du bâtiment. Plus d'un, les chanceux notamment, trouvent refuge dans des lieux ne ressemblant en rien à des habitations sûres ni sécurisées. Ces taudis leur sont proposés par des charognards et des «agents immobiliers» de la circonstance aux coûts dépassant tous les seuils de l'entendement. Un petit garage, à la fois sordide et insalubre, dans le quartier surpeuplé d'El Hassi revient à la colossale somme de 50 000 dinars/mois. Les conditions d'habitation, si habitation il y a, sont le moins que l'on puisse dire «dégradantes» ne répondant aucunement à la vie décente faute d'eau, d'électricité, de gaz et de sanitaires.
Pour s'acquitter mensuellement d'un tel montant, ces damnés de la terre des temps modernes se retrouvent contraints de conjuguer leurs efforts pour amasser une telle tirelire tout en travaillant durement. En dépit de tous ces manquements, ces Nigériens, mais surtout les Maliens, sont souvent «dociles» abdiquant, sans rechigner, pour peu qu'ils soient casés loin des regards mettant à nu leur intimité et leur vie familiale, de peur d'être pris dans les filets des gendarmes faisant des rafles à la recherche des sans-papiers. Une telle mésaventure de ces Subsahariens n'a pas laissé inertes les responsables de leurs représentations diplomatiques qui ont sollicité l'Algérie pour tenter de trouver une solution humanitaire, avec le rapatriement des femmes et des enfants vers le Niger. Concernant la lutte contre la traite des êtres humains, l'Algérie a de tout temps veillé à enrichir son arsenal juridique pour se prémunir contre ce «fléau totalement étranger à sa culture et à sa société». Pour ce faire, un chapitre spécial a été raffermi dans le Code pénal révisé en 2009 et une commission nationale consacrée à la lutte contre la traite des êtres humains a été créée en 2016. Jusque-là, aucun cas n'a été relevé. En somme, ces Subsahariens se retrouvent face à un avenir incertain tant que leur sort continue à balloter encore malgré toutes les mesures prises.


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