Ce n'est pas
propre au FLN, ce qui surgit comme mécontentement, grogne, implosion, retrait
collectif, dégoût et frustration. Tous les partis connaissent un tel pic dans
leur vie active, une telle fièvre rebelle et intransigeante.
Car en tous cas
les listes autrement faites, auront en toute certitude entrainé d'autres ennuis
et autant de fiel. Mais de là, à survenir comme une pathologie répulsive et
répétitive, dans un gros appareil politique, peut ressembler à un complot sur
le long terme. Y a-t-il un sabordage ?
L'immolation jusqu'à
présent n'est que physique et individuelle. Le suicide aussi. A voir un ou deux
partis se pendre la tête dans des listes qui font rager les citoyens autant que
les militants, c'est s'attendre à un parfait harakiri.
A défaut de se
mettre, certains potentats ont forcé les destins du peuple local, brisé ses
volontés pour glisser non pas en sourdine mais comme un coup de poing sur la
table ; leurs yearlings, leurs rosses. Ils ont pu faire prouver leur robustesse
acariâtre. Eux, ils seront toujours là où la base aurait aimé qu'ils ne le
soient pas. Une simple transmutation patronymique. Une autre fiche signalétique
qui ne se différencie que dans les chiffres des naissances, des emplois et de
l'histoire. Eh oui, la vie est tout aussi drôle que ce souffle qui permet à
quiconque d'assister et de voir s'introniser sur sa tête ; non pas des énarques
mais des instructeurs… auto-écoliers, des bi- et tri-répétitif. Toujours la
même ethnie politique, finira toujours par remettre à une date ou une autre, la
grogne et la fuite de la bonne sève. Le parti ne cesse de saigner d'une
échéance à l'autre. L'administration n'en faisant plus dans le SAMU, ni dans le
secourisme du péril en la demeure, ce péril guette cependant l'étêtement de
listes aux têtes écervelées.
Le coup était
ressenti comme une flagellation collective. Partout la frustration est venue
pour déprécier l'espoir et applaudir le refus d'aller à l'urne. Elle a gagné
les cÅ“urs de ceux et celles qui malgré l'avatar des pontes auraient pu rester
chauds. Maintenant la douche est d'une froideur telle qu'elle ne peut
enthousiasmer que les inadaptés des listes, les perclus de l'amour populaire et
les avachis des basses doctrines. Ailleurs dans les cités antiques de Sitifis,
Timgaden, Biskrad, Cirta, Bougie, Oranus … les empereurs candidats recalés se
cachent derrière de pales copies, contrefaites, altérées et disgraciées. La
production de minets oisillons domestiqués sous l'aisselle ; est la forme la
plus infantile de leur sénilité politique. Par cet acte d'imposition de
candidature et de classement privilégié, croient-ils ainsi affirmer la
puissance qu'ils gardent au sein du parti. Eh oui, ils ont eu raison de tous.
Ils déroutent le sens électoral. Ils font du détournement du vÅ“u social un
service à rendre pour service rendu. Plus qu'une tactique de coulisses ou de
congres, l'astuce de substitution à se voir radier des listes par le président
d'honneur, ils voulaient rattraper, sans se soucier ce que les autres ont
réussi à réaliser; le cours de l'histoire qui commence à les éjecter un par un.
Ils ne peuvent comprendre qu'en l'ère actuelle, la leur étant sournoisement
révolue ; l'acte de voter se cogite d'abord dans la construction d'une
conviction chez soi, puis chez l'électeur. L'imposition de noms loufoques et bizarroïdes
n'aboutit qu'à rendre tièdes les allures et ridicules les prestances. A quoi
bon courir? Le monde brouillé, se dit-il.
Le redressement
répétitif et redondant opéré à grands coups futiles n'avait abouti en fait qu'à
chasser les uns pour faire installer les autres. En somme les mêmes, quoi ?
«Les vieux réflexes» « les caciques» «les apparatchiks» et autres diagrammes
avilissant leurs porteurs n'auront pas radicalement disparu avec la tenue
toutefois du congrès réunificateur, des rencontres de réconciliation ou encore
par ces CC fréquentatifs. Alors l'inversement de rôles dans un changement de
personnes se devait de s'accompagner par un renforcement de neurones. La
réunification ne suffit plus pour un corps déjà moribond. Il fallait un
traitement de choc. Un renouvellement révolutionnaire. Il aura à emporter dans
son élan rénovateur l'exclusivité, le régionalisme et la micro-famille. Ils se
sont reconvertis en de vrais mouleurs de futures figurines partisanes.
Omnipotents dans les dossiers, leurs protégés ont eu à se faire une bonne
tracée dans l'espace des listes. On les voit en France ou à Tunis sous un nom
qui ne change que par un prénom (un fils d'un dur redresseur serait porté
candidat dans les listes réservées à la communauté algérienne résidant à
l'étranger, un autre d'un grand équilibriste à Alger). Un agent de Sonelgaz
par-ci, un moniteur d'auto-école par-là, ils s'en foutent de la bonne sève du
parti. Pourvu qu'il y ait continuation linéaire, un semi-héritage et un siège
sous la coupole du palais. Le retrait volontaire des listes laisse apparaitre
un défaut d'évaluation des potentialités dynamiques et n'exprime pas une
démission consommée du parti. Ces gens aptes et aimés s'inscrivent toujours
dans le casting des kasmas en plein désarroi.
Dans les
états-majors qui se respectent, une liste est échafaudée sur des études. Une
analyse post électorale pour la détermination des écarts dans la justesse du
choix de la décision centralement dictée, du risque pris pour cela en rapport
avec les supputations et scores pronostiqués et la catastrophe réalisée dans
certaines communes. Le parti restera toujours malade du germe qui moisit la
formulation de ses listes électorales. Il existe des communes perdues de mains
en 1990 et qui continuent depuis à l'être encore dans le défaut de
représentativité de leurs citadins dans ces législatives de 2012.
Il faudrait aussi
savoir que dans les listes du parti ; l'union des colistiers n'existe pas. Si
regard approfondi et écouté était plongé dedans, sans l'Å“il de Moscou, la
vision ne serait que vent, tempête et artifice. Chaque candidat semble-t-il est
une liste à part. L'unanimité listière, n'y est point. L'embarras managérial et
tactique est également dans les entrailles de ces listes. Le premier classé est
en net désaccord avec les suivants, pour le second c'est pareil. Il n'y a pas
d'entente entre les éléments d'une même liste, tout simplement. Dans certaines
wilayas, à l'exemple de celle où un ministre tête de liste aurait menacé son
SG, si jamais la liste demeurait en l'état. Il prétend, le monsieur, avec toute
la logique de la haute technologie de télécoms, politique recommandée à cet
effet, qu'il ne peut servir uniquement de tête d'affiche sans qu'il ait un
droit de regard sur l'équipe avec laquelle il ira au front.
A voir la
récrimination qui s'installe dans toutes les cellules accessibles à la presse
et aux medias, le constat fait que le mal qui couve les autres est plus dense.
Seul le résultat du scrutin est capable de révéler l'ampleur. Il est aussi vrai
que «la confection des listes provoque dans tous les partis des colères et des
insatisfactions». L'ordre se rétablira au fur et à mesure du temps qui sépare
le dépôt des listes et la date de l'examen final. Le poids du pouvoir parrain
au sein du parti est très agissant. Il vacille, selon les conjonctures d'une
affinité personnelle à un lien étroitement intime. Sa puissance s'exerce aussi
par la qualité impliquée et adhésivement collée au système que possèdent les
détenteurs influents dans l'organe central et ses divers démembrements dans
l'exécutif gouvernemental. Ce poids qui se pratiquait à un moment à leur profit
s'est vu, démocratie rajeunissante oblige ; orienté vers leurs protégés. Le
piston dans la démocratie est ainsi devenu un autre phénomène de la société
politique. Basé sur l'instinct d'intérêt, il tend à remodeler le paysage
partisan en une perpétuité parentale. Seule la résonnance phonique et graphique
de l'homonyme, la lignée familiale ou de belle-famille, renseigne un peu du
tissage opéré.
Ces maléfiques faiseurs de sorts, ces
taverniers eternels de la cantine populaire avec ces parchemins traités à une
encre traîtresse, ont vite fait de rapprocher l'issue fatale. Ils ont fait
voter le peuple bien avant la date du vote. Ceci n'est qu'un autre télescopage
moins scientifique que les précédents. La préparation de valises, le scellement
de cartons, tant promis par un fils digne de son ancestralité n'est qu'un coup
de baroud. Un honneur de tribu. En plaçant, replaçant leurs pédicules, se
convertissant dans d'autres clichés, dans d'autres curriculum-vitae, ils sont
là dans les listes, sans qu'ils y apparaissent. Leur ombre enténèbre la clarté
joviale du printemps algérien tant espéré et motivé. Ils rient sous cape, ils
pouffent de voir japper et clabauder la foule. Le plaisir jouissif chez eux ne
se confine plus dans leur succès mais dans l'échec de l'autre. Du pays, du
jeune Etat affranchi des loubards, des hyènes et des zombies momifiés. Ah si
jamais le pouvoir pensait à revenir au scrutin uninominal, où un simple trait
de stylo, une option de biffer ; permettrait l'expression individuelle et
secrète dans une forte démocratie personnalisée et non collectivisée par lot et
pack entier. A prendre en totalité ou à laisser. Une élection concomitante, voire
compromettante. Les grâces de la providence faisant leur vote autrement, au
bonheur de la patrie auront par cet effritement de l'électorat –multiplicité de
listes- à diversifier la couleur des sièges et désappauvrir autrement les
listes proposées. Ainsi la source, bien que connue reste invisible, mais son
ombre toute nue est mise au grand jour. L'ombre validera-t-elle la source ?
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Posté Le : 12/04/2012
Posté par : sofiane
Ecrit par : El Yazid Dib
Source : www.lequotidien-oran.com