Algérie

Des soupçons sur une concurrence biaisée



Des soupçons sur une concurrence biaisée
Les billets sont chers parce qu'il n'y a pas de véritable concurrence. Les compagnies s'entendent sur le dos des clients», déplore un membre de la communauté algérienne en France.Comme lui, ils sont nombreux à se demander s'il n'y a pas un duopole ou un oligopole autour de cette destination. Dans les dernières semaines, la communauté algérienne en France s'est manifestée par des actions de protestation contre les tarifs d'Air Algérie. Ce à quoi le parton d'Air Algérie, Mohamed Salah Boultif avait réagi, en expliquant les efforts faits par la compagnie nationale via des tarifs promotionnels (mais limités en nombre de places) qui ont fait baisser de moitié le prix des billets.Salah Hadjab, porte-parole du collectif contre la cherté du transport en Algérie (CCTA), affirme que la situation du marché sur la desserte Paris-Alger ressemble à un «duopole» impliquant Air Algérie et Aigle Azur. Tout en précisant ne pas détenir de preuves, il souligne pourtant la proximité des tarifs pratiqués par les deux compagnies. Sur le site web des compagnies, on peut remarquer que seuls Air Algérie et Air France offrent les mêmes dates de vol. En dehors des promos, la compagnie française est souvent moins chère que la compagnie nationale en haute saison (1er juillet jusqu'au 10 septembre). Il faut compter pour Air France 364 euros entre le 1er et le 10 juillet, et jusqu'à 459 euros pour un retour le 28 août. Pour la compagnie nationale, un billet avec un retour à partir du 28 août est à partir de 487 euros. Pour Aigle Azur, le prix du seul billet retour à partir du 26 août est à plus de 388 euros. Quant à Air Méditerranée, qui offre également des dates différentes des deux premiers transporteurs, ses tarifs se rapprochent beaucoup plus d'Aigle Azur dont ils se situent à moins de 30 euros de différence. En dehors de la période estivale, Air Algérie et Aigle Azur affichent des tarifs moins onéreux avec une différence d'à peine quelques euros. Pour Lyes Snoussi, patron d'une agence de voyages, l'entente est tacite. «Officiellement, il n'y a pas d'accord, mais officieusement les compagnies étrangères ne peuvent pas proposer des prix plus bas que le pavillon national.»Contactée à ce sujet, la direction de la communication d'Air Azur nous a indiqué qu'aucun responsable n'était «disponible» pour répondre à notre sollicitation.Pas de réponse non plus au niveau d'Air Algérie dont le patron a déjà réfuté par le passé cette thèse, affirmant qu'il n'y a ni «monopole» ni entente avec les autres compagnies pour pratiquer un certain niveau de prix.Préférences 'De son côté, Air France nous a assuré qu'«il n'y a pas d'entente» sur les prix entre les compagnies. «Nos tarifs sont établis par le département centralisé ??Revenue Management & Pricing'' à Paris qui prend en considération les spécificités de chaque marché. Il s'assure de la compétitivité de nos tarifs pour les différents segments de clientèle et à ce titre s'assure que l'écart tarifaire avec nos concurrents est justifié en fonction de l'écart de produit et de l'évolution des réservations de la ligne.»Pourtant, du côté des voyagistes et des voyageurs on reste perplexe. La CCTA estime qu'Aigle Azur jouit d'une certaine préférence au niveau des autorités algériennes, ce qui l'amène à s'aligner sur les prix d'Air Algérie. «Elle n'a pas intérêt à orienter ses prix à la baisse faute de quoi elle sera rapidement écartée du trajet et serait dans l'impossibilité d'opérer dans le ciel algérien», soutient Salah Hadjab. Air France apporte de l'eau à son moulin en indiquant dans un courrier transmis à la CCTA que «la desserte aérienne France-Algérie n'est pas libre et est soumise à un accord bilatéral, la plupart des trajets sont limités à un transporteur français et la place est le plus souvent prise par Aigle Azur.»Le site web des Aéroports de Paris répertorie huit destinations desservies par Aigle Azur en Algérie à partir de Paris, contre une pour Air France et 3 pour Air Méditerranée. Alger est la seule à recevoir plus d'un transporteur français. Pour Salah Hadjab, la concurrence est seulement apparente. Elle est soit «complice» dans le cas d'Aigle Azur, soit «bridée» dans le cas d'Air France. Pour certains voyagistes, la vraie concurrence se fait «sur les services». La preuve, «tout le monde critique Air Algérie, pourtant en haute saison c'est complet parce qu'elle est plus souple que les autres compagnies. Si vous arrivez en retard, vous ne payez pas de pénalités, à la différence des autres compagnies», explique la propriétaire d'une agence de voyages.Pour autant, les clients d'Air Algérie espèrent surtout la voir faire un effort sur les tarifs, tout en restant lucides. Un prix plus bas serait synonyme de «faillite» pour la compagnie compte tenu de ses tares (retards, sureffectifs, copinage?), estime la CCTA. C'est d'ailleurs l'une des raisons qui expliquent la fermeture du marché au low-cost, selon Salah Hadjab. Ce dernier «obligera Air Algérie à rationnaliser ses moyens humains, matériels et financiers. Ce qui est la seule façon de pénétrer dans le monde de la performance, la modernité, la compétitivité et de la haute qualité des services et prestations.»




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