Algérie

Des snipers torpillent le cessez-le-feu au camp de Nahr Al-Bared Liban, terrain de toutes les man?uvres



« Irhamouna ! Ayez pitié de nous ! Tous les gens sont sous les décombres, des enfants, des femmes. Il n'y a pas de combattants ici, sauvez-nous, appelez les princes, les chefs d'Etat...». C'était le cri entendu, hier, de l'intérieur du camp de Nahr Al-Bared où 45.000 Palestiniens subissaient un bombardement intensif de l'armée libanaise. «Les blessés sont dans les rues et on ne peut les secourir... Il n'y pas de zone sécurisée, ce sont toutes les maisons qui sont ciblées. Il n'y a aucun combattant de Fatah Al-Islam, ils sont aux abords du camp et non à l'intérieur du camp qui subit le bombardement». Des voix de Palestiniens pris en otages dans une terrible escalade intervenue alors qu'un cessez-le-feu avait été conclu en vue de permettre l'évacuation des blessés et l'arrivée des vivres. Qui a ouvert le feu au moment où les équipes de la Croix-Rouge s'apprêtaient à entrer dans le camp ? Il n'y a aucune réponse évidente. Certains, notamment l'armée libanaise, accusent le groupe de Fatah Al-Islam d'avoir pris l'initiative de tirer sur les militaires libanais. Les membres du groupe de Fatah Al-Islam nient. Des Palestiniens accusent une tierce partie, des snipers libanais en civil qui auraient tiré en direction du camp pour faire avorter le cessez-le-feu. Un responsable palestinien du FPLP-CG a directement accusé des partisans de Rafic Hariri d'être ces snipers qui ont ruiné le cessez-le-feu. Le résultat est que le cessez-le-feu est mort-né. L'armée libanaise a lancé des bombardements meurtriers sur le camp où des civils sont en situation de péril. Les affrontements ont fait au moins 66 morts en deux jours, mais ce bilan ne tient pas compte des victimes de l'intérieur du camp encerclé et pilonné par l'armée libanaise. Au moins 9 civils ont été tués hier. Les affrontements étaient intenses alors que d'épaisses colonnes de fumée montaient du camp de Nahr Al-Bared. Quarante-six personnes, dont 27 soldats libanais, avaient été tuées dimanche au cours de combats entre forces de l'ordre et militants du Fatah Al-Islam. Une femme de 63 ans a été tuée et dix autres personnes blessées dimanche soir lors d'une explosion déclenchée probablement par un engin piégé dans le quartier chrétien d'Achrafié, à Beyrouth. La situation allait dans le sens de la dégradation dans un contexte libanais tendu et ouvert aux manoeuvres des puissances extérieures. Le spectre de l'embrasement des camps de réfugiés Si toutes les forces libanaises ont apporté leur soutien à l'armée, les divisions libanaises restent plus fortes que jamais. L'opposition libanaise estime que le recours à la solution sécuritaire n'était pas viable et était porteur de graves dangers. Les forces palestiniennes tentent de circonscrire le problème et éviter une montée des tensions dans les camps de réfugiés. Abbas Zaki, membre de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), a déclaré après une réunion avec le Premier ministre libanais Fouad Siniora que les camps de réfugiés palestiniens ne devaient pas être «l'étincelle qui déclenche une guerre civile». Le problème est que l'armée libanaise bombarde de manière indistincte l'ensemble du camp et cela commence à susciter des réactions de colère. Le spectre d'un embrasement de l'ensemble des camps est réel. L'inquiétude des Palestiniens est que l'on semble vouloir, à travers le groupe radical mystérieux de Fatah Al-Islam, remettre en cause le statut des camps de réfugiés palestiniens. Né d'une scission de Fath Intifadha, le groupuscule Fatah Al-Islam comprendrait quelques centaines de combattants. Cette crise grave intervient dans un contexte d'aggravation de la crise libanaise. Les partisans du gouvernement se sont d'ailleurs empressés, comme d'habitude, d'accuser la Syrie d'être derrière le groupe de Fatah Al-Islam. Damas a aussitôt démenti. Le chef de la diplomatie syrienne, Oualid Moualem, a affirmé pour sa part que son pays était opposé au Fatah Al-Islam et souhaitait que ses dirigeants soient arrêtés. «Nos forces les traquent, en utilisant même Interpol», a-t-il dit à l'université de Damas. «Nous sommes opposés à cette organisation. Elle ne défend pas la cause des Palestiniens et ne cherche pas à libérer la Palestine». En début de soirée, le pilonnage de l'armée libanaise contre le camp se poursuivait. Des informations, non confirmées officiellement, faisaient état d'un engagement du gouvernement libanais à cesser les bombardements des concentrations humaines. Les réfugiés de Nahr Al-Bared se préparaient à une autre nuit de bombardements.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)