Algérie

Des signes qui ne trompent point !



«Aujourd'hui, je le dis : je suis le seul responsable. Ce sont mes choix! Donc, j'ai choisi et j'assume», avait conclu Rabah Saâdane, lors de sa dernière conférence de presse, en se référant, au passage, au légendaire Hollandais volant, le footballeur Johan Cruyff, célèbre pour son dicton : «Mieux vaut mourir avec ses idées et ses choix qu'avec les choix des autres.». Sans commentaires. Point barre à la ligne !

En véritable maître à bord, voilà un homme qui n'a pas peur de peser ses mots en affichant pleinement ses réelles intentions. Ça passe ou ça casse. Une semaine après, la sortie médiatique fracassante du sélectionneur national, n'arrête pas de faire couler beaucoup d'encre au sein de la presse généralisée et spécialisée. Elle continue de soulever de multiples interrogations au sein des clubs sportifs qui ne veulent pas reconnaître la débâcle interne du sport roi. Elle a aussi apporté de l'eau aux moulins de nombreux amateurs de la balle ronde.

L'amer constat de SaÂdane

Ainsi, en dévoilant, le 4 mai dernier, la liste des 25 joueurs présélectionnés pour aller défendre les couleurs de l'Algérie, dans un peu moins d'un mois du début du prochain mondial, l'entraîneur national Rabah Saâdane n'est pas allé par des chemins tortueux pour crier ses quatre vérités sur les toits du football local. Il a touché du doigt là où il le fallait. Par ailleurs, il a parfaitement abordé, sans aucun détour, le problème de la formation des joueurs locaux qui ne peuvent, aucunement, prétendre à aller jouer en Coupe du monde, au vu et au su de leur faible niveau actuel. C'est un premier signe qui ne trompe pas ! Presque pas de joueurs de champs présélectionnés, juste un maigre défenseur et 3 gardiens de but dont un nom va sauter de la liste finale, le 31 mai prochain, à l'issue du stage préparatoire après avoir salivé la rivalité avec l'appel en renfort du goal Wahab Raïs M'bolhi, qui ne va rien lâcher en arrivant à bon port, lui qui a fait montre de ses ambitions en faisant dernièrement un essai au sein du prestigieux club de Manchester United. Qu'on ne soit pas surpris si les futurs joueurs titulaires de l'EN soient tous des pros. Et c'est un autre signe qui ne trompe pas !

Depuis le début des qualifications, le boss Saâdane a misé énormément sur la sélection des joueurs professionnels pour ne pas perdre son temps, s'exclamait-il, à apprendre aux locaux les rudimentaires ABC du foot. Il veut, sans doute, insinuer que le niveau d'instruction de certains ne leur permet pas l'assimilation des schémas tactiques. Encore que quelques-uns ont un comportement de gamins gâtés. Il ne gérera pas des situations inextricables. Une fois de plus, c'est un signe qui ne trompe point ! Ce que beaucoup de présidents de clubs ou entraîneurs n'osent pas l'avouer publiquement. Ils ne veulent surtout pas faire leur mea culpa, puisqu'ils sont partie prenante de la formation actuelle, en excluant quelques très rares satisfactions. Ils demeurent scotchés à leur fauteuil en profitant au maximum de la belle situation, sans apporter une quelconque amélioration.

Une formation horrible

En étayant les dires de Saâdane, le technicien Ahmed Slimani a jeté l'éponge en démissionnant de l'équipe de Chlef, au cours de cette semaine, avouant son impuissance en claquant la porte du club. La cause? Ses ex-joueurs rechignent devant l'effort aux entraînements. C'est un indice supplémentaire qui signifie beaucoup de choses !

 Une autre preuve, chaque semaine les arbitres éprouvent des grosses difficultés à diriger une partie de foot, compte tenu de l'ignorance par les acteurs des 17 lois de l'international Board, les règles régissant une rencontre du ballon rond.

 Donc, le maestro Saâdane ne s'en cache pas la face, en le clamant haut et fort, devant la presse nationale et internationale, sans aucune honte ni une quelconque dérobade, ni une furtive esquive. De plus, il enfonce durement le clou en encensant l'apport des joueurs professionnels.

 «Jamais l'Algérie ne se serait qualifiée pour l'Afrique du Sud, sans leur concours exceptionnel », lançait-il courageusement. Et vlan ! Une claque de plus à ces messieurs. C'est un signal fort qui ne trompe plus ! La vérité blessera certains de nos soi-disant dirigeants de clubs de foot mais elle est plus que nécessaire pour mettre les pendules à l'heure et les remettre à leur véritable place. Mais ces revanchards l'attendront au tournant au moindre couac.

 Le mérite d'aller en CM, rajouta-t-il, c'est autant grâce au président de la FAF qui a convaincu les joueurs expatriés, les plus réticents à venir jouer en équipe nationale. Il ne s'arrêtait, en sa compagnie, de faire des incessants allers-retours, afin d'arracher leur participation en EN. Les indices financiers et de confiance sont indubitablement pour beaucoup de choses.

Une Équipe A' loin du diapason de l'Équipe A

Et puis Saâdane, comme il l'accentue davantage et sans ménagement, n'a pas du tout apprécié les sorties de l'équipe A', composée des joueurs du cru, lors de ses deux dernières confrontations contre la Libye. L'équipe n'a dû son salut qu'au but inscrit, en réduisant la marque durant les toutes dernières minutes, contre une équipe qui est loin d'être un foudre de guerre. C'est clair, net et précis de la part du coach national qui n'a pas versé, comme le font certains, hypocritement, dans la langue de bois. Ça vient du fond de son cÅ“ur et de sa pensée. Il ne tombe point dans la démagogie. Chapeau à vous Mister Saâdane.

SaÂdane, un exemple À mÉditer ?

Dommage que les responsables, exerçant dans toutes les autres activités publiques du pays, ne prennent pas comme modèles les propos du cheikh. Ce qu'on apprécie chez Rabah Saâdane, c'est cette franchise qu'il répand sans arrière-pensées. Il ne souhaite pas susciter de faux espoirs en s'aventurant à s'encombrer de nos joueurs locaux. Il est pragmatique. Il veut tabler sur les meilleurs atouts. Il préfère et de très loin, avoir sous sa coupe un joueur qui n'est point titulaire dans une équipe de seconde zone en Europe que d'être titulaire en 1ère Division de notre piteux championnat local qui, chaque week-end, apporte son lot de scandales à répétitions. Et puis, depuis que l'EN s'est qualifiée en CM, le championnat est, de plus en plus, délaissé, abandonné par les adeptes du ballon rond qui ne vivent et ne jurent que par les exploits de la bande à Saâdane.

Mais dommage que Saâdane n'est pas allé assez loin dans sa logique. En tous les cas, il a posé un problème comme aucun politique n'oserait le faire. Son discours est simple, direct et sans ambages.

La formation, le dernier maillon

Le mal qu'il suscite est donc celui de la formation en particulier des footballeurs et sous-entendu celle des cadres et sous cadres, en général. Du plombier jusqu'au professeur d'université. Que ce soit au foot ou ailleurs, la formation nécessite un redressement salvateur. M. Saâdane ne nous a pas dit davantage. A juste titre, ce n'est pas son rôle. Son objectif est d'avoir à sa disposition des joueurs performants pour monter une équipe qui gagne, qui ne soit pas ridicule en Afrique du Sud. «Faîtes-nous confiance» comme il l'a si bien dit, à la fin de sa rencontre avec la presse.

 Pourquoi l'on est arrivé à cette situation ? Saâdane n'est pas un politique mais il a posé le problème mieux que quiconque. C'est un constat déplorable de l'actuelle situation. Les solutions le dépassent, elles ne sont pas entre ses mains, elles sont ailleurs. Lorsque vous lisez les titres de la presse sportive ou vous entendez, à gauche et à droite, ce qui se trame dans les derniers matchs des différents championnats, les calculs occultes des uns et des autres pour une probable descente ou une possible montée, vous vous dîtes que l'on est pas encore sorti de l'auberge, malgré une qualification en CM. On ne peut pas faire du neuf avec un vieux système.

UN Bac A PROGRAMME PARTIEL

Paradoxalement, nous avons tous lu, dernièrement, dans les journaux et avec un grand point d'interrogation que le ministère de l'Education nationale va incessamment fixer le seuil du programme sur lequel vont être examinés les candidats à la prochaine session de l'examen du baccalauréat, qui va débuter le 6 juin prochain ! Cette question nous démontre, de façon flagrante, que la formation de nos futurs bacheliers va être entachée d'énormes lacunes. Heureusement que les cours particuliers imposés par certains enseignants, au nez et à la barbe du ministère, sauvent quelque peu la mise. Le comble est que ces cours privés se dispensent même pour le niveau du primaire.

 Le ministère de notre Education nationale reconnaît donc, de façon quasi officielle, que les lycéens ne termineront en aucun cas le programme officiel concocté pourtant par des spécialistes en la matière après de mûres réflexions, d'inlassables commissions associant tous les principaux acteurs de l'Education nationale.

 Si pour les élèves des classes terminales, on dépense beaucoup d'énergie pour essayer d'aller le plus loin possible dans le programme, que dire alors pour les secondes et premières années secondaires ? Ces derniers élèves subissent alors plus d'insuffisances que leurs aînés. Si nous descendons plus bas, ça doit être le même principe qui sévit. Plus on accède à l'échelle supérieure et plus les défauts s'entassent impitoyablement dans les cervelles des préjudiciables.

Lorsque les futurs bacheliers arrivent aux portes de l'université, ils ne seront pas au bout de leur calvaire, c'est le désastre attendu qui creuse allègrement son lit. Un élève alourdi par des carences ne pourra jamais rattraper pédagogiquement son retard dans l'apprentissage.

A quand l'investissement dans la matière grise ?

Le ministère sait pertinemment que les rentrées retardées et les grèves cycliques sont les conséquences directes de ce désordre. Certes l'Etat inaugure, chaque semaine, des écoles et des lycées, un peu partout dans le pays, mais il s'investit principalement dans les murs. L'intérieur des édifices en pâtit. Les pouvoirs publics doivent revoir la politique dans les ressources humaines si on veut sortir de ce marasme profond. L'être humain est le pion fondamental de l'échiquier. Sans la matière grise, rien ne bouge, rien ne marche, rien ne se produit.

Les mÊmes dÉgÂts à l'universitÉ

Depuis quelques années, les universités fleurissent un peu partout dans le pays. L'Etat a construit des sites universitaires plus beaux les uns que les autres et qui coûtent les yeux de la tête au Trésor public. C'est un concours en granit, marbre, boiserie Mischler, ornements à vous couper le souffle et j'en passe, à faire pâlir les universités occidentales. C'est tout le contraire pour la formation qui régresse d'année en année. Comme si on travaille plus dans l'abstrait que dans la réalité. On veut mettre à perte la charrue avant les bÅ“ufs.

Le système LMD qui prévoit 15 semaines d'enseignements par semestre honore à peine la moitié du volume horaire dans certaines disciplines ou les deux tiers pour les établissements les plus chanceux. Ce n'est pas moi qui l'affirme. Allez donc faire un tour dans nos campus et faîtes le bilan par vous-mêmes. Posez la question aux premiers enseignants rencontrés sur place, aux étudiants et vous découvrez le sensationnel ! Si on rajoute les rentrées universitaires qui se font avec 2, voire 3 mois de retard pour les plus avancés, en plus des grèves, par ci et par là. Des associations super politisées qui bloquent les recteurs dans leurs camps retranchés, ou barricadent les amphithéâtres à double tour.

 Que reste-il pour l'année scolaire ? Un indice terrible: nos étudiants ne sont pas facilement acceptés dans les universités françaises et européennes, comme d'il y a quelques lustres. Ils doivent passer par des tas de tests. Sinon, ils ne leur restent qu'à se rabattre sur des universités arabes de second plan, peut-être pires que les nôtres. C'est comme Ziaya, il a préféré partir à l'Ittihad de Djeddah au lieu du FC Sochaux où la concurrence pour gagner sa place, est plus rude à arracher.

 D'ailleurs, en évoluant en Arabie, il a perdu toute motivation pour les couleurs nationales car il sait à l'avance que la place de titulaire en EN ne sera pas une sinécure. Un nième signe qui ne trompe jamais !

Les pouvoirs publics au secours !

La balle est donc dans le camp des pouvoirs publics qui peinent à dénouer les situations inhérentes, telles que la question des salaires et des revendications récurrentes liées à la stabilité de la profession. Sans ça, on continue à produire, à tout va, de la médiocrité dans tous les domaines. Et c'est encore, une fois de plus, le pays qui en souffrira davantage. Un monstrueux signe qui ne trompe pas !








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