Algérie

Des savants sortis de l'oubli



Des savants sortis de l'oubli
Après son inauguration la veille par le ministre des Affaires religieuses et des Waqfs, Mohamed Aïssa, à l'Institut culturel islamique de la ville, de nombreux conférenciers se sont succédé, hier, pour exhumer des personnalités qui ont marqué leur époque par des travaux en matière de théologie ou de sciences profanes. Le savoir était alors pour une large part éclectique. C'est ainsi que Mezhoudi, enseignant d'histoire à l'Université de Batna, a évoqué la figure d'Abou Yacoun El Warguelani, qui a vécu dans la mythique ville de Warglan (à ne pas confondre avec Ouargla), près de Sedraten, cités ensevelies par les sables. « C'est un maître qui a vécu au 12e siècle. Il est quelque peu méconnu, d'autant, dit-il, que c'est un ibadite qui intéresse peu la majorité. » L'intervenant a affirmé qu'il « fut le premier, lors d'un voyage au Soudan, à avoir fait référence à l'équateur terrestre que les Européens ne connaîtront, selon lui, qu'au 17e siècle. » Il a été beaucoup question, également, lors de cette seconde journée, d'Abou Mediene Choaib et de l'émir Abdelkader, maîtres soufis qui se sont illustrés dans la poésie mystique ou diverses branches de la théologie. Lahcène Taouichikhat, chercheur marocain, a parlé de trois manuscrits de l'Emir conservés aux archives nationales de son pays dont un exemplaire du célèbre livre « El Mawaqifs » et quelques poésies. D'autres conférenciers ont rappelé, en outre, le rôle et l'importance de villes comme Tlemcen, Fès, Bejaïa, Cordoue et des écrits d'El Maqari de Abderrahmane El Akhdari ou d'Ishak Ibrahim Tfayech. Originaire de Beni Izguène, dans le M'zab, ce dernier, décédé en décembre 1965, a eu une activité de publiciste en Tunisie puis en Egypte où il a pris part à la vie culturelle et politique. A travers la figure d'Abu Abdellah Echerif, contemporain d'Ibn Khaldoun, et de Lissane Ibn El Khatib, le professeur Bendaoud de l'Université de Tlemcen a fait une incursion dans l'ère des Almohades et des Zianides où « foisonnaient les institutions éducatives et les polémiques entre savants ». « Quelques sultans, comme Yaghmoracène, avaient une sollicitude envers les hommes du savoir comme Ettenessi à qui le dernier cité fit appel pour répandre le savoir », a-t-il affirmé. Toutefois, les membres de l'Association des ulémas, à l'instar de Fodil El- Warthilani ou de Bachir El-Ibrahimi, se sont taillés la part du lion lors des interventions des conférenciers. D'autres figures, si on ne limite pas la résonance d'un travail au monde arabo-musulman et à la langue arabe, ont porté haut et fort la voix de l'Algérie . On citera, entre autres, Ali Hammami, Jean-Amrouche ou Malek Bennabi. L'évocation de Mohamed Benchenab, qui au début du 20e siècle, a entrepris un travail de recherche et de sauvegarde du patrimoine, a quelque peu rétabli l'équilibre. Il ressort au terme des interventions que le courant d'échanges intellectuels et humains entre notre pays et le reste du monde, notamment islamique, n'a jamais cessé. La recherche du savoir donnait lieu à des voyages et des débats dans les vastes étendues de la oumma, favorisés, ensuite, par « la hidjra » née de la colonisation, très importante à la fin du 19e siècle et au début du vingtième. C'est à ce mouvement, qui a concerné des milliers de familles, que s'est intéressé le professeur Chetra, de l'Université de M'sila, fournissant des statistiques très détaillées. On peut, cependant, regretter que la majorité des conférenciers se soient limités à présenter la vie et les ?uvres des ulémas. Peu se sont attardés sur les relations avec les autres courants religieux et les pouvoirs, mais surtout on note l'absence de tout lien ou analyse comparative des problématiques présentées avec des faits d'une actualité brûlante. Il est à signaler que les participants au colloque, qui se clôture aujourd'hui, ont eu droit, dans la matinée d'hier, à une visite au musée du chahid Mohamed-Chabani. Cette institution a une activité éditoriale et renferme des documents et des objets immortalisant la mémoire nationale et celle de la Wilaya VI historique.




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