Les spécialistes de l'antiquité ont toujours mis en avant l'importance de cet endroit, où fut érigée la vieille ville ottomane.
Dans le vacarme des alentours, il est impossible de s'en rendre compte : des ruines romaines ont été découvertes dans le site Lalahoum, à la Basse-Casbah. La foule humaine, qui se pressait parmi les étals des nombreux revendeurs de la grande rue, ne jetterait pas un regard même discret à ces vestiges cachés derrière un mur d'enceinte. Laissé durant quelques années aux quatre vents, le site de la place des Martyrs a été clôturé. Des commerçants ont pris l'habitude d'y entreposer leurs cartons et des étals. Aucune plaque n'a été placée sur le portail d'entrée cadenassé. Cette partie de la ville attire plus par la présence de nombreux marchands de babioles que par ces quelques ruines de l'antiquité romaine. Un bazar, fait de tôles et de ferrailles, a été ouvert sur l'autre trottoir de la rue Bab El Oued, envahi par le marché informel.
Les spécialistes de l'antiquité ont toujours mis en avant l'importance de cet endroit, où furent érigés la vieille ville ottomane et par la suite les immeubles modernes de l'époque française. Nacéra Benseddik, antiquisante confirmée, s'est intéressée à cette période et à la présence romaine dans cette partie de la ville Icosium en écrivant une monographie historique et archéologique. S'appuyant sur les recherches de l'archéologue et historien français, spécialiste de l'Algérie romaine, Stéphane Gsell (Atlas archéologique de l'Algérie), elle mettra en exergue l'importance des ruines découvertes et encore celles enfouies.
«Le plan de S. Gsell signale aux n°11, 12 et 13 les vestiges d'une voie d'allée sud-nord, à peu près de la même orientation, large de 5m85, bordée de trottoirs de 2m60 en arrière desquels se dressaient des blocs cubiques, restes des chaînes de pierre de taille qui armaient les murs des maisons. Les chantiers de fouilles de sauvetage du quartier Lallahoum, resté inachevé depuis près de 10 ans, ont confirmé l'importance de cette zone. Au nord, les fouilleurs ont mis au jour une vaste maison de l'époque romaine tardive dont la partie partagée de la cour, pavée de mosaïques, est dotée d'un bassin semi-circulaire en opus tessalatum figurant dauphin, poissons et canards. Sur le même site, des silos de la fin de l'antiquité ou du Moyen-Âge et des chapiteaux de l'époque ottomane attestaient la continuité de l'occupation humaine. La fouille interrompue, le site a été presque totalement abandonné», signale Nacéra Benseddik, dans un article publié dans Lumières sur la ville, EPAU-Dalimène, Alger 2004.
Depuis ce constat fait par l'antiquisante, qui déplore l'abandon des nombreux sites découverts à Alger, des choses ont été signalées à cet endroit. La station de bus a été délocalisée. Des travaux de sondage archéologique, réclamés par les spécialistes, ont été lancés presque au même moment que le projet du métro, dans le cadre du Plan permanent de sauvegarde et de mise en valeur des secteurs sauvegardés (PPSMVSS).
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Posté Le : 07/06/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Nadir Iddir
Source : www.elwatan.com