Algérie

Des revalorisations sans impact



Des revalorisations sans impact
Au cours de cette décennie, les salaires ont été marqués par une courbe ascendante que ce soit dans le secteur économique ou la Fonction publique. Les bilans du gouvernement, ceux de l'Union générale des travailleurs algériens (Ugta) et du patronat, qui a bénéficié de nombreux allègements fiscaux, le montrent clairement. Ces résultats, sont le résultat de la multiplication des mouvements sociaux dans plusieurs secteurs. Ces mouvements sont cycliques, puisqu'ils reviennent régulièrement faute d'une prise en charge des revendications exprimées ou tout simplement pour l'inadéquation des mesures prises pour juguler ces mouvements avec les préoccupations des travailleurs. Mais, la principale raison de la persistance du malaise sociale est la dégradation continue du pouvoir d'achat. Il y a eu certes des revalorisations conséquentes. Cependant, sans grand impact sur le pouvoir d'achat. Et pour cause, ces hausses sont vite rattrapées par les prix. Ce n'est pas uniquement le cas pour les produits alimentaires mais également pour d'autres catégories de dépenses, tel le loyer. Tout au long de cette période, dans l'objectif d'améliorer la situation sociale des travailleurs, une série de mesures, dont certaines exceptionnelles, ont été appliquées. Ainsi, à titre illustratif, depuis janvier 2012, le Salaire national minimum garanti (Snmg) a été relevé à 18 000 DA, suivi d'un relèvement du montant minimum de la pension des retraités à 15 000 DA, et d'une revalorisation des pensions et allocations de retraite selon un taux dégressif variant entre 30% et 15%, selon le montant de la pension et de l'allocation.Les dépenses sociales de l'Etat n'ont d'ailleurs fait qu'augmenter pour atteindre des seuils alarmants. Le gouvernement a même décidé d'élaborer une loi de finances complémentaire 2012 pour prendre en charge les augmentations salariales décidées par les pouvoirs publics, notamment la hausse du Salaire national minimum garanti (Snmg) et la revalorisation des retraites.Mais pour quels résultats et surtout pour quel impact sur la situation sociale de ces catégories sociales ' C'est justement à ce niveau que réside le problème. Les augmentations salariales sont automatiquement suivies par des hausses vertigineuses des prix. En d'autres termes, ce qui est donné d'une main est vite repris de l'autre main. Les produits alimentaires qui étaient abordables il y à peine quelques mois sont devenus inaccessibles. Légumes frais, viandes rouges, viandes blanches et poissons sont cédés à des prix exorbitants dépassant parfois toute imagination. Les consommateurs ne font que subir cette spirale inflationniste devant l'inefficacité des systèmes de régulation mis en place comme le Syrpalac (Système de régulation des produits agricoles de large consommation) qui a montré ses limites avec la crise de la pomme de terre. Entamée au début de l'année, cette hausse des prix se poursuit au grand dam des consommateurs. Les bilans de l'Office national des statistiques (ONS) relèvent d'ailleurs depuis janvier un rythme d'inflation haussier, lequel est passé de 4,9% en janvier, à 5,3% en février et à 5,9% en mars. Rien que par rapport au mois de mars de l'année dernière, l'indice des prix à la consommation a augmenté de 10,12%, un taux à deux chiffres.Cette situation, inadmissible pour l'Ugta et le Conseil national économique et social (CNES), est jugée conjoncturelle par le département de Benbada à qui incombe en grande partie la mission de régulation. C'est l'explication qui est donnée à chaque épisode inflationniste sans pour autant convaincre les citoyens affaiblis pour cause de pouvoir d'achat de plus en plus laminé, l'un des plus bas d'ailleurs de la région Moyen-Orient-Afrique du Nord selon différentes études. L'urgence d'instaurer une politique salariale étudiée et de renforcer la lutte contre la spéculation se fait de plus en plus ressentir. Faudrait-il pour cela, jouer sur plusieurs facteurs en associant tous les secteurs. Il s'agit surtout de reprendre sérieusement le débat sur la redéfinition du Snmg, dont la hausse profite beaucoup plus aux hauts cadres de l'Etat qu'aux petites bourses fragilisées par l'inflation.
S. I.




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