Algérie

Des retards, des surcoûts et des interrogations



Les exemples de projets devenus de véritables gouffres financiers et qui ont saigné le Trésor public à cause des retards dans la réalisation, sont légion dans cette région.De tous les grands projets lancés en réalisation ces vingt dernières années dans la wilaya de Tizi Ouzou, aucun n'a été achevé dans les délais contractuels ou encore avec les mêmes enveloppes budgétaires, annoncés à leur lancement. Malgré les surcoûts, souvent faramineux, que génèrent les retards accusés dans l'achèvement de ces projets, l'administration ne semble point s'en inquiéter en dépit du contexte de crise économique qui devait logiquement conduire, en tout premier lieu, l'autorité publique à être plus ferme envers les entreprises en matière de respect des délais de réalisation pour éviter les rallonges budgétaires qui ne constituent pas, en réalité, autre chose que du gaspillage. Les exemples de ce genre de projets devenus de véritables gouffres financiers et qui ont saigné le Trésor public à cause des retards dans la réalisation, sont légion dans cette région. Après le projet de la voie ferrée Thénia-Oued Aïssi, qui a été entamé en 2004 avec une enveloppe de 15 milliards de dinars et achevé, après son électrification, en 2016 avec un budget de 63,3 milliards de dinars, le nouveau stade de 50 000 places, toujours en cours de réalisation à la sortie ouest de la ville de Tizi Ouzou, demeure le cas le plus édifiant de ce manque de fermeté des autorités concernant le respect des délais. Ce projet, confié à l'ETRHB Haddad, inscrit en 2005, lancé en réalisation en 2010 pour un délai initial de 40 mois, n'est toujours pas achevé. Durant les innombrables visites effectuées sur chantier, les différents ministres, qui se sont succédé à la tête du département des Sports, se contentaient, à chaque fois, de proroger, sans rechigner, les délais de réalisation. Récemment encore, le ministre de la Jeunesse et des Sports, Mohamed Hattab, a prolongé ce délai à décembre 2018. Résultats des courses : avec 5 ans de retard, le coût du projet est passé de 35 à 46 milliards de dinars. Le projet de la pénétrante qui devra relier la wilaya de Tizi Ouzou à l'autoroute Est-Ouest, sur une distance de 48 km, risque de subir des surcoûts non moins importants, tant le projet accuse déjà un grand retard. Lancée en 2013 pour un délai de 48 mois, cette pénétrante devait être livrée, selon les délais contractuels, durant l'année 2017, mais en juillet 2018, seul un petit tronçon de 2 kilomètres a pu être mis en service. Pour ce qui est de son financement, un montant de 55 milliards de dinars a été annoncé à son lancement. Aujourd'hui, les autorités parlent déjà d'avenants qui ont fait augmenter le montant du marché à 63 milliards de dinars. En visite dans la région en juin 2017, le ministre des Transports, Abdelghani Zaâlane, a déclaré que, dans un premier temps, "seul un tronçon de 10 km peut être livré", ajoutant que "l'achèvement des deux tronçons restants vont certainement nécessiter des réévaluations et des avenants" et que "cela dépend donc des disponibilités financières". Avant lui, Abdelkader Ouali, alors ministre des Travaux publics, avait exprimé une vive colère quant au rythme d'avancement des travaux de ce projet confié à un groupement algéro-turc. Mais depuis ce coup de gueule vite oublié, plus personne ne semble se soucier du respect des délais et de ses conséquences financières.
À ces projets budgétivores s'ajoute également celui du téléphérique Bouhinoune-Redjaouna lancé en 2013 pour un délai de 24 mois et un budget de 490 milliards de centimes, qui accuse déjà un retard de plus de trois ans, avec tout ce que cela charrie comme conséquences financières. Les mêmes conséquences financières des retards, dont personne, à l'exception de l'APW, ne semble se soucier, guettent également de nombreux autres projets, tels que le centre de préparation des équipes nationales à Aghribs, le barrage de Souk n'Tléta, la réhabilitation de plusieurs infrastructures hôtelières publiques et bien d'autres encore. Ni les projets structurants ni ceux sectoriels n'échappent aux réévaluations, et donc aux surcoûts générés par ces retards qui risquent d'affecter même leur rentabilité. La situation des projets annoncés, mais vite gelés au début de la crise économique, risque de se compliquer davantage.
Samir LESLOUS


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