Dans la préface au livre La bataille d'Einaudi, le professeur Gilles Manceron synthétise ce qu'on peut savoir aujourd'hui sur le jeu politique alors que la fin de la guerre d'Algérie rendait les politiciens fébriles : «Dépossédé du dossier algérien mais conservant la charge du ??maintien de l'ordre'' en France même, Michel Debré n'avait comme ??carte'' pour tenter de compromettre un accord à Evian que celle consistant à déclencher une répression massive contre les immigrés algériens. L'événement s'explique finalement par les graves dissensions au plus haut sommet de l'Etat entre le président de la République et le Premier ministre.» «Mais, faire la lumière sur le 17 octobre 1961 amène aussi à pointer le fait que le général a laissé faire le crime comme sa dissimulation.Dans sa stratégie délicate pour éviter une guerre civile avec les jusqu'au-boutistes de la colonisation ? l'OAS ? et pour parvenir à faire sortir la France de son passé colonial sans une nouvelle crise de régime, il a contribué, lui aussi, à l'occultation du massacre. Une occultation qui a été, encore davantage après lui, au c?ur des préoccupations de tous les responsables politiques de la droite française. Il leur a fallu effacer la coupure idéologique profonde qui s'était produite, au sein même du courant gaulliste, au début de la Ve République, quand il s'est agi d'accepter ou non l'indépendance de l'Algérie.Le 17 octobre 1961 est un événement symptôme de cette rupture.» Une rupture qui conditionna la restructuration de la vie politique dans les décennies suivantes, à droite surtout (Pompidou, Giscard, Chirac et Sarkozy) mais aussi à gauche, puisque ni Mitterrand ni Hollande n'ont été capables de lever le voile sur cet événement qui fut la pustule inguérissable de l'esprit du colonialisme finissant mais toujours vivace.
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Posté Le : 17/10/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Walid Mebarek
Source : www.elwatan.com