Algérie

Des relations de travail normales dans le football



La Fédération algérienne de football vient de lancer un avertissement aux clubs professionnels leur demandant de faire en sorte que leurs joueurs soient payés à la fin de chaque mois. On s'aperçoit que plus on avance dans le professionnalisme et plus la pression s'amplifie sur les clubs qui ont opté pour ce système.
En fait, ces derniers se disent professionnels mais continuent à être gérés comme ils l'avaient été lors des saisons précédant cette nouvelle donne. Une décision de justice a, récemment, donné raison à trois ex-joueurs du CRB dans le litige qui les opposait à ce club. Il s'agit de Mounir Dob, Mohamed Talis et Ishak Ali Moussa. Le Chabab va devoir passer à la caisse et payer pour des erreurs de gestion de ses anciens dirigeants. Ce club est, d'ailleurs, particulier : il est celui qui a le plus été traîné devant les tribunaux et dans tous les cas il a perdu.
Avant les trois joueurs cités plus haut, Fayçal Badji et Nour Benzekri avaient, eux aussi, gagné le procès qu'ils avaient intenté à ce club. Ce sont tous des ex-employés du Chabab qu'ils avaient quitté sans avoir été payés au dernier centime. Ils étaient, pourtant, signataires d'un contrat. Le problème est de se demander de quel contrat il s'agissait. Si nos souvenirs sont bons, le professionnalisme, tel que nous le concevons de nos jours, c'est-à-dire avec des clubs érigés en sociétés commerciales inscrites au registre du commerce, n'existe que depuis deux ans.
Cela veut dire qu'avant cela, nous avions affaire à des clubs sportifs amateurs censés ne pas faire du profit, donc ne pas employer des joueurs qu'ils payaient. Mais on sait que notre football, depuis l'abrogation du Code de l'EPS en 1989, avançait la tête en bas. Il y avait des clubs juridiquement amateurs qui utilisaient de l'argent à profusion sans un contrôle sérieux. C'est justement le contrôle qu'il s'agit de cibler.
Celui-ci ne pouvait venir que des assemblées générales, mais tenaient-elles vraiment leur rôle ' Certainement pas. Au CRB, par exemple, comment ces dettes envers Ali Moussa, Talis, Dob, Badji et Benzekri ont-elles pu être acceptées ' Il faut être réaliste. Si les bilans financiers avaient été établis avec sérieux, ces dettes seraient apparues et les AG auraient dû rejeter le bilan présenté par le président de l'époque.
C'est facile de dire que le nouveau venu doit tout prendre, l'actif et le passif, le tout est de voir si le club est suffisamment aisé sur le plan financier pour supporter de telles dépenses.
Il ne faudrait pas croire que le CRB soit une exception. On connaît d'autres joueurs qui nous ont fait part de leurs déboires avec leurs clubs respectifs. Eux ont choisi de ne pas aller en justice alors qu'ils auraient pu avoir gain de cause comme les ex-sociétaires du Chabab. Il semblerait, d'ailleurs, qu'il y ait eu une sorte de bouche à oreille qui a bien fonctionné dans ce club entre joueurs qui se connaissent bien.
Avec la nouvelle donne imposée par la FAF, on entre dans l'ère de la relation de travail normale, celle qui doit exister entre un employeur et son employé, le premier étant tenu de respecter les délais de paiement des salaires. La FAF fait bien d'agir de la sorte. Elle cherche à éviter aux clubs d'aller à la dérive sur le plan financier et de s'endetter vis-à-vis des joueurs.
C'est à ce prix qu'on évitera la faillite de ces clubs encore que nombre d'entre eux sont depuis longtemps dans une situation financière des plus critiques.




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