Algérie

Des réflexes du parti unique ou comment oeuvrer pour la bonne démocratie en Algérie



Des réflexes du parti unique ou comment oeuvrer pour la bonne démocratie en Algérie
Un projet de révision de la Constitution n'est pas chose anodine. Lorsque ce projet dit vouloir renforcer la démocratie, il devient forcément important, voire critique. Que le chef d'un parti au pouvoir, comme le FLN, veuille accompagner ce texte en permettant à son parti d'y apporter son soutien à défaut de sa contribution, il n'y a rien d'étonnant. Que le SG du FLN exprime son désaccord vis-à-vis d'un ou de plusieurs articles ou alinéas, il n'y a rien de plus normal non plus et que Saâdani crie haut et fort que son parti pèsera de tout son poids pour faire adopter le nouveau texte, cela aussi est, on ne peut plus clair, normal, légal et cela entre même dans les tâches les plus élémentaires du SG d'un parti au pouvoir.Là où cela ne va plus c'est lorsque, au sein d'un parti, fut-il au pouvoir, un SG ordonne aux militants de surseoir à leurs propres convictions, de laisser de côté leurs propres perceptions et d'accrocher leurs idées à la porte d'entrée du débat politique. Oui, cela ne va plus à partir du moment où, au nom de la démocratie, on ligote la liberté d'expression des militants. Tout tombe à l'eau dès le moment où l'on interdit aux autres ce que l'on se permet à soi-même.La cohérence étant l'une des qualités déterminantes en politique, il est difficile de comprendre comment le SG du FLN peut demander aux autres de défendre le nouveau projet de Constitution sans retenue alors que, lui-même, a dérogé à cette conduite lorsqu'il a manifesté sa désapprobation d'un certain article de ce projet. Comment peut-on comprendre qu'il exige des militants d'avoir une même opinion alors que la sienne est différente de celle qu'il cherche à leur imposer puisqu'il a dit son désaccord avec l'article 51' Et que l'on ne nous sorte pas, de grâce, la question de discipline de parti parce que c'est cette même discipline qui aurait dû imposer à Saâdani de défendre tout le texte proposé par Bouteflika qui n'est autre que le président d'honneur du FLN et non d'émettre des réserves contre l'article 51. Pour exiger des autres d'être disciplinés, il faut commencer par faire preuve de discipline soi-même.Sur un autre plan, n'est-ce pas que ce projet de texte cherche à mettre en place ou à renforcer les assises d'une démocratie en Algérie' Dans ce cas, la meilleure manière de le servir n'est-elle pas de laisser les gens s'exprimer en toute démocratie au sein du parti ou en dehors de ses structures'Pourquoi faudrait-il canaliser les mots, choisir les déclarations, trier les hommes, lister les intervenants' Est-ce là un réflexe formé par une soixante d'années de gestion non démocratique du pays ou bien est-ce là la résurrection de certains comportements de parti unique que l'on croyait oubliés à jamais' Peut-être les deux à la fois!Finalement, il n'y a pas que dans certaines mouvances que les individus ont la conviction de détenir la vérité absolue. En ordonnant aux militants de ne dire que ce qu'ils ont envie de dire, le SG du FLN vient de nous prouver que l'illusion d'être détenteur de la vérité est beaucoup plus partagée qu'on ne le croit. Du moins chez nous!Beaucoup de mauvais comportements ont conduit aux erreurs par le passé et au présent et, parmi ces comportements, l'un des plus nuisibles est certainement celui qui consiste à leurrer les autorités, à tromper le commandement en caressant dans le sens du poil, à tendre le miroir déformant et vouloir plaire en évitant de dire les choses comme elles se présentent réellement, mais plutôt comme elles sont vues par les chefs dans ces miroirs de la décadence. Si l'on considère bien les choses, on observe deux types de responsables. Ceux qui savent faire leur travail, puisent dans leurs ressources, comptent sur leurs compétences et présentent les choses telles qu'elles sont, quitte à fâcher car ils savent que seule la vérité sert le pays et les hommes. Puis, il y a ceux qui, incapables de comprendre ce qu'ils font car démunis de toute compétence ou aptitude se mettent à vouloir pallier ces insuffisances par des subterfuges dont les dégâts dépassent leur petite personne.Aujourd'hui, devant un défi important, le pays n'a pas besoin que certains se mettent à vouloir plaire ou qu'ils soufflent dans le sens du vent. Le pays a besoin de ceux qui, sans hypocrisie et sans lorgner les intérêts vils et bas, peuvent dire les choses telles qu'ils les ressentent ou les comprennent; car c'est seulement ainsi que l'on peut servir la démocratie, l'Etat de droit et tous ces vieux rêves tombés en ruine et que notre génération n'aura peut-être pas l'occasion de voir se réaliser.




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