Algérie

Des récoltes et des élevages changent de main dans l'anonymat



Des récoltes et des élevages changent de main dans l'anonymat
On a beaucoup épilogué sur le commerce informel et le trabendo. Le sujet fait les choux gras de la presse nationale depuis des lustres. Les solutions préconisées par les pouvoirs publics pour endiguer le phénomène relancent à chaque fois le débat sur ce sujet complexe. Les étals de fortune, installés sur les trottoirs et les accotements des grands axes routiers, font partie dupaysage en dépit des actions menées épisodiquement par les autorités concernées pour, dit-on, éradiquer le marché noir. Le «fléau», autrefois contenu dans les villes et les grands centres urbains, déborde de sa matrice originelle et s'étend à tout le territoire. La zone rurale n'échappe plus, désormais, à ce négoce illégal. La vente des récoltes agricoles se déroule loin du regard indiscret des services du commerce. Dans les villages kabyles, comme partout ailleurs, les paysans cèdent leurs moissons à des intermédiaires, souvent étrangers à la région, qui en tirent profit à leur tour. Des chargements entiers d'olives changent de mains dans l'opacité la plus totale. Les anonymes acquéreurs refilent la précieuse marchandise, au prix fort, à des huileries domiciliées dans d'autres wilayas à faible potentiel oléicole. D'autres négociants font le porte-à-porte pour acheter de l'huile d'olive qu'ils acheminent, ensuite, dans les wilayas du sud du pays où le produit est très demandé malgré son prix.Profitant de l'inattention des services de contrôle de la qualité, certains indélicats «coupent» cette huile vierge kabyle avec d'autres huiles, beaucoup moins chères, pour maximiser leurs profits. On pourrait dire autant de la production des agrumes. Des champs d'orangers et de citronniers sontévalués et vendus à des tiers qui se chargeront de la récolte et de l'écoulement de la marchandise sur le marché. Les apiculteurs, les aviculteurs et les éleveurs font de même. Des grossistes de poulet de chair viennent d'Alger, de M'sila, de Mila, de Bouira et de Bordj Bou Arréridj pour s'approvisionner dans les villages les plus éloignés de la wilaya de Béjaïa sans aucune forme de contrôle ou de traçabilité du produit. Même le visa des services vétérinaires n'est pas exigé au cours du transfert des milliers de cages à poulets d'une wilaya à une autre. Les abattoirs et les unités de conditionnement dans beaucoup de wilayas limitrophes prospèrent grâce à ces petits producteurs qui cèdent leurs élevages au plus offrant dans l'anonymat absolu. Idem pour les produits de l'artisanat, qui se vendent en grandes quantités aux abords des routes et sur les plages durant la saison estivale. Il est vrai que tous ces intermédiaires jouent un rôle important dans le développement de l'économie rurale. Mais cette façon de faire risque de se révéler désastreuse sur le plan sanitaire et en matière de protection du consommateur. On doit absolument penser à réglementer tout cela pour pérenniserl'activité et éviter les risques inutiles. Les services agricoles, ceux du commerce et du contrôle de qualité, les associations de producteurs et les unions professionnelles ont beaucoup de travail à accomplir ensemble pour dépasser cette situation porteuse de dangers. Les autorités publiques ont ouvert, ces dernières années, plusieurs marchés de gros et de proximité -et prévoient la réalisation d'autres espaces du genre un peu partout- qui pourraient servir de lieux d'échanges à toutes ces marchandises rurales et paysannes. Un accompagnement sérieux de toutes ces activités sera certainementprofitable aussi bien aux producteurs et aux acquéreurs, mais également auxconsommateurs et à l'Etat.K. A.




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