Les nouvelles de Tarik Taouche sont surréalistes jusqu'à ne plus en pouvoir. A chaque auteur son style et cette manière d'écrire de notre auteur sort des sentiers battus. Un recueil où tous les personnages, les lieux, toutes les situations évoluent autour d'atmosphères presqu'inintelligibles et impénétrables. Pour peu qu'on aime cette sensation de perte de repères, d'extraordinaire, on ne lâche plus le livre. « La lectrice du journal » premier récit, est l'histoire d'une femme qui n'a plus tout à fait sa raison. Une marginale attachée à un quotidien depuis des années. Ni tout à fait aliénée, encore moins démente, la créature n'a pas de nom. Elle est, et c'est tout. Mais être sans mémoire, c'est errer dans les rues, se laisser aller là, où ne mènent pas les souvenirs. Individu en désaccord avec les autres, les hommes et les femmes et leur indifférence, la lectrice mourra seule tuée par un coup de fusil, pour avoir dérangé le sommeil de braves gens. Elle mourra à la minute où elle a un éclair de lucidité et qu'elle se retrouve. Les glycines, parure des murailles et clôtures. Ces grappes de fleurs mauves et violettes, au parfum pénétrant sont l'entame du texte « l'homme en noir ». Là, également, il y a un jeu de paroles, d'écriture sur les souvenirs. La nouvelle écrite à la première personne du singulier ne cède pas à cette impression obscure d'un environnement hostile, croyons-nous seulement. Quelques pages plus loin et l'auteur nous replonge dans un espace singulier et étrange. Encore une femme sortie des limbes du temps dans un jardin aussi énigmatique appartenant au monde des « hier ». Elle se ressource en cet endroit où les fourmilles, avisées petites bêtes, attirent l'attention de la dame au sac et du journaliste. Parce que lui est un rédacteur. S'ensuivent des rencontres et des dialogues entre la dame et le journaliste. Des mots intérieurs disant le secrets des âmes. Des peurs qui n'ont pas été domestiquées. L'homme en noir revient, il les hante tous les deux, chacun dans son monde inconnu. Il est le père, celui qui, disparu, hante par sa présence, par « les non-dits » et par l'éloignement. La quête de celui qui est, serait le géniteur parti une certaine année 1972. « h-1 », récit aussi anxieux que tout le reste du recueil. La lettre « h » est décortiquée, disséquée même. Elle est une plaque lumineuse, lettre support, l'heure convenue, déterminante dont chaque » unité est une page » de vie. Mais qui est Lalla ' Cette dame de l'ombre, la maîtresse de maison invisible, celle que le personnage recherche ' La compagne peut-être... « Lalla s'est vu pousser des ailes, elle a fini par fuir son purgatoire ... » Apparences contradictoires, monde réel immergé dans celui des rêves et de l'imaginaire. Deux états d'esprit , un va-et-vient entre l'état de veille et celui du sommeil. Un recueil destiné à des personnes averties dans ce genre littéraire, il laisserait perplexe le lecteur à l'esprit rationnel. Une belle écriture, intelligente et une capacité à maîtriser le verbe dans l'irréel. Leila Nekachtali« Schyzos, petites histoires de gens lambda », Tarik Taouche, Chihab éditions
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Posté Le : 27/02/2012
Posté par : archives
Ecrit par : Horizons
Source : www.horizons-dz.com