Algérie

Des questions restent posées



  Néanmoins, ils relèvent dans leur majorité que la question de la responsabilité dans la mort des 16 marins du cargo Béchar reste toujours posée et mérite de trouver réponse. En effet, lors du procès, les accusés ainsi que leur défense ont démontré que la perte de l’équipage, en cette fin du Ramadhan 2004, à la veille de l’Aïd, n’avait aucun lien avec l’état de vétusté du navire. Pour eux, les 16 marins sont morts noyés faute de secours. Lorsque les premiers bulletins d’alerte sont tombés, vers 16h, l’équipage aurait pu quitter le navire et ne pas attendre jusqu’à 23h pour être emportés par les vagues. N’ayant pu lever l’ancre qui était bloquée, les marins avaient la possibilité de se jeter à l’eau, comme l’ont fait deux de leurs collègues (encore vivants) et s’en sortir. Mais les promesses de leur venir en aide les ont laissés confiants, jusqu’à ce que la tempête devienne forte et les emporte.
Ce qui fait dire à de nombreux avocats que le procès aurait pu être «équitable et juste» si dans le box des accusés il n’y avait pas uniquement les cadres de la CNAN, mais également les responsables du Centre national des opérations de secours et de sauvetage (Cnoss), ceux du Centre régional de la coordination des secours dépendant tous les deux de la Marine nationale et du ministère de la Défense, et de la capitainerie du port d’Alger relevant du ministère des Transports. Un des avocats avait bien souligné lors de sa plaidoirie qu’«il est plus facile de poursuivre des cadres de l’Etat que de juger des cadres de l’armée». Un autre n’hésitera pas à faire le lien entre ce qui s’est passé à Bab El Oued en novembre 2001, en disant que ce ne sont pas les eaux qui ont tué les 670 citoyens, mais plutôt la décision de fermer les égouts et les avaloirs prise par l’armée pour des raisons sécuritaires. Abondant dans le même sens, un autre s’est demandé pourquoi la justice n’a pas poursuivi la direction d’Air Algérie pour le crash qui a eu lieu à Tamanrasset, en 2005, qui s’était soldé par la mort de 120 passagers ainsi que l’équipage. D’autres avocats expliquent que «la première condamnation a été décidée parce qu’il fallait donner une réponse au président de la République qui avait déclaré, au lendemain du naufrage, lors de sa visite au port, que les responsables de la tragédie devaient payer.» 
Pour eux, l’affaire n’aurait jamais suscité de poursuites si le naufrage avait eu lieu loin des regards, c’est-à-dire loin des sièges du Parlement, du Sénat, de l’ex-cour d’Alger… Il est évident pour l’ensemble des avocats que les familles des victimes sont en droit, plus que jamais, de réclamer des poursuites judiciaires contre ceux qui n’ont pas assumé leur mission de sauvetage.         


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