Algérie

Des putschistes contrôlent la capitale Niamey depuis jeudi : Coup d'état au Niger



Des putschistes contrôlent la capitale Niamey depuis jeudi : Coup d'état au Niger
Le règne controversé de Mamadou Tandja a été violemment interrompu, jeudi dernier, à l'issue d'un putsch qui a fait plusieurs morts et des blessés. Les auteurs : trois colonels qui composent le Conseil supérieur pour la restauration de la démocratie (CSRD). Le président déchu, qui a fait l'unanimité contre lui, est maintenu en détention. Des condamnations mitigées laissent supposer que le putsch était attendu, pour ne pas dire souhaité. Après un consensus, le président nigérien Mamadou Tandja a fini par être éjecté du pouvoir par trois de ses plus proches collaborateurs militaires. Le premier est Djibrilla Hima Hamadou, plus connu sous le nom de Pelé, chef des casernes de Niamey et également président de la Fédération nigérienne de football, qui avait pris part au coup d'Etat de 1999 contre Ibahim Baré Mainassara qui a mené Tandja au pouvoir. Le deuxième colonel et architecte du putsch est Abdoulay Adamou, commandant de l'unité des blindés à Niamey, une élite des forces armées nigériennes utilisée dans l'assaut du palais présidentiel, ce jeudi. Le troisième, Abdulkarim Goukoye, est le porte-parole du CSRD, une mission qu'il assumait au sein de l'armée nigérienne. Ces trois officiers ont profité de la tenue du Conseil des ministres, en début d'après-midi (jeudi), pour procéder à l'arrestation du chef de l'Etat, alors qu'il présidait cette réunion qui devait entériner la décision de retrait du Niger du Forum ouest-africain, prise par Tandja.Des tirs d'armes lourdes ont opposé les putschistes aux gardes du palais, faisant, selon des informations non confirmées, une dizaine de morts parmi ces derniers. Dans une déclaration lue à la télévision nationale, le porte-parole de la CSRD, le colonel Goukoye Abdoulkarim, a annoncé la suspension de la Constitution que Tandja avait fait amender avec force, la dissolution des institutions qui en sont issues, l'instauration d'un couvre-feu, la fermeture des frontières terrestres et aériennes (ces dernières mesures ont été levées hier en fin de journée) avant d'appeler la population « à garder le calme ». Hier, la presse locale a affirmé que des blindés gardaient toujours le palais présidentiel, les sièges de l'état-major et du ministère des Affaires étrangères, ainsi que les bureaux du Premier ministre.Le porte-parole du CSRD, Goukoye Abdoulkarim, a précisé que Tandja « se portait bien, qu'il est régulièrement suivi par son médecin ». Selon lui, « la situation est sous contrôle, qu'il n'y a aucune dissidence ni à Niamey ni à l'intérieur du pays », expliquant qu'« une partie des ministres sera relâchée incessamment », annonçant par la même occasion la création d'un organe de consultation. Il a précisé : « Pour le moment nous sommes à un stade de démarrage, nous allons créer un conseil consultatif qui va travailler de façon collégiale ; je ne décide pas tout seul, on décidera en groupe. C'est prématuré de répondre à ces questions. » Le porte-parole a souligné qu'une première réunion avec les putschistes a regroupé les secrétaires généraux des ministères des Finances, de l'Intérieur, de la Justice, des Affaires étrangères et de la Communication pour faire le point. « Nous leur avons donné des orientations par rapport aux actions urgentes pour assurer le fonctionnement de l'Etat ». « Une partie des ministres sera relâchée incessamment. »Pour nombre d'observateurs, cette fin de règne violente de Mamadou Tandja était prévisible. En voulant se maintenir au pouvoir à n'importe quel prix, le président déchu a fait l'unanimité contre lui. En août 2009, au lieu de s'incliner après deux mandats successifs (la limite prévue par la loi), l'ivresse du pouvoir l'a poussé à amender la Constitution à quatre mois de son départ pour obtenir une rallonge de trois ans à la tête de l'Etat, mais aussi pour lever le verrou qui limitait le nombre des mandats à deux. Cet amendement est passé en dépit du boycott de l'opposition, mais aussi du refus de la Cour constitutionnelle, qu'il a d'ailleurs dissoute pour avoir les coudées franches. La même décision a été prise à l'encontre du Parlement, lorsque ce dernier a fait état de sa désapprobation.Le Niger est entré dans une grave crise politique qui va l'isoler sur le plan international. La première réaction a été sa suspension de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) puis de l'Union africaine (UA). Tous les efforts de la Cédéao pour ramener Tandja et l'opposition à l'ordre constitutionnel d'avant août 2009 se sont avérés vains. Le Président déchu n'a fait qu'élargir le cercle des mécontents autour de lui, affaiblissant davantage son pouvoir à la tête d'un pays qui, en dépit du fait qu'il soit le troisième producteur d'uranium est classé à la 182e place (sur 182) sur la liste des pays à faible indice de développement, selon l'ONU. Près de 20% de sa population (15 millions d'habitants) est menacée de famine et de conflit armé au Nord.Les milliards de dollars que rapporte son industrie minière ne profitent qu'aux multinationales, comme la française Aréva qui détient le monopole de l'exploitation depuis plus de 40 ans. En dépit de sa position privilégiée sur le marché, des bénéfices colossaux que génère le minerais, les retombées économiques sur le pays sont dérisoires. Les régions du Nord, où se concentre l'industrie minière, restent les plus pauvres et sont à chaque fois frappées par des rébellions touareg. Ce qui a suscité des interrogations sur les liens qu'entretiendrait Aréva avec les fractions armées.Dans ce contexte, Tandja a créé la surprise en réclamant à Aréva la révision du prix de l'uranium mais aussi en ouvrant ce marché à des sociétés chinoises, indiennes et iraniennes. Les relations entre Niamey et Paris se détériorent. L'on se demande d'ailleurs pourquoi la France a presque banalisé le coup d'Etat alors qu'habituellement, elle est la première à condamner. En effet, des sources diplomatiques citées hier par l'Agence France presse (AFP) ont déclaré : « On savait qu'une partie de l'armée désapprouvait Tandja et son coup de force constitutionnel, on pensait jusque-là cette partie très minoritaire ('). Il y a tradition de coup d'Etat dans ce pays, mais on ne pensait pas que ça viendrait aussi vite. » Une réaction très mitigée des Etats-Unis également, qui ont exprimé leur « inquiétude » seulement.


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