Algérie

Des psychiatres s'interrogent sur l'absence de Fanon dans la psychiatrie algérienne


Des psychiatres s'interrogent sur l'absence de Fanon dans la psychiatrie algérienne
Des psychiatres ont estimé mercredi à Alger que l'apport de Frantz Fanon à la psychiatrie n'était "pas assez pris en compte" en Algérie malgré la pertinence de ses travaux à la fois dans le contexte de la colonisation et dans le contexte actuel.
Lors de la clôture du colloque "Esprit Frantz Fanon", des praticiens de la santé mentale se sont interrogés sur les raisons de la quasi absence du travail de Fanon dans le milieu de la psychiatrie algérienne en insistant sur la nécessité de sa remise au goût du jour à une époque de "perte de repères", en particulier chez les plus jeunes.
Pour Idriss Terranti, la proximité de la psychiatrie en Algérie avec la pratique de cette discipline en France fait que la premières subit encore "une trop grande influence" de la psychiatrie française, situation qui participe, selon lui, à cette à cette absence.
Il s'étonnera, d'ailleurs, que les 'uvres du psychiatre d'Antoine Porot, fondateur de l'école algérienne de psychiatrie contre laquelle Frantz Fanon construira son travail de psychiatre en raison du statut "inférieur" accordé à l'"indigène", étaient encore proposés aux étudiant en psychiatrie dans les années 80 en Algérie.
Le psychiatre algérien, affirme, en outre, avoir dénombré, seulement, douze publications, de spécialistes algériens sur le travail de Fanon en cinquante ans d'indépendance.
Selon lui, cette indigence de la recherche sur Fanon trouve son explication, surtout, dans l' "appauvrissement général de l'enseignement en Algérie" ces dernières années, et dans le statut de Fanon, considéré par nombre de psychiatres "plus comme homme politique que psychiatre", regrette-t-il en citant un article de Mahfoud Boucebci, un des plus grands psychiatres algériens, assassiné en 1992.
De son côté, l'ex assistante de Fanon, Alice Cherki, tout en partageant l'avis de son confrère, a insisté sur l'urgence de relire et d'enseigner Fanon aujourd'hui, à une époque où sa pensée peut être salutaire dans l'approche de réalités sociales caractérisées par des phénomènes de "violence retournée contre soi" et de "régression identitaire", soutient-elle dans une communication intitulée "Orphelins de Fanon '".
L'auteure de "Frantz Fanon, portrait" a rappelé que Fanon, par son 'uvre et son travail de psychiatre a proposé une "décolonisation totale de l'être au-delà du combat national" qui est, selon-elle, "plus que jamais d'actualité en Afrique tout comme en Occident".
La psychiatre voit dans la crise financière actuelle et ses conséquences un "écrasement des sans (sans travail, sans papiers etc..)" qui soumet les individus au "régime de la privation et du besoin" au lieu "du régime du désir qui est au fondement de l'être humain", reprenant ainsi l'analyse de Fanon sur la "déshumanisation du colonisé" par le système colonial.
Elle a, en outre, plaidé pour l'introduction de Fanon dans le système éducatif national "sous forme de fragments ou de dictée pour les plus jeunes", tout en réfutant le caractère "inaccessible" attribué à ses 'uvres.
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