Algérie

Des produits du terroir dans toute leur splendeur



Organisé par le club des associations des artisans de bijoux et ornements, en partenariat avec le musée Zabana, depuis vendredi se tient à Oran, et ce, jusqu' au 13 janvier 2020, au niveau du musée d'art moderne d'Oran (Mamo) : le premier carrefour de l'artisanat et des arts.Placé sous le thème de la nouvelle année amazighe, près d'une cinquantaine d'exposants y prennent part offrant une palette variée entre les bijoux traditionnels, souvent revisités par des touches de modernité, des toiles représentant la calligraphie arabe et des paysages artistiques, des tenues du terroir algérien. Des producteurs d'huiles essentielles et de miel sont également présents.
Parmi les présents que nous n'avons eu aucun mal à reconnaître, puisqu'il est devenu la coqueluche du réseau social Facebook, Ammi Mohamed Hocine, l'artisan de panier en alfa et osier.
Ce vieil homme aussi habile de ses mains que de la sagesse qu'il dégage, vit tant bien que mal de sa maigre retraite (15 000 DA). Un jour du mois de mai 2019, alors qu'il s'affairait comme à son habitude à fabriquer l'un de ses paniers fait main en osier, une passante s'arrête devant l'étalage de ses «?uvres» exposées dans la rue sur le trottoir.
Elle en fut immédiatement émerveillée et lui demande l'autorisation de l'aider, en prenant une photo de lui en plein travail, et de la mettre sur Facebook en mentionnant l'adresse aux Castors. C'est alors que ce post a été partagé près de 800 fois et beaucoup se sont rendus sur place pour lui acheter sa marchandise qui ne se réduit pas aux couffins.
On y trouve des corbeilles, des pochettes, des chapeaux? L'élan de solidarité autour de celui que tous appellent Ammi Hocine se poursuit, et il est actuellement présent au carrefour de l'artisanat et des arts où nous avons pu discuter avec lui.
Originaire de la wilaya de Relizane, Ammi Hocine dit qu'il pratique ce métier d'artisan de l'alfa depuis l'âge de 15 ans. «Jeune, pour moi il ne s'agissait que d'un passe-temps hérité de mon père. Une fois adulte, je devais travailler pour gagner ma vie.» Gardien sur des chantiers, le métier d'artisan le rattrape pour passer le temps puis, une fois à la retraite , il reprit cette activité pour arrondir ses fins de mois.
Un seul couffin nécessite près de deux jours de tissage à la main, d'autres produits qu'il expose au carrefour du Mamo sont l'?uvre, nous dit-il, «de femmes braves, mes voisines originaires comme moi du même patelin. On s'entraide pour réaliser tout ce qui est exposé ici, les gains ne sont pas si conséquents, mais j'aime ce que je fais».
Il se désole toutefois qu'il n'y ait pas de relève et que peu de jeunes veulent bien apprendre le métier. Même ses propres enfants n'ont pas émis le v?u de prendre la relève. Depuis le succès qu'il a connu grâce aux réseaux sociaux, il reçoit certes quelques commandes. Toutefois, le manque d'espace de travail freine son élan. «Je devais quitter le trottoir où je travaille et, grâce à la générosité d'une vieille voisine qui se désolait de ma situation, elle m'a offert l'hospitalité du garage de sa maison où à présent je peux travailler.» Du temporaire.
Un tel potentiel se perdra malheureusement avec Ammi Hocine qui ne demande qu'à transmettre son savoir-faire, pour peu qu'on l'aide à avoir les conditions dignes et adéquates pour travailler et perpétuer le métier.
Ceux et celles qui veulent aller voir le travail qu'il accomplit, à coup sûr, ils ne repartiront pas les mains vides tant ce qu'il confectionne est beau et utile.
Son stand est au deuxième étage du Mamo et ce, jusqu'au 13 janvier 2020.
Amel Bentolba


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