Algérie

Des procédés diaboliques



Des procédés diaboliques
Relais n «C'est le téléphone de mon mari, votre piège ne marche pas. Allez voir ailleurs. Nous n'avons rien à voir avec les passeurs».
Le lendemain, après une halte à In Salah, nous traversons la région d'El-Goléa la peur au ventre. Un appel téléphonique annonce à notre guide, qu'un barrage de la Gendarmerie nationale est signalé par l'éclaireur. «Nous devons prendre un autre détour, le terrain est probablement piégé», murmure le chauffeur. «C'est quoi ce langage de terrain piégé, de marchandises transportées '», avons-nous lancé au chauffeur qui commençait à devenir agaçant.
Voyant que cette façon de communiquer avec nous, n'était pas bien perçue, Khemiès explique qu'«il s'agit d'un barrage de routine, qu'il faut détourner. Avec les ''Verts'', il ne faut pas risquer l'impossible ni tenter le diable.». Le pauvre bougre de chauffeur, s'est contenté de nous adresser un sourire hypocrite, nous lançant un laconique : «Khawaf !».
Pour éviter une polémique avec ce chauffeur qui était là pour l'argent uniquement, puisqu'il s'agit d'un automobiliste qui loue ses services à ces groupes mafieux, nous nous intéressons aux autres véhicules transportant le reste des immigrants.
«Elles ne sont pas loin d'ici», répond notre guide qui semble pensif. «Je pense qu'il vaudrait mieux passer par Ouargla et rejoindre le lendemain Ghardaïa», dit notre guide à l'un de ses compères au téléphone. Le trajet jusqu'au chef-lieu de la wilaya des Oasis se déroule dans un calme plat. Nos amis maliens sont dans les bras de Morphée, nous en faisons autant. La fatigue a eu raison de nous, ce qui n'est pas le cas de ces habitués.
Arrivés à Ouargla, nous faisons escale dans la ville de Béni Thour en soirée le ventre creux, les paupières lourdes mais satisfaits de pouvoir rencontrer les autres groupes d'immigrants. Elles sont huit femmes et cinq hommes.
L'un des membres du groupe, s'interpose en nous empêchant d'approcher les citoyens étrangers transportés par ce groupe mafieux, mais nous glisse tout de même un numéro de téléphone. «Pas question de discuter avec eux, mais voilà un numéro de téléphone. Tu l'appelles demain pour connaître l'horaire de départ. C'est le monsieur chez qui nous allons passer le reste de la nuit». Une aubaine pour utiliser ce numéro à autre chose, beaucoup plus utile. A partir de notre hôtel, nous téléphonons. En fait, ce numéro de téléphone est celui d'une femme qui s'est rapidement aperçue de la supercherie. «C'est le téléphone de mon mari.
Qui le demande '», nous lance notre correspondante. «Nous sommes des personnes qui veulent parler avec votre mari pour une éventuelle prise en charge d'une Africaine qui est arrivée depuis une heure environ chez vous», avons-nous répondu. Nous subissons d'abord un véritable interrogatoire téléphonique, avant de nous voir assener : «Votre piège ne marche pas. Allez voir ailleurs. Nous n'avons aucune Africaine chez nous, sauf des invités venus de France pour passer des vacances. Nous n'avons rien à voir avec les passeurs d'étrangère», nous dit-elle sans que nous abordions avec elle le sujet des passeurs.
Le filon, c'est un routier originaire de la région qui nous a priés de taire son identité qui le donne. «Dès leur arrivée sur le territoire algérien, ils sont pris en charge par plusieurs taxis à destination de la capitale.
Coût de la course : 15 000 DA par tête jusqu'à Ouargla ou Ghardaïa, c'est selon le lieu de la halte, puis 10 000 DA par tête, jusqu'à Alger», ajoute un autre routier. 5 heures du matin, cap sur Alger. Le trajet de Ouargla en passant par Ghardaïa, Berriane, Laghouat et Boughezoul jusqu'à Alger se poursuit sans encombre, si ce ne sont quelques barrages facilement contournés.
En plus d'avoir contourné ces barrages, les trafiquants ont usé d'un procédé diabolique depuis Ouargla. Toutes les voitures étaient ornées de rubans vert, blanc et rouge, les convives, vêtues de tenues traditionnelles, faisaient en sorte qu'il s'agisse d'un cortège festif. Nous-mêmes avons été déchargés de nos «amis» maliens qui ont pris un autre moyen de locomotion.
R. K.


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