Entre Paris et Alger, le pragmatisme américain a-t-il choisi d'adopter l'approche algérienne pour trouver une issue à la crise au Niger, sans trop de casse ' Certes, les intérêts ne sont pas les mêmes pour les Américains et les Français. Les premiers tentent de sauvegarder leur influence sécuritaire dans la région, grâce à la présence d'un contingent militaire constitué d'un millier d'hommes et, surtout, la base militaire d'Agadez d'où partent les drones militaires qui couvrent pratiquement toutes les zones chaudes de l'Afrique de l'Ouest.Alors que les seconds sont plutôt penchés sur la préservation de leurs intérêts économiques, notamment l'exploitation de l'uranium qui fait fonctionner une partie des centrales nucléaires françaises, mais les affinités entre eux, sont si solides, ancrées dans l'histoire, qu'on a de la peine à croire à un déchirement entre eux.
De ces points de vue qui semblent, en effet, à l'opposé l'un de l'autre, faisant des Etats-Unis des défenseurs de la voie diplomatique pour obtenir le retour à l'ordre constitutionnel et de la France un soutien aux positions les plus radicales de la Cédéao, à savoir l'intervention militaire pour restaurer l'ordre constitutionnel, il existe, quand même, une raison commune aux deux pays qui laisse entrevoir le déploiement d'une nouvelle stratégie occidentale en Afrique. L'histoire nous apprend qu'il ne faut jamais croire à des divisions de rangs entre les Etats-Unis et la France ou des Européens entre eux, quand il s'agit de défendre des intérêts à travers le globe. La brouille peut exister, mais elle ne dure pas longtemps. Et, s'il ne s'agissait que d'un partage de rôles bien concerté entre ces parties au Niger ' Si l'un perd le second gagne, et le terrain ne sera jamais libre devant les autres concurrents, notamment russes et chinois, qui profitent du vide laissé par le retrait de la France pour s'installer dans plusieurs régions en Afrique. L'on se rappelle dans ce sens que les Etats-Unis, par la voix du Secrétaire d'Etat Antony Blinken, ont rapidement évacué toute responsabilité de la Russie dans ce qui se passe au Niger. Comme pour leur dire de rester en dehors de ce conflit où ils se trouvent engagés ' La diplomatie ce n'est pas toujours ce qu'on voit et ce qu'on entend. On soupçonnerait même que ce qui se dit au sujet d'une France qui «se fait doubler par les Etats-Unis» au Niger, ou d'une France qui «boude» les Etats-Unis à cause de son soutien à la solution diplomatique, n'est fait justement que pour laisser croire que plus rien ne lie les uns aux autres, dans ce dossier. Alors que leurs intérêts se rejoignent au bout de la logique, et que l'essentiel c'est de ne pas laisser le terrain vide, devant d'autres puissances avec lesquelles ni les premiers ni les seconds ne partagent la moindre affinité, bien au contraire. Pour l'Algérie, elle a clairement exprimé son souci sincère, à savoir éviter toute intervention militaire étrangère au Niger, synonyme de drames humains pour les Nigériens, et d'un embrasement dans la région du Sahel qui pourrait menacer sa sécurité nationale.
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Posté Le : 19/08/2023
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Abdelkrim Zerzouri
Source : www.lequotidien-oran.com