De toutes les façons que s'exprime en Algérie l'exigence dela reconnaissance par la Franceet son Etat, des méfaits et crimes commis en leurs noms durant la périodecoloniale, il s'est à chaque fois trouvé des confrères de l'Hexagone pour laprésenter non comme une exigence voulue par le peuple algérien, mais en tantque carte politique que le pouvoir à Alger exploiterait au gré de sesdifficultés internes, ou pour faire pression à des fins intéressées sur celuide Paris.Pour étayer cette vision, nos confrères français ontrecours à des poncifs approximatifs, voire franchement éculés. Dans cettelogique, ce sont, une fois, le courant islamo-conservateurdans le pays qui surferait sur cette exigence pour mettre en difficulté sesennemis laïco-modernistes; à une autre, c'est «l'ailedure» du pouvoir qui l'exploiterait contre on ne sait quel autre cercle de cemême pouvoir.L'opinion algérienne, ce qu'elle pense et comment elle vitce conflit mémoriel avec la France, nos chers confrères s'en tamponnent, étant entenduque pour eux il n'existe pas d'opinion publique en Algérie, où tout serésumerait au pouvoir et à ses relais s'exprimant en lieu et place des citoyens.S'il est vrai que dans les polémiques sur la questionmémorielle qui oppose Français et Algériens, le débat côté algérien est souventengagé par des personnalités ou des organisations proches du pouvoir, cela nesignifie aucunement que les citoyens de notre pays ne se sentent pas concernés,et encore moins qu'ils ne partagent pas l'indignation ou la colère qu'exprimentceux-là quand ils réfutent la vision négationniste de l'histoire telle qu'elles'écrit par la Franceofficielle, ou qu'ils réclament justice pour les souffrances historiques dupeuple algérien.Quand il s'agit de récuser le principe de repentance pour la France de ses crimescoloniaux, les mêmes plumes invoquent et insistent sur le refus de l'opinionfrançaise d'une telle attitude.Ainsi donc, le refus de la repentance serait un mouvementémanant de l'opinion citoyenne en France, alors que son exigencepar l'Algérie n'est qu'une manoeuvre politicienne de ses dirigeants et de leursclientèles.L'accueil extrêmement chaleureux réservé par le peuplealgérien à l'ex-Président Jacques Chirac lors de ses visites en Algérie acertainement contribué à induire les journalistes français à se laisser aller àleurs analyses et commentaires réducteurs concernant le conflit mémoriel. C'estpourtant en ces occasions qu'ils auraient dû comprendre qu'il existe uneopinion publique algérienne apte et capable de s'exprimer sans se laisserinstrumentaliser par le pouvoir et ses dirigeants.Elle a salué en Chirac l'homme d'Etat qui a courageusementet lucidement défendu dans la crise irakienne des positions qu'elle apleinement partagées. Le comportement des Algériens en ces circonstances neconstituait nullement désaveu des opinions exprimées dans leur pays sur laquestion mémorielle et l'exigence de repentance formulée à l'endroit de la France et de son Etat.Les Algériens ne sont pas d'accord avec leur pouvoir surune infinité de choses. N'en déplaise pourtant à certains confrères français, ille sont à 100% sur le problème de la mémoire et de la responsabilité de l'Etatfrançais pour les souffrances que le peuple Algérien a endurées pendant lapériode coloniale. Ils ne renonceront jamais à en obtenir la compensationmorale qu'est leur reconnaissance et la repentanceofficielle qu'elle implique.
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Posté Le : 05/12/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : Kharroubi Habib
Source : www.lequotidien-oran.com