Algérie

Des pistes pour une sortie de crise



Lachemi Siagh, docteur en management stratégique, vient de publier chez Casbah Editions un livre intitulé Algérie, les voies de la Re-naissance. L'ouvrage analyse, sans concession, la gestion calamiteuse du pays depuis l'indépendance et, surtout, depuis la promulgation de la loi de finances complémentaire 2009, qui a mené le pays au gouffre. Le livre est structuré en deux parties.Dans la première, Lachemi Siagh évoque une "Algérie mise à genoux", en abordant, notamment, l'expérience socialiste basée sur l'étatisme et la centralisation, et l'histoire économique des années 2008-2019 qui a vu la mise en ?uvre d'un "patriotisme économique démagogique". L'impact économique et social de ce "patriotisme économique" a été désastreux.
L'absence de transparence et de bonne gouvernance a eu raison de toutes les velléités de développement du pays. Alimentée par une flambée des prix des hydrocarbures, la corruption a été un immense brasier. Une bonne partie de la société a été corrompue et s'est consumée, les dirigeants, bien sûr, et de manière substantielle, mais aussi une grande partie de la population dans une gabegie des ressources, pourtant tellement nécessaires au développement d'une société moderne.
L'Etat était devenu le seul grand entrepreneur, notamment dans le secteur des infrastructures. Le secteur privé national a été marginalisé par l'effet de l'éviction découlant du contrôle quasi total des ressources financières par l'Etat et la diabolisation de l'investissement étranger. Les réformes économiques ont été reportées sine die et les possibilités de diversification de l'économie se sont amenuisées.
"On a assisté alors à un recours massif et inefficace à la dépense budgétaire, c'est-à-dire à un mode de croissance extensif, non créateur de richesse et d'emplois durables", relève Lachemi Siagh. La croissance du modèle économique algérien a produit de la pauvreté salariale et une concentration excessive des revenus dont a profité une nouvelle classe de prédateurs nommés oligarques et qui se sont arrogé des pouvoirs extraconstitutionnels.
Mais au-delà de ce diagnostic qui peut paraître "sévère et décourageant", Lachemi Siagh propose, dans la deuxième partie de son livre, une esquisse de projet de société, des pistes pour un véritable re-engineering du pays, réformes fondamentales et urgentes, une vision d'une Algérie moderne et prospère à même de rejoindre le concert des pays émergents d'ici à 2030.
Comme le soulignent les professeurs Taïeb Hafsi, titulaire de la chaire de management et stratégie à HEC Montréal, et Mohammed Lachemi, président de l'université Ryerson, Toronto, Canada, il faut retenir trois choses fondamentales que Lachemi Siagh offre, à travers son livre, aux lecteurs et aux personnes désireuses d'aider l'Algérie à survivre aux désastres du passé récent.
"On ne peut pas construire un pays dont la population a besoin de liberté, avec un système étatique centralisé. L'étatisme et la centralisation sont destructeurs pour tous les pays, mais en particulier pour l'Algérie. L'ouverture ne signifie pas seulement l'ouverture politique.
Elle doit être multidimensionnelle et toucher tous les secteurs de la vie nationale, en particulier l'économie. Ensuite, la connaissance est cruciale pour l'émergence et la survie." Finalement, le cri du c?ur de Siagh est moral. Il appelle les Algériens à ne pas céder à la facilité ou à la peur...

Meziane Rabhi


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