Algérie

Des personnels soignants anti-Covid d'Oran cherchent hébergement



Pour la direction de la santé, la reconduite de la convention de prise en charge du personnel hospitalier dédié à la lutte contre la Covid-19 ou leur transfert dans d'autres lieux pour les besoins de la quarantaine est du seul ressort de la wilaya.Plus de 80 membres du personnel hospitalier dédié à la lutte contre la Covid-19 de l'EHU 1er-Novembre et de l'hôpital de Chtaïbo ont été priés, lundi dernier, de libérer l'hôtel dans lequel ils étaient hébergés depuis l'apparition du coronavirus il y a neuf mois.
"Nous avons été expulsés de l'hôtel Mistral parce que la convention passée avec la wilaya était arrivée à terme. Comme le contrat n'a pas été renouvelé, nous avons dû quitter nos chambres et réintégrer nos foyers", s'est insurgée une infirmière exerçant dans l'unité anti-Covid de l'EHU d'Oran, qui avait pris part aux rassemblements de protestation devant le siège de la wilaya et de la direction de la santé et de la population. "Ce qui me chagrine est que j'ai dû rentrer à la maison au risque de mettre mes proches en danger. L'intérêt de l'hébergement à l'hôtel était de préserver nos familles des risques d'une contamination. Aujourd'hui, cette précaution a été réduite à néant par l'imprévoyance des autorités", a ajouté notre interlocutrice, ulcérée que les autorités locales "n'aient pas pensé à renouveler la convention".
Pour la direction de la santé, la reconduite de la convention de prise en charge du personnel hospitalier dédié à la lutte contre la Covid-19 ou leur transfert dans d'autres lieux pour les besoins de la quarantaine est du seul ressort de la wilaya. "Cela ne relève ni de l'hôpital ni de la direction de la santé. Le contrat a été passé entre la wilaya et le ministère du Tourisme. Nous n'avons aucune responsabilité dans ce qui s'est passé cette semaine", a fermement répondu une source de la DSP d'Oran, en admettant le "danger réel" encouru par les familles du personnel hospitalier, ainsi mis à la porte de l'hôtel.
Après deux jours de flottement, un début de solution a été trouvé pour une partie des 86 employés de la santé concernés. "Nous sommes quelques-uns à avoir été transférés à la maison de jeunes de l'USTO, mais nous ne bénéficions d'aucune prestation, pas même un frigo pour y conserver la nourriture", s'est plainte notre infirmière, qui s'interroge sur l'importance que les autorités accordent au bien-être des personnels de santé se trouvant en première ligne de la lutte contre le coronavirus. "On parle d'armée blanche mais, en réalité, ce ne sont que des mots. Nous sommes livrés à nous-mêmes, et à la première occasion on nous lâche", a encore affirmé notre interlocutrice.
Pourtant, ce ne sont pas les lieux qui manquent à Oran pour héberger les personnels soignants. "Il y a de nombreuses structures d'Etat qui peuvent être réquisitionnées. Si les pouvoirs publics ne peuvent pas assumer l'hébergement dans des hôtels privés, ils peuvent recourir à des établissements hôteliers publics, des maisons de jeunes..., ce ne sont pas les structures qui manquent", assure notre source de la direction de la santé, qui estime que la wilaya d'Oran dispose de moyens suffisants pour une prise en charge convenable des personnels de santé luttant contre la Covid-19. Au siège de la wilaya, toutefois, c'est le mutisme.
Aucune explication, aucune information sur les mesures envisagées pour l'hébergement-confinement des personnels soignants qui doivent impérativement vivre loin de leurs familles. "Il faut que des solutions soient trouvées dans l'urgence. Des collègues sont toujours auprès des leurs et constituent un danger pour leurs proches", exhorte l'infirmière de l'EHU en mettant les pouvoirs publics devant leurs responsabilités.

S. Ould Ali


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