Algérie

Des pères «ennemis», des enfants «amis»



Des pères «ennemis», des enfants «amis»
Expérience ? Peut-on parler de la Guerre d'Algérie dans le respect de la douleur des uns et des autres et sans remuer le couteau dans la plaie 'Le challenge est difficile au vu des passions qui entourent l'évocation de certaines questions liées à ce conflit comme la torture. Mais il n'a pas effrayé Mohamed Zerouki et Hélène Erlingsen-Creste qui l'ont relevé. Et avec brio. L'un est fils de chahid et l'autre fille d'un sous-officier de l'armée française mort en Algérie en 1958. De leur rencontre en 2010 est né le projet d'un livre qui a été concrétisé en 2012. Nos pères ennemis. Morts pour la France et l'Algérie. 1958-1959, est le titre qu'ils ont choisi pour cet ouvrage dans lequel ils racontent l'histoire d'Ibrahim Zerouki et Clovis Creste, «qui ont combattu dans les montagnes du Tell, entre Miliana et Chlef». Même si son père a été tué par les moudjahidine, Hélène Erlingsen-Creste n'éprouve aucun sentiment de haine ou de vengeance envers le peuple algérien. Bien au contraire, elle est animée d'une volonté manifeste de réconciliation. Une volonté qui l'a amenée jusqu'à Tacheta, là où son père a perdu la vie en octobre 1958 pour accomplir, au nom de son «cher papa», une mission, «la dernière, celle que lui n'a jamais pu faire». Cette mission consistait à connaître ces combattants qui ont affronté son père et que ses supérieurs lui présentaient comme des «barbares» et des «terroristes». En allant à leur rencontre, Hélène Erlingsen-Creste a découvert combien ils sont humains. «Partout, l'accueil fut chaleureux. Ces anciens soldats du FLN s'étaient fait un point d'honneur de m'escorter partout, pour qu'il ne m'arrive rien. Un peu comme s'ils avaient un engagement moral vis-à-vis de mon père», a-t-elle écrit à ce sujet. S'adressant à Mohamed Zerouki, Hélène Erlingsen-Creste n'est pas allée par trente-six chemins pour reconnaître la justesse du combat du peuple algérien : «Et je dois te dire, Mohamed, que si j'avais été algérienne et fille de ton père Ibrahim, j'aurais été fière de lui». Et au co-auteur de Nos pères ennemis. Morts pour la France et l'Algérie. 1958-1959 de lui répondre : «Et moi, si j'avais été français, j'aurais eu les mêmes sentiments pour ton père. Et je trouve que ta démarche est noble. Aller là-bas, chez les anciens adversaires de ton père. Chercher. Je trouve ça extraordinaire que tu aies été accueillie par d'anciens moudjahidine». Ce récit d'une histoire douloureuse, le premier du genre il faut bien le noter, se veut une contribution de ses auteurs aux efforts d'apaiser la mémoire et de dépassionner le débat autour de cette guerre pas comme les autres.




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