Algérie

Des pensionnaires se disent livrés à leur sort



Des pensionnaires se disent livrés à leur sort
Occupant une aile du dortoir et ne vivant que grâce à la solidarité du groupe, les pensionnaires encore présents à l'intérieur des bâtiments subissent stoïquement l'avanie de leur tutelle qui, disent-ils, n'a rien fait pour leur insertion dans la société.Ce sont des pensionnaires désemparés que nous avons rencontrés à la maison de l'enfance assistée de Benchicao, située sur le bord de la RN1, à 16 km au sud du chef-lieu de wilaya, lors de notre passage, lundi, dans cet établissement qui a fermé ses portes en septembre dernier. Livrés à eux-mêmes après le transfert des plus jeunes pensionnaires vers un autre établissement sous la même tutelle à Batna, alors qu'une quinzaine d'autres ayant atteint la majorité est abandonnée à son sort et dépourvue de tout moyen de subsistance. Occupant une aile du dortoir et ne vivant que grâce à la solidarité du groupe, les pensionnaires encore présents à l'intérieur des bâtiments subissent stoïquement l'avanie de leur tutelle qui, disent-ils, n'a rien fait pour leur insertion dans la société.Le manque de salubrité et d'hygiène est criant, et les mauvaises odeurs emplissent les lieux, car le bâtiment qui leur sert d'abri est en état de délabrement indescriptible, n'ayant visiblement pas reçu d'opération d'entretien depuis des lustres. Agés de plus de 30 ans pour le plus jeune, sans aucun lien familial, sans toit et sans travail, ils passent leur temps à broyer du noir, criant leur blessure d'être nés et devenus des pupilles de la nation. "Nous endurons l'abandon des autorités qui n'ont pas cru en leur devoir de nous trouver une solution en dépit de nos nombreux appels de détresse pour nous venir en aide. Notre situation est des plus déplorables depuis que la tutelle a décidé de fermer la maison, nous privant de tout, y compris du chauffage." Après avoir été admis dans la maison de l'enfance et y avoir grandi jusqu'à l'âge adulte, ils ne savent plus quoi faire ni où aller, n'ayant pas de travail et ne possédant pas d'autre toit pour s'abriter. Ils sont aussi victimes de l'indifférence de l'environnement social qui ne voit pas toujours du bon ?il cette catégorie de population. "Nous sommes ici 30 pensionnaires dont la moitié est mariée et vit en famille à l'intérieur du centre, alors que l'autre moitié est célibataire, ne pouvant se marier et fonder un foyer comme tout le monde, faute de travail et de logement", dira Guentas Mourad, pensionnaire.Ce dernier nous apprendra aussi que l'établissement a toujours été géré par une administration bicéphale incapable de prendre ses responsabilités envers ses pensionnaires et les autres occupants mariés. La contradiction notée est celle relative à l'affectation de 3 agents d'encadrement venus en septembre mais vite réaffectés dans d'autres établissements relevant de la même tutelle, a-t-il encore confié. "La situation que nous vivons est des plus dramatiques en dépit des nombreuses correspondances adressées aux responsables locaux et au ministère de tutelle, hormis le passage d'une inspection ministérielle qui est venue sur les lieux et fait des constats sans suite." Pourquoi ne donne-t-on pas d'intérêt à une catégorie particulière qui souffre des affres de la solitude familiale, en lui réservant un quota de logements pour permettre à ceux qui le peuvent de se marier, sachant que parmi ceux-là il y a des quinquagénaires, s'interroge-t-on.La proximité de la maison de l'enfance avec le centre pour personnes âgées illustre bien leur sort, c'est-à-dire condamnés à passer leur jeunesse et leur vieillesse au même endroit, et cela à quelques encablures seulement du cimetière de la localité, ironise-t-on


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