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Des partis politiques en apathie



Des partis politiques en apathie
De nouvelles têtes sont apparues aux commandes de certains partis politiques alors que d'autres, en revanche, attendent de pourvoir à une vacance de leadership qui tarde un peu trop. C'est le cas pour les principales formations politiques du pays, le FLN, le RND et le FFS (dont le cinquième congrès est annoncé pour la fin de ce mois). Ce «renouveau» ne semble pas toutefois signifier l'apparition d'une nouvelle génération politique plus en phase avec son temps. Loin s'en faut! Pour cela, il aura fallu que les dirigeants des partis politiques apparus à la fin des années 1980 et le début des années 1990 - du siècle passé, suite à la révolte d'Octobre 1988 - aient eu une véritable culture politique et qu'ils aient oeuvré pour rendre effectives dans leurs partis, les notions de bonne gouvernance, de transparence et d'alternance politique, non seulement gages, d'une hauteur de vue exemplaire, mais surtout d'une vision saine de la politique et des intérêts de la nation. Or, le constat est que les partis qui ont vu le jour dans le dernier quart du siècle dernier, ont repris - faute d'une véritable culture de militantisme à la base - à leur compte le schéma de gouvernance de l'ex-parti unique, le FLN, seul modèle partisan existant dans le pays. Le paradoxe est que le seul parti politique qui se rapprochait, peu ou prou, des normes usitées ailleurs dans le monde, est le Parti des travailleurs conduit par son désormais indéboulonnable porte-parole, Louisa Hanoune. Faire de la politique, c'est - faut-il le souligner - avoir des ambitions, des objectifs, un idéal, une base militante. C'est disposer d'hommes d'Etat capables de s'investir pour la République. Ce qui ne semble guère évident lorsque nous écoutons et entendons des «hommes politiques» faire l'impasse sur leur propre carrière politique, et allégeance à des hommes politiques d'autres formations. Ce n'est pas cela la politique, ni n'est représentatif d'hommes politiques qui se respectent et respectent leurs militants et leur environnement politique. Ce sont juste des «carriéristes» plus soucieux de leur propre durée que réellement intéressés à donner le plus dont l'Etat est en droit d'attendre de ceux qui se sont investis dans la politique. Au cours des dernières années, ce sont ceux-là mêmes qui brocardent un régime «militaire», ou «policier», qui ont été ses plus sûrs soutiens, participant, sans état d'âme à la pérennisation de ce régime, faisant ainsi obstacle à la relève et surtout barrage à l'émergence d'une jeune génération plus instruite, mieux formée, à même de prendre en charge les affaires du pays. Ce qui fait que la lecture du jeu politique en Algérie reste brouillée, ne renvoyant pas la réalité des rapports de force ou donnant une vision tronquée, sinon artificielle, de ces rapports. Le fait que le FLN, l'ex-parti unique et son alter-ego, le RND, n'arrivent toujours pas à trouver des remplaçants crédibles à Abdelaziz Belkhadem - blackboulé par le comité central du FLN - ni à Ahmed Ouyahia, démissionnaire. Les partis dit «démocratiques», comme le FFS et le RCD, ne sont en réalité que des ersatz, à petite échelle, du FLN reproduisant ce qu'il y a de plus suranné dans le vieux parti, singulièrement cette pratique du zaïm, à telle enseigne que le FFS, le plus vieux parti algérien, hors FLN, n'a pu, en cinquante années d'existence, produire les hommes politiques que ses militants étaient en droit d'attendre. Il a fallu arriver à 2013 pour que son leader, Hocine Aït Ahmed, concède la direction du parti qu'il doit officiellement quitter lors du cinquième congrès du parti. Ces remue-ménages dans ladite «classe politique» annoncent-ils une salutaire rupture avec des politiques partisanes qui, outre d'avoir mis en stand-by la saine pratique politique - qui permet l'émergence d'hommes d'Etat - ont ouvert les portes aux clans et des ententes par consensus, une suite de transactions, lesquelles ont mis le pays en coupe réglée, évacuant le débat d'idées et plus largement le nécessaire débat sur le projet de société, continuellement ajourné depuis 1962. Quel parti est aujourd'hui apte à initier les nouveaux combats pour les libertés brimées, pour l'alternance politique, pour l'émergence, enfin d'une véritable classe politique à l'écoute du citoyen et au service de la République' Eu égard au faux débat, plutôt à l'absence de débat sur la future révision de la loi fondamentale, il est permis de douter d'une volonté de changement laquelle semble ne pas exister.
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