Le ministre de la Communication, Nacer Mehal, justifie la fermeture des médias lourds, en particulier la Télévision, aux partis d'opposition et aux syndicats autonomes : «Nous ne sommes pas contre la diffusion des activités politiques. Si un parti organise une conférence de presse pour donner sa position par rapport à des événements d'actualité, on les couvre. Sinon, c'est inutile», assénait-il lors de son intervention, jeudi dernier, à l'Assemblée nationale. Dans sa réponse à une question des députés, le ministre reprend le même argument que celui avancé par ses prédécesseurs pour tenter de convaincre une opinion publique nationale avisée : «La couverture par la Télévision des activités des partis politiques se fait selon le degré de leur représentativité.»
A-t-il tort ' Le public, qui assume, faut-il le souligner, une partie des financements de la Télévision à travers les taxes, n'a jamais été autorisé à donner son avis sur les programmes de celle-ci. Les partis d'opposition, quant à eux, condamnent les propos du ministre. «Il n'appartient pas au ministre de décider de ce que doit regarder le public. La Télévision est un média public qui doit faire dans le service public. Le citoyen algérien a le droit de tout savoir et toutes les activités des partis doivent àªtre couvertes de manière équitable.», déclare Mohcen Belabbas, député et chargé de communication du RCD. Notre interlocuteur rappelle que les activités du RCD ne sont pas couvertes par l'ENTV depuis 2004.
Verrouillage audiovisuel à l'opposition
«Je crois que la Télévision n'est plus un service public, mais un service pour un seul décideur», dénonce-t-il.
Pour lui, le ministre de la Communication doit s'expliquer plutôt sur le verrouillage de l'audiovisuel qui oblige les Algériens à se rabattre sur les chaînes satellitaires, notamment les médias des pays arabes. «Le danger réside dans l'influence des chaînes étrangères sur l'opinion nationale. Il y a une volonté de revenir au système du parti unique. Nous sommes dans un pays où il n'y a pas de communication et débats contradictoires. L'accès à la Télévision est interdit non seulement aux partis d'opposition, mais également aux syndicats autonomes, aux intellectuels et à tous les acteurs de la société», déplore-t-il, en citant «l'absence de débats sur la révision constitutionnelle en 2008, sur la révision du code communal et bien d'autres sujets».
Pour sa part, Mohamed Hadibi, député du mouvement Ennahda, qualifie les déclarations de Nacer Mehal «d'irresponsables». «Ces propos sont contraires aux principes de la démocratie énoncés dans la Constitution. De quel droit prive-t-il les Algériens de débats sur des questions qui les concernent directement '», critique-t-il. M. Hadibi rejette aussi l'argument selon lequel les couvertures des activités des partis diffèrent selon leur représentativité. «Les élections sont truquées. On ne peut pas prendre leurs résultats comme un indice de la représentativité des partis. De plus, tous les Algériens l'ont remarqué, le pouvoir privilégie les partis qui partagent avec lui les richesses et les postes», lance-t-il. Mais, «le pouvoir se trompe dans sa stratégie, car il ne peut pas imposer la pensée unique dans cette à¨re des nouvelles technologies et de l'Internet», conclut-il.                                                             Â
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Posté Le : 03/10/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Madjid Makedhi
Source : www.elwatan.com