Des enfants, adolescents de tout âge, avec leur sac à dos. A midi passé,
devant certains établissements scolaires de certaines villes, notamment à Sidi
Bel-Abbès, des chaînes se forment devant les revendeurs de sandwich,
«Kalentika». Un autre filon pour les revendeurs après celui des tabliers. Ceci
serait lié aux exigences de la nouvelle organisation pédagogique.
Des milliers d'élèves sont contraints de reprendre leurs cours,
l'après-midi, à 13h30. Ils n'ont pas la possibilité de rentrer chez eux pour la
plupart d'entre eux, vu l'éloignement de leurs domiciles, car le délai imparti
par le ministère de l'Education nationale ne dépasse pas 90 minutes sinon moins
car, réglementairement parlant, la première sonnerie de la reprise des cours de
l'après-midi est fixée à 13 h 15mn. «Fort heureusement» que la première mesure
du ministre, à savoir la reprise des cours à 13h, n'a pas été retenue, sinon
cela aurait été pire. Cette situation chamboule le train-train quotidien des
parents et naturellement des premiers concernés, à savoir les élèves des cycles
du moyen et du secondaire. Des appréhensions avaient été formulées dès la fin
août passé quant à cette nouvelle organisation pédagogique.
Un «sursis» a été accordé aux
élèves pendant le mois de Ramadan, puisque les séances de cours sont réduites
(de 1 h à 45 mn) dans les trois cycles. Néanmoins, juste après l'Aïd, c'est le
retour aux heures normales de scolarité avec des emplois du temps établis en
fonction de la réorganisation de la semaine dans les établissements scolaires à
la suite de l'application de nouveau week-end.
Des parents d'élèves se
plaignent. A l'image de M.B., cadre de la santé, dont le fils fait le trajet d'un
kilomètre pour arriver à son lycée au centre-ville. En plus du trajet, d'autres
contraintes sont signalées.
Des contraintes dues à
l'«alourdissement» de la journée scolaire considérée par beaucoup de parents,
et même par des acteurs du secteur éducatif, de trop longue avec ses sept à
huit heures de cours.
Un président de l'association de
parents d'élèves de l'un des plus grands établissements de la wilaya de Sidi
Bel-Abbès, Morsli, ingénieur et ex-cadre de ENIE, dira : «on ne peut pas être
contre la décision du nouveau week-end, car il y va de l'économie du pays. Mais
en tant que parent d'élève, j'aimerai souligner que cette organisation commence
déjà à peser sur les élèves. A commencer par ma fille qui vient de rejoindre la
deuxième année dans ce CEM et qui, pour la première fois, à ce que je sache,
est arrivée en cette journée du 23 septembre fatiguée. Elle s'est endormie à
18h, chose étonnante pour une enfant dynamique. J'aurais souhaité que cette
brusque fatigue aurait été due à autre chose que leur emploi du temps très
chargé».
Et notre interlocuteur d'ajouter
: «pour mon cas, j'habite à 200 mètres de ce CEM, ma fille parcourt ce trajet
en 5 à 8 minutes, mais d'autres se verront refouler peut-être à l'entrée car,
habitant à une distance appréciable ne leur permettant pas de déjeuner et de
faire l'aller et le retour en 1 heure et quart. Pour ce problème là, nous avons
déjà saisi la direction de l'Education de la wilaya».
«Honnêtement, pourquoi
s'acharne-t-on à vouloir à tout prix développer notre propre organisation
pédagogique en la confinant dans l'étroitesse alors que des modèles très
modernes et ayant prouvé leur efficacité de par le monde, et surtout dans le
pays où j'ai personnellement été formé à savoir les USA, existent et
constituent une référence de taille. La rentrée scolaire pour ce pays débute
dès la deuxième quinzaine d'août avec un programme allégé qui permet aux
enfants de souffler largement. D'ailleurs, aux USA, les enfants dès quatre ans
ou moins sont à l'école. Pour notre cas, régler le problème de la concentration
des élèves dans les classes (42 et plus par classe) serait déjà une priorité
avant d'opter pour tel ou tel programme scolaire. On se demande, nous parents
d'élèves, quelle serait la méthode envisagée par les enseignants pour
transmettre le savoir à une classe surchargée (plus de 42) avec un volume
condensé comme c'est le cas, dans notre CEM».
Une reconsidération des horaires
doit être étudiée, suggèrent nos interlocuteurs, avec tous les concernés du
secteur. Bien sûr, d'autres parents peuvent voir la chose autrement et
préféreront le « fait accompli » du vendredi et samedi, mais ceux-là peut-être
ignorent les répercussions que cela engendrerait sur le long terme aux enfants.
Un autre président d'association
d'élèves d'un CEM à Sidi Lahcen a tenu, lui aussi, à faire part de ses
préoccupations concernant cette nouvelle organisation scolaire qui n'a pas pris
en considération le fond du problème qui est celui du volume horaire. «C'est un
problème de fond et non de forme qu'il faut régler», dit-il.
Un bénéfice pour qui?
A Oran, à Constantine, à Alger ou
à Ghardaïa, ce sont les mêmes inquiétudes suite à la réduction de la semaine de
scolarité à 4 jours et demi avec le report des quatre heures de l'ancien
week-end (les horaires de l'ex-matinée du jeudi) sur les quatre jours déjà
pleins (dimanche, lundi, mercredi et jeudi). Des horaires d'adultes appliqués
pour un organisme d'enfant ou d'adolescent.
Benbouzid avait annoncé, il y a
un mois, que l'école algérienne ne prodiguera pas de cours le vendredi car
cette journée est sacrée. La question du choix du nouveau week-end et du repos
du vendredi ayant été scellée et déclarée non négociable, une concertation
avait été organisée par le ministre de l'Education avec les syndicats du
secteur en août dernier, pour sortir avec des décisions qui devaient être
appliquées par les différents acteurs administratifs. Mais la participation des
pédagogues et autres spécialistes en la matière a été occultée. «Le secteur de
l'Education bénéficie de 2 journées et demie de repos. C'est un bénéfice pour
qui ?», s'interroge un spécialiste. En tous les cas, pas pour les élèves qui
auront des journées de classe plus chargées qu'avant au moment où, partout dans
le monde, la tendance est à l'allègement de la journée de classe. Il est clair,
la décision de ne pas travailler le vendredi matin ne répond pas à des
considérations d'ordre pédagogique.
Dans les pays qui ont un système
scolaire performant, le volume horaire annuel d'enseignement est réparti sur le
maximum de semaines possible pour réduire le volume horaire hebdomadaire et,
surtout, pour maintenir le nombre d'heures de classe par jour inférieur à 6
heures, ce qui n'est pas le cas chez nous. Des spécialistes des rythmes
scolaires s'entendent tous sur la nécessité de se concentrer sur l'allègement
de la durée de la journée de classe. Ils trouvent que six heures de cours par
jour c'est long, surtout pour les élèves en difficulté.
Par ailleurs, une étude a testé
l'influence de la durée du week-end (2 jours ou un jour et demi) sur les
performances amnésiques d'élèves de l'école primaire tout au long de la
première journée de la semaine, c'est-à-dire au retour du week-end. Les
résultats montrent que les performances en mémoire (taux de rappel et profondeur
du stockage d'informations) sont meilleures après une interruption d'un jour et
demi qu'après une coupure de 2 jours. Pour ce qui est du nombre de semaines et
d'heures de travail par année, un spécialiste dira que l'idée du ministre de
l'Education d'augmenter le nombre de semaines de travail est intéressante et
même incontournable pour s'approcher de la moyenne mondiale en terme de volume
horaire annuel de cours, surtout pour réduire le temps de travail par jour qui
est un facteur déterminant. Néanmoins, cela ne peut être appliqué pour l'année
scolaire 2009/2010.
Le ministère de l'Education a
proposé de réduire la séance de cours de 60 minutes à 45 minutes. De quoi
s'agit-il ? Un simple découpage du volume horaire de la journée de classe dont
la durée reste fixe ne change rien à la surcharge de la journée, même si la
réduction de la séance d'activité a une influence positive sur l'attention de
l'élève. Par contre, si on vise une réduction de 25 % du temps scolaire de la
journée, cela pourrait être intéressant dans la mesure où elle permettrait
d'alléger la journée de travail de l'élève. Mais cette réduction devrait être
conjuguée à l'augmentation du nombre de semaines de travail par année afin
d'atteindre le volume horaire annuel requis pour la réalisation de tout le
programme. Le changement d'activité, toutes les 45 minutes, permet aussi de
maintenir à un niveau élevé l'attention et la concentration de l'élève, sachant
que l'enfant ne peut fixer son attention longtemps sans relâchement. Dans tous
les pays qui ont un système éducatif efficace, la séance de cours dépasse
rarement 45 minutes aussi bien au primaire qu'au collège.
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Posté Le : 27/09/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : M Kadiri
Source : www.lequotidien-oran.com