Algérie

Des ONG exigent l'ouverture d'une enquête



Kamel Eddine Fekhar, décédé hier alors qu'il était en détention provisoire, sera enterré au carré des Mozabites au cimetière El Alia, à Alger. Sa dépouille transférée à Ghardaïa doit être ramenée à Alger pour autopsie, avant d'être accompagnée à sa dernière demeure. Mais la date de son enterrement n'est pas encore fixée.Le militant des droits de l'homme et activiste politique est décédé, rappelons-le, mardi dernier à l'hôpital Frantz Fanon de Blida, où il avait été évacué dans un état comateux. Sa mort a suscité moult réactions. Des partis politiques, des organisations et des personnalités nationales ont réagi. Ils ont tous dénoncé «la mort programmée» de Kamel Eddine Fekhar, emprisonné de manière arbitraire. Outre les associations nationales, les organisations internationales dénoncent aussi le sort réservé à l'homme.
Selon l'ONG Amnesty International, «Kamel Eddine Fekhar n'aurait jamais dû être arrêté». «Sa mort en détention exige des autorités algériennes qu'elles examinent leur traitement de Fekhar et leur bilan épouvantable en matière de droits humains. Les autorités doivent immédiatement ordonner une enquête effective, indépendante et impartiale sur les circonstances de son décès et traduire en justice toute personne soupçonnée d'avoir une responsabilité pénale dans cette affaire», explique l'organisation dans un communiqué rendu public hier.
Amnesty International invite aussi les autorités algériennes à revoir «leurs politiques répressives et le traitement honteux réservé aux militants et aux manifestants dans le pays et laisser un espace à la liberté d'expression et au droit de manifester pacifiquement». «Notre message aux autorités algériennes concernant les violations systématiques et répétées est le suivant : assez ! Il ne faut pas que ces violations se poursuivent, et l'impunité pour les graves atteintes aux droits humains doit être combattue», ajoute l'ONG.
Des marches nocturnes à Ghardaïa
La mort de Kamel Eddine Fekhar a provoqué une vive colère à Ghardaïa. La communauté mozabite a même organisé des marches nocturnes pour dénoncer notamment les autorités qui ont laissé mourir le militant des droits de l'homme. «Kamel Fekhar daoula qetlatou» (Kamel Fekhar a été assassiné par les autorités) et «Wali dégage !» scandaient des jeunes Mozabites qui ont sillonné la ville dans la soirée de mardi dernier.
Pour sa part, le comité de libération des détenus d'Ath M'zab dénonce, lui aussi, les autorités de la wilaya de Ghardaïa accusées d'être à l'origine de la mort de Kamel Eddine Fekhar. «Après 54 jours de grève de la faim pour protester contre sa détention arbitraire, le Dr Kamel Eddine Fekhar a été laissé à l'abandon dans une cellule carcérale à l'hôpital de Ghardaïa dans un état comateux, sans aucune prise en charge médicale et les pieds ligotés pendant 5 jours avant d'être transféré à l'hôpital Frantz Fanon de Blida dans la nuit du 27 mai», dénonce ce comité dans un communiqué rendu public.
Le comité dénonce aussi les agissements du procureur général de Blida qui a ordonné le transfert de la dépouille mortelle du défunt vers l'hôpital de Ghardaïa, sans l'accord de sa famille qu'il a refusé de recevoir.
«C'est sur ordre du procureur général de la cour de justice de Ghardaïa que Kamel Eddine Fekhar a été arrêté le 31 mars dernier pour avoir dénoncé, sur sa page Facebook, l'injustice et le racisme pratiqués à l'encontre des activistes du M'zab dans les tribunaux et les prisons», explique le comité, accusant aussi le juge d'instruction qui «a placé le Dr Fekhar en détention sans avoir examiné son dossier et sous pression du wali de Ghardaïa». Ce comité réclame ainsi «des poursuites judiciaires contre tous les responsables impliqués dans cette mort programmée de Kamel Eddine Fekhar».


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