Dans la relation entre l'Algérie et l'Union européenne, la dimension
économique est dominante. Au plan politique, ainsi que l'indiquait récemment
une source membre de la délégation algérienne, présente depuis hier au
Luxembourg, pour le 5ème conseil d'association, les choses sont officiellement
au beau fixe. La source en question a souligné que le
dialogue politique entre l'Algérie et l'Europe «se déroule bien» et qu'il «n'y
a pas de gros problèmes». C'est sur ce terrain, devenu il est vrai
particulièrement «calme» ces dernières années, que la Ligue Algérienne pour la
Défense des Droits de l«Homme (LADDH), le Collectif des familles de disparu(e)s
en Algérie (CFDA), la FIDH et Organisation Mondiale Contre la Torture (OMCT)
ont décidé d'intervenir sous forme de «lettre ouverte». Une «intrusion» qui
critique la situation des droits de l'homme en Algérie et reproche à l'Union
européenne de ne pas trop s'y intéresser. La «lettre ouverte» exprime ses
«vives préoccupations» sur la situation des droits de l'homme en Algérie et
rappelle à l'Union européenne que la «réalisation effective des droits de
l'Homme est non seulement une priorité de la politique extérieure de l'Union
européenne (UE)».
Dressant un tableau critique de
la situation des droits de l'homme et des libertés syndicales en Algérie, les
organisations concernées reprochent, implicitement à l'Union européenne,
d'occulter les aspects politiques et notamment ceux relatifs aux droits de
l'homme. Les organisations des droits de l'homme ont souvent critiqué le fait
que l'article 2 de l'accord d'association ne se traduise pas de manière
effective et soit relégué au second plan par rapport aux relations économiques.
Pour rappel, l'article 2 en
question dispose que «le respect des principes démocratiques et des droits
fondamentaux de l'Homme, tels qu'énoncés dans la déclaration universelle des
droits de l'homme, inspire les politiques internes et internationales des
parties et constitue un élément essentiel» de l'accord d'association.
L'état d'urgence «ne respecte pas le principe de nécessité»
Le maintien de l'état d'urgence en Algérie figure en tête des reproches
des ONG. Non seulement le maintien de l'état d'urgence «ne respecte pas le
principe de nécessité», est «contraire à la Constitution algérienne» mais,
ajoutent-elles, il est «régulièrement utilisé pour restreindre l'exercice des
droits de l'Homme en Algérie et notamment pour entraver l'exercice effectif de
la liberté de réunion et de manifestation pacifique des organisations non
gouvernementales indépendantes». Les ONG évoquent également un rapport sur la
«mal vie en Algérie» et dénoncent un contexte algérien de misère économique et
sociale «d'un peuple vivant dans un pays doté de richesses et de ressources
naturelles considérables». Selon eux, la situation est imputable à une
«corruption généralisée» et à une «inégale répartition des richesses ». La
répression menée contre les mouvements sociaux est critiquée. La
manière dont les grèves ont été réprimées «montre que les libertés syndicales
et le droit de grève sont en danger en Algérie» indiquent les auteurs de la
lettre. Dans un message qui s'adresse surtout à l'Union européenne, les ONG
s'inquiètent de «l'absence de définition d'objectifs concrets concernant les
droits de l'Homme dans le cadre des relations UE-Algérie». Ils craignent qu'en
l'absence d'un «cadre de coopération permettant l'identification de réformes
indispensables en matière de droits de l'Homme et de démocratie, le
développement des relations entre l'UE et l'Algérie ne parvienne pas à
contribuer à l'amélioration de la situation des droits de l'Homme en Algérie».
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Posté Le : 16/06/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : M Saadoune
Source : www.lequotidien-oran.com