Algérie

Des nuits trop courtes



Le moins que l'on puisse dire, c'est que cette année, canicule aidant, les gens ne sont pas «très en forme». Généralement, à chaque venue du mois sacré, les gens manifestent, au moins une semaine à l'avance, des signes d'enthousiasme… En fait, c'est surtout l'ambiance qui se crée en ce mois, celle de sortir le soir jusqu'aux aurores, celle de se retrouver entre copains à la terrasse d'un café, sirotant du thé et dégustant de la bonne «chamia»… de sentir, aux alentours de minuit, l'odeur du café un peu partout au centre-ville ! C'est surtout de cette ambiance que les gens sont très friands. Hélas, pour ce qui est de cette année, avec cette chaleur suffocante qui vire à l'insoutenable, les gens n'ont pas l'air d'être enthousiasmés plus que cela par les sorties. D'abord, il faut savoir que leurs soirées ramadanesques sont bien courtes. Dans le temps, c'est-à-dire il y a de cela à peine quelques années, le «f'tour» était aux alentours de 18h et, du coup, dès 20h, les gens étaient déjà dans les rues. Pour cette année, vu que c'est à 20h précisément le moment de rompre le jeûne, ce n'est qu'à partir de 22h que les gens se mettent à sortir dans les rues. Et faut dire aussi que c'est au «compte-gouttes» qu'on les compte, en ces premières soirées de Ramadhan. «C'est triste, mais on n'y peut rien, nous avait-on confié, la venue du Ramadhan en cette saison fait qu'on a l'impression d'avoir perdu les deux à la fois, et l'ambiance de la saison estivale et celle du Ramadhan. Et cela va être ainsi pendant au moins cinq ans !» Un autre, abondant dans ce sens, nous a déclaré que ce qui «plaisait», quand le Ramadhan se pointait, à titre d'exemple, au mois de novembre, c'est précisément de «sortir dans les rues en endossant des manteaux et des bonnets, cela faisait le charme, parce qu'en temps ordinaire, sauf pendant l'été, les gens ne sortent pas le soir !»

Il faut savoir aussi que si on fait un bref petit tour en ville, rien n'a été fait afin de tenter de «booster» l'ambiance ramadanesque, ou du moins tenter de la rendre attractive. Certes, on peut toujours déceler quelques terrasses de cafés pleines à craquer, mais cela n'est rien par rapport à ce que les Oranais ont l'habitude: dans le temps, l'engouement que créait le Ramadhan était tel que les principales artères du centre-ville, que ce soit la rue Larbi Ben M'hidi ou encore le boulevard de l'ALN (Front de mer), étaient fermés à la circulation pour devenir des zones piétonnes. Il n'en est encore rien cette année, à part une expérience du même genre qui sera tentée à Choupot à partir de jeudi prochain et pendant trois jours.

 Il ne reste plus qu'à espérer que cette sorte de «mollesse» se dissipe assez rapidement, et qu'aux prochaines soirées, l'ambiance ramandhanesque revivra.




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