Algérie

Des nouvelles à vocation littéraire et historique


Des nouvelles à vocation littéraire et historique
La particularité de ce recueil est de porter une coloration algérienne des temps anciens pour donner aux lecteurs l'envie d'en savoir plus sur les origines de l'émigration algérienne en France et la mémoire collective.Leila Sebbar, elle-même, est née d'un métissage des cultures, par son père algérien et sa mère française. Cette femme de lettres a une longue expérience en littérature et possède parfaitement sa langue d'écriture, cela se voit lorsqu'on la lit. Ses pages sont agréables et enrichissantes. Lorsqu'elle compose une nouvelle, elle le fait sur la base de la définition selon laquelle ce genre de récit est un roman en miniature qu'il soit de type historique, psychologique, polyphonique, naturaliste ou autre. L'auteur en fait un genre narratif qui véhicule des traditions ainsi que des pans importants de l'histoire de la société. Des personnages et lieux historiques Ils portent des marques d'un passé glorieux, une identité, des références à fortes connotations. Dans la première nouvelle intitulée «Louisa» est portant comme une sorte d'épitaphe, on est transporté dans une situation précise dans le temps, celle du soulèvement de 1870, des déportations en nouvelle Calédonie ou à Cayenne, El Mokrani et ses compagnons. Tout a été écrit à la 3e personne du pluriel ou du singulier, avec des personnages et lieux historiques présentés dans un espace d'écriture s'inscrivant dans le texte littéraire réalisé par une femme qui en a une réelle maîtrise. «On ne les conduisait pas en pays ennemi, ils avaient de la chance, pas comme les Mokrani envoyés dans cette île à l'autre bout du monde à La Nouvelle Calédonie ». On a l'impression que l'auteur n'a pas suivi l'ordre chronologique, mais de trompons-nous ! Cette nouvelle comme les autres qui ont suivi : «Zizou l'Algérien», «La Santé», «La tresse», «Le baiser», «Ecoute le bruit de l'eau», «La vieille de la montagne», «Noyant d'Allier, «Le bain maure», «Safia La rouge, la Blanche et la Noire», «Ecrivain public», une douzaine au total, où le thème principal est noyé dans un ensemble bigarré d'histoires. Dans «Louisa», c'est ce personnage féminin qui en est le thème principal. Cet acteur principal est présenté dans ses différentes péripéties qui la préparaient à devenir un objet de désir et une esclave des tâches domestiques, mais tout se termine bien pour elle. Le vocabulaire et les temps utilisés ne sont pas de nature à faciliter la compréhension. A titre d'exemple, on a trouvé : Louisa à 7 ans, mais plus loin, Louisa est née. Cela prête à confusion si on n'a pas saisi la nuance qui renvoie à l'idée de personnage arrivé à un âge, pour servir dans un décor historique dans lequel on a associé la Corse à la Kabylie, aux Hauts Plateaux, au camp (signifiant camp militaire). Louisa a atteint l'âge de 13 ans et en vertu des traditions ancestrales, son destin lui impose le mariage. Dans la maison des femmes, Louisa est enfermée dans une citadelle sur les Hauts Plateaux. Puis, tout est tombé à l'eau et point de mariage pour Louisa qui recouvre sa liberté facteur d'épanouissement. En l'espace des 13 ans de Louisa, l'auteur nous a fait faire un voyage dans le temps et l'espace, en Algérie. Un style qui rend bien la beauté du contenu Nous en avons des preuves certaines dans la nouvelle «L'écrivain public», située en 2e position dans la table des matières. La première page porte en haut cette épigraphe bien choisie : «Pour Isabelle Eberharat et Augustin». La 1ère est une aventurière d'origine russe, femme de lettres intégrée à la société algérienne traditionnelle dans le Sud. Elle a été emportée par les eaux d'un oued en crue sous un orage inattendu à Aïn Sefra où pourtant il ne pleut qu'une fois dans l'année. Quant à Augustin, il faut le situer aussi dans l'histoire, le 4e siècle de l'ère chrétienne celui de Saint Augustin évêque d'Hippone. Dans «Ecrivain public», on a relevé ce trio beau passage à retenir pour la situe de la nouvelle : « Dans la sacoche que son frère Augustin a cousue (il faut comprendre le frère du patron de café cité précédemment) à larges points grossiers (les plantes exotiques que Vava étudiait ne l'intéressaient guère, il préférait les livres et le haschisch, un jour il partirait), Isabelle transporte le papier récupéré dans une vielle imprimerie de Marseille, l'encrier et les porte-plumes qu'elle collectionne, buis gravé, ivoire, ébène, verre torsadé. Puis, un peu plus loin, on trouve ce début de paragraphe assez significatif : jusqu'au bout du désert et dans l'oued en crue, ils auront été ses complices. Ils ont disparu.» Leila Sebbar a ce don de narrer en marquent la liaison entre passé et présent, un passé qui des fois, remonte à des millénaires en arrière. Elle rappelle les écrivains qui se sont fait la spécialité de faire dialoguer des personnages incarnant des hommes et femmes de lutte ou de plume ayant vécu à des siècles différents. Cependant, ses nouvelles sont d'un style à la fois rigoureux, accessibles à tous les publics et qui met en relief des faits historiques, des traditions anciennes pour le contraste frappant avec la vie moderne. L'idéal serait de lire toutes ses nouvelles pour mettre en évidence toutes les variantes et constantes. Travail en perspective. Leila Sebbar, Ecrivain public, nouvelles, Ed. Bleu autour, 172 pages, 2012


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